Chapitre 28

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-Pdv Morgane-

Je respirais l'air frais en me cachant derrière mes lunettes de soleil afin de ne pas être reconnue. Je savais qu'elles ne pourraient pas vraiment me cacher. Partout sur les murs on avait affiché de nombreux avis de recherche de Gautier, Maurine et moi, précisant : « Enfants en fuite, si vous les voyez, prévenez la police ». Nous passâmes vite, tête baissée, devant eux. John nous fit nous arrêter dans le coin sombre d'une ruelle.

- Nous allons attendre ma cousine ici.

- Ecoutez, nous n'avons vraiment pas besoin de votre aide; nous nous débrouillerons très bien seuls, dit Gautier.

- Ah oui, vraiment ? Où dormirez-vous ? Les gens dans la rue vous reconnaîtront tout de suite.

Alors que le fils du Milliardaire allait répliquer, poings serrés, je m'interposai, posant une main sur son épaule.

- Gautier, nous avons besoin de leur aide;

Il me lança un regard noir, se détourna de John en fronçant les sourcils. Je jetai un coup d'œil désespéré à Maurine qui haussa les épaules de façon compatissante. Je soupirais car le comportement du fils du Milliardaire m'énervait ; nous avions besoin de l'aide des Nelerdson. John faisait les cent pas, tandis que ma sœur jouait avec Follower et que Gautier boudait dans son coin. Je me posai à côté de lui et lançais:

- Sois raisonnable, arrête un peu de faire la tête comme un enfant.

- Non, nous ne les avons jamais vus et ce n'est pas parce qu'il prétend connaître ton père que c'est vrai !, s'écria-t-il assez fort pour que John entende.

Je ne répliquai rien trop agacée par son humeur tranchante et paranoïaque. Mais, je n'avais rien à ajouter, il avait quand même un peu raison. Hélène arriva dans la ruelle, embrassa son cousin et nous fit signe de la suivre.

 Nous traversâmes des rues pavées, sans aucun signe de vie. Il y avait des charrettes laissées sur les bas-côtés, ainsi que des boutiques abandonnées. Je regardai autour de moi, surprise de ne croiser personne et aussi de ce lourd silence qui régnait. La cousine de M. Nelerdson nous conduisit vers un manoir contemporain du 20ème siècle.

- Où est passé toute la population?, demanda Maurine, alors que nous pénétrâmes dans une allée bordée d'arbres et de cailloux.

- Ils doivent être sur la grande place. Depuis que des habitants de Sumfort se sont « révoltés » contre le Milliardaire en campant devant chez lui, chaque mercredi, un appel à la population nous tient au courant de ce qu'il se passe dans la capitale, annonça Hélène en entrant dans le manoir.

Elle nous installa dans un petit salon avec un vaste canapé blanc, une table en verre et une grande cheminée. 

- Cela lui apprendra à être aussi égoïste, lui et sa famille, rigola John.

Brusquement, Gautier se leva de son siège, serra si fort les poings que la jointure de ses phalanges devint blanche et s'en alla en claquant la porte d'entrée.

- Bah qu'est-ce qui lui prend ?, interrogea M. Nelerdson, alors qu'il le savait très bien.

- Vous n'auriez pas put vous retenir!, m'écriais-je, en colère contre l'envoyé de mon père. Toute la famille de Pierre n'est pas comme lui ! Gardez vos insultes pour vous. 

Je sortis à mon tour en admirant la décoration de la maison : les couloirs étaient tapissés d'anciens papier-peint et de grandes poutres barraient les plafonds. J'aperçus Gautier qui jetait brutalement des cailloux par terre. Je décidais d'aller lui parler et quittais le manoir en ignorant les Nelerdson qui m'appelaient. Le fils du Milliardaire se retourna vers moi une pierre à la main. Je m'assis sur le banc derrière nous pour lui parler calmement :

- Désolée pour ce que John a dit.

Il fixa ses pieds hésitant longuement avant de prendre place à mes côtés.

- Tu n'as pas à être désolée à sa place, cet homme est un abruti!

Il lança la pierre qui atterrit au loin, dans un bruit sourd.

- Calme-toi, d'accord ?

- Oui, mais, qu'ont-ils tous à nous mettre dans le même sac, mon père et moi ? Tu m'as dit que nous étions différent, donc, pourquoi ?!, ses traits se durcir et une tristesse infinie se lut dans ses yeux. 

- Les gens détestent le Milliardaire et ils ne te connaissent pas, repris-je pour le réconforter. Du coup, ils pensent que tu es comme lui ; mais je t'assure que c'est faux et puis, il y a plusieurs citoyens qui te préfèrent à Pierre. John a dit ça pour te mettre en colère.

Une fois que j'eus finis je le pris dans mes bras pour le réconforter.

- Merci, soupira-t-il dans mes cheveux. 

- Je t'en prie.

Gautier posa alors, sa tête sur mon épaule. Nous restâmes comme cela un moment, silencieux, avant de rentrer.

 Dans le salon, assisses sur le canapé, devant la télé, ma sœur et Hélène jouaient aux cartes, pendant que le chien dormait aux pieds de M. Nelerdson qui lisait un magazine people à côté de la cheminée. La une titrait : « Le fils du Milliardaire en fuite ». Je le lui pris des mains pour le montrer à Gautier qui interrogea étonné :

- Comment le savent-ils ? A Sumfort personne n'était au courant, on se serait fait arrêter sinon!

- Ton père les a prévenus, annonça John.

- Mais pourquoi ?, demanda Maurine, qui avait stoppé sa partie.

- Sur l'article, ils écrivent que dans le but de calmer le soulèvement du centre, il a parlé de ta fugue aux citoyens, expliqua M. Nelerdson.

- Nous devons absolument trouver l'hypnotiseur, déclara ma sœur. Avez-vous un ordinateur ?

- Oui, répondit Hélène.

Elle se leva pour aller le chercher et le posa sur la table basse située devant le canapé. Gautier, Maurine et moi, nous nous regroupâmes autour de l'appareil. Ma jumelle l'alluma puis tapa dans le moteur de recherche : « George Ramiti ». Une page Google s'ouvrit et nous indiqua les coordonnées suivantes : « Adresse : 4 rue de Lacart à Calvi dans Balagne en Corse, Tel Fixe : 04.66.18.39.52 ». ( ce ci est un faux numéro et une fausse adresse)

- Nous devons absolument aller le voir avant que la police ne nous trouve, lança ma jumelle.

- Oui, c'est le plus important, acquiesçais-je.

- Nous le ferons demain, il se fait tard, bailla Gautier.

- Si vous le voulez bien, nous vous aiderons, proposa John.

- Non merci, refusai-je en regardant Gautier, qui esquissa un sourire reconnaissant.

Nous montâmes chacun dans notre chambre, après avoir mangé un sandwich. Le chien me suivit et s'allongea sur le lit deux places à mes côtés. Je regardai le plafond bleu ciel, en pensant à ce père inconnu, qui me semblait difficile à trouver. Ma mère m'en avait vaguement parlé quand j'insistai fortement. Il était maçon et fabriquait divers objets ; elle m'avait aussi dit que c'était un homme calme, honnête et travailleur. Je m'endormis, en essayant d'imaginer le visage de mon paternel.

« Le soleil effleura mon visage de ses rayons lumineux. Je tournais sur moi-même en faisant virevolter la longue robe blanche que je portais. Je me trouvais dans une prairie entourée de hautes montagnes et parsemée de fleurs. Au bord d'un petit lac, j'aperçus une maisonnée qui semblait accueillante. Je sursautai, quand une explosion derrière les sommets brisa le calme de la vallée, me remplissant d'effroi. Des cris effrayés retentirent... »

Morgane: Passé: Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant