Le bruit résonna dans toute la pièce et m'emplit d'horreur. Un mort. Une fois de plus. Combien encore périront? Je fermais les yeux, secouant la tête pour chasser ces questions. Je m'éloignais légèrement de Gautier et lui chuchotais:
- Qui est, ce Yoichi Akatsuki?
- Je n'en sais rien, je n'ai jamais entendu mon père parler de cette personne.
- En tout cas il n'a pas l'air de beaucoup l'apprécier.
Gautier soupira. Il me lança un regard triste.
- Il n'aime personne.
Suite à ces paroles, je ne pus me retenir de prendre le jeune homme dans mes bras. Il posa sa tête au creux de mon cou en me remerciant. A ce même moment, le Milliardaire se relevait, époussetant sa veste de costume. Des hommes s'affairaient autour du cadavre. Ils le transportèrent puis essuyèrent le sang. Ensuite, ils se retirèrent comme si aucun meurtre n'avait eu lieu.
- Relève-toi, ordonna-t-il durement à son frère qui tentait d'arrêter l'hémorragie de sa blessure, s'étant fait un garrot avec un stylo et un bout de tissu.
Il obtempéra pourtant, masquant une grimace de douleur, il se releva s'appuyant sur la table métallique. Léopold pianota quelques secondes sur le clavier avant d'annoncer:
- Elle est prête.
Pierre ne put contenir un cris de joie. Il s'empara de la boîte et se dirigea vers la sortie. Le Milliardaire, s'arrêta sur le seuil de la porte puis se tourna vers nous:
-Gardes, emmenez-moi ces quatre là dehors, je veux qu'ils assistent à ma prise du pouvoir.
Cinq homme de la sécurité arrivèrent en courant, ils nous conduirent, Gautier, les Nelerdson et moi à la suite de Pierre.
Nous traversâmes le couloir dans lequel se trouvaient les cellules, puis, descendîmes un escalier. Enfin, nous débouchâmes à l'air libre. Je fermais les yeux devant l'intensité de la luminosité. Puis les rouvris en soupirant. Le Milliardaire marchait à grands pas précipités. Il monta dans une camionnette. Nous fûmes poussés par les gardes à l'arrière. Au volant, Léopold tentait d'ignorer l'impatience de son frère. Pierre gigotait dans tous les sens, la bombe serrée contre son torse.
Nous passâmes devant un panneau en triste état, il indiquait Sartène. J'avais entendu parlé de cette ville située dans la région Sud Corse. Une guerre civile avait éclatée en son sein il y a plus de vingt ans. Depuis, un grand désert qui s'étend sur des kilomètres remplace la civilisation qui se trouvait ici. Ce paysage illustrait bien les dégâts occasionnés par le Milliardaire.
La voiture s'arrêta sur une dune de sable. Pierre se jeta dehors avec sa création, se vêtit d'une combinaison qui ressemblait à celle d'un astronaute; puis posa la bombe sur un piédestal. Quant à nous, nous fûmes tirés à l'extérieur. Hélène avait une tête épouvantable: deux immenses cernes noires se situaient sous ses yeux, ses cheveux gras étaient en bataille et tous ses membres tremblaient sous le manque d'énergie. Je devais être exactement pareil. En tout cas John Nelerdson était dans le même état. J'espérais que ma sœur irait bien à son réveil. Gautier à ma gauche brûlait de rage mais aussi de désespoir, comme nous tous d'ailleurs.
- Enfin! Plus personne ne peut m'arrêter maintenant!, s'écria le Milliardaire.
Il leva les bras au dessus de sa tête, sourit satisfait puis rigola, d'un rire démoniaque. Du plus profond de mon âme je haïssais cet homme et espérais sa mort. Celui-ci avait fait de la France et de la Corse un enfer, privant (comme son père avant lui) des personnes de logements, d'argent mais aussi de vie. Gautier devait penser comme moi car lorsque le Milliardaire s'approcha de lui, il ne put retenir un crachat.
- Mon cher fils, je suis heureux que tu sois là pour assister à l'exécution de mon fabuleux projet.
- Pas moi!, rugit le jeune homme en cherchant à le frapper mais, le garde le tenait fermement.
Pierre l'ignora, puis, en essuyant la bave qu'il avait sur la joue il vint vers moi.
- Ma chère Morgane, j'espère que tu culpabilises, ta mère adorée a essayé en vain de t'éloigner de moi!
- Connard, dis-je poings serrés. La haine bouillonnait dans mon sang.
Il sourit de toutes ses dents.
- Je sais.
Pierre regarda les Nelerdson avec dégoût et s'avança vers son frère pour voir où il en était. Le Milliardaire lui murmura quelque chose d'inaudible et celui-ci pâlit en s'évertuant à reculer mais Pierre tenait fortement son bras. Je fixais la scène effrayée sentant qu'un événement imprévu allait se produire. Notre geôlier sortit de sa ceinture un poignard au pommeau vert et transperça violemment la poitrine de son frère qui tomba au sol dans un gémissement.
- Adieux mon frère, lança-t-il hautain.
Aucune émotion ne se peignait sur son visage. Je ne me retins pas de l'injurier: ses actions étaient infâmes.
Léopold se vidait lentement de son sang sur le sable devenu écarlate. Comme si cela ne suffisait pas à l'achever, le Milliardaire enfonça l'arme dans sa jambe où se trouvait sa récente plaie. Léopold cria puis ses traits se figèrent, son teint devint blafard.
Pierre frotta ses mains l'une contre l'autre et déclara content:
- Un abruti inutile en moins.
- Non il en reste un, déclara Gautier furieux.
Notre petit groupe acquiesça. John fixait Pierre avec dégoût et Hélène pleurait, elle devait être épuisée par tout cela. Je restais statique, essuyai avec rage la larme qui avait coulé le long de ma joue. Se détournant de nous notre geôlier activa la bombe. Celle-ci s'illumina passant du bleu au rouge et du rouge au vert. J'attendais angoissée quand, soudain, elle explosa en une lumière aveuglante libérant une multitude de particules radioactives, qui, se mêlèrent à l'air. Je regardais impuissante, sonnée et déçue: le Milliardaire avait gagné.
Lorsque je respirai une particule, mon esprit se brouilla, je me sentis tanguer et comme tous mes compagnons, je finis par m'évanouir.
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Morgane: Passé: Tome 1
Science FictionDes secrets, des trous de mémoires, des non-dits, voilà ce qui rime la vie de Morgane, une jeune fille de 17 ans. Son enfance? Elle ne s'en souvient pas. Son père? Elle ne l'a jamais vu. Une rencontre va tout changer. Elle va se lancer dans une g...