Chapitre 34

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Je hochais la tête incapable de parler. 

- Il s'amusait à m'insérer dans le dos une puce métallique de la même taille que la tienne et à l'enlever en évitant d'endommager mes organes. Il s'entraînait sur moi afin d'être prêt lorsque ce serait ton tour, son ton était sarcastique et plein de haine. 

Je lâchai un cri d'horreur. Pierre était un monstre. J'insultai de tous les noms le Milliardaire. En retour, il me sourit insensible à mes obscénités. Cet homme était le diable incarné, il avait maltraités son fils, il l'avait scarifiés d'horribles cicatrices et il n'allait pas tarder à faire pareil avec moi. Tout cela pour contrôler la planète. 

- Je suis vraiment désolée, je me sentais obligée de présenter des excuses à Gautier. 

Il sourit faiblement, la douleur perlait dans ses yeux bleus. Son garde le lâcha sur les ordres de son paternel. Il se précipita vers moi faisant un bouclier de son corps entre Pierre et moi. Il prit mon visage dans ses mains et me dit: 

- On va s'en sortir Morgane, je te le promets. 

Le jeune homme semblait si sûr de lui. J'avais envie de croire que nous aurions une chance quelconque de nous en sortir, mais moi j'y laisserai sûrement la vie. 

Mon poul s'accéléra et je rougis légèrement quand il embrassa tendrement mon front. Son garde le reprit, Gautier fut attaché à un anneau dans le coin de la salle. Un autre amena ma chère sœur: elle pleurait à chaude larme. 

- Oh Morgane, elle renifla avant de continuer, je t'aime ma jumelle je ne veux pas te perdre. Elle éclata en sanglot, ses jambes tremblaient sous la faim et la tristesse, sans l'homme pour la soutenir elle tomberait. 

- Je t'aime aussi, répondis-je les larmes aux yeux. 

Dimitri attacha ma jumelle à côté de Gautier dans la même position. Je ne pus réprimer un gémissement d'horreur quand un médecin en blouse blanche entra dans la pièce scalpel, ciseaux et compresses à la main. Du coin de l'œil je vis le fils de Pierre remuer et ma sœur se recroqueviller sur le carrelage les joues baignées de larmes. J'imaginais la faucheuse pousser la porte et prendre la place du chirurgien. Le Milliardaire, Lucifer, souriait satisfait; il plaça sur ma nuque des électrodes froides sûrement pour capter la bio électricité de la puce, reliées à l'ordinateur. 

Les deux tortionnaires revêtir sur leurs mains calleuses des gants blancs. 

- Je suis si content ma Morgane, susurra Pierre à mon oreille. 

Je décalai ma tête brusquement, sa proximité me dégoûtait. Mes membres tremblaient de peur, j'étais apeurée, effrayée, terrifiée, horrifiée, terrorisée, épouvantée. 

Un homme aux yeux bruns et aux cheveux noirs que je n'avais jamais vus arriva. 

- Tu es en retard, le réprimanda le Milliardaire. 

- Désolé, cher frère. 

Je ne savais pas que mon geôlier avait un frère. Je ne fus pas étonnée du mépris avec lequel Pierre lui répondit:

- Je m'appelle monsieur. 

- Oui pardon monsieur. 

- As-tu tout ce que je t'ai demandé?, ajouta-t-il glacial. 

- Oui monsieur. 

- Bon eh bien au travail!

Son teint rougi, jamais je n'avais aperçu le Milliardaire aussi stressé et impatient. Il revêtit son masque d'impassibilité tandis que son frère, plus jeune que lui, s'activait sur l'ordinateur. Il sortit de sa poche une petite carte mère qu'il enfourna dans une prise sur le côté de la grande boîte en métal. Des lumières bleues illuminèrent le couvercle où trois trous bien distincts de couleurs différentes se trouvaient. Il y en avait un rouge, un bleu et un autre vert. 

Le frère du Milliardaire s'approcha de Maurine et le médecin de moi, ils nous retirèrent à toutes les deux nos colliers. Ma jumelle ne réagit pas allongée en position fœtale. 

- Rendez-le moi!, hurlais-je décontenancée. 

Pour toute réponse il rit, mais pas d'un rire joyeux, non, d'un rire machiavélique. 

- Léopold, as-tu la copie?

Le frère de Pierre s'appelait donc Léopold, j'enregistrais ce prénom dans un coin de ma mémoire au cas où je survivrais. 

- Oui monsieur. 

- Place-les dans les fentes de couleur. 

 Celui-ci s'exécuta, il plaça mon saphir dans le trous bleus, le rubis de Maurine dans le rouge, et dans la fente verte il inséra un collier d'émeraude. Un petit clic se fit entendre en même temps, sur le côté, un fin tiroir rectangulaire s'ouvrit. 

Le chirurgien s'approcha de moi, néanmoins, ce fut le Milliardaire qui s'empara du scalpel et vint se placer à la droite de l'homme. Pendant ce temps, Léopold pianotait sur l'ordinateur. 

- Vous pouvez y aller monsieur, annonça-t-il. 

Pierre croisa mon regard et sourit :

- Tu es prête Morgane? 

- Enfoiré, dis-je en le fixant avec mépris. La peur que je ressentais était envahissante, incontrôlable, épaisse, mais immobile telle une ombre. 

Une larme coula le long de ma joue.

Je ne voyais pas ce qu'ils faisaient dans ma nuque mais une douleur vive me transperça et je sentis du sang couler le long de mon cou. Je serrais les dents afin d'éviter d'hurler, mais un gémissement traversa mes lèvres sans que je ne puisse l'arrêter. Alors qu'une pince remuait dans ma nuque m'arrachant plusieurs hurlements et larmes je vis des points blancs danser devant mes yeux. J'étais au bord de l'évanouissement tant la douleur était grande, pesante. Je refermais mes doigts autour des bords de la table pour m'éviter de bouger. Je désirais m'enfuir, que le Milliardaire et le médecin me laisse. Je souffrais énormément, j'avais le cerveau tout embrouillé. 

-Pdv Gautier-

C'était une torture. Elle hurlait à l'agonie se vidant progressivement de son sang. Le visage concentré de mon paternel penché sur son corps m'emplissait d'horreur. Mes poignets saignaient car j'avais à plusieurs reprises essayé de me libérer. Ses cris étaient épouvantables, insoutenables pour moi. Tout d'un coup, Morgane s'évanouit, je l'appelais mais en vain, elle demeurait inconsciente sur la table. Pierre laissa la place au médecin qui extirpa minutieusement la puce métallique couverte de sang frais.  

- Je l'ai!, s'écria le Milliardaire.

Je ne pourrais plus jamais considérer cet homme comme mon père, mais comme le meurtrier de mon amie. Léopold prit la puce et l'inséra dans le tiroir. Celui-ci se referma dans un bruit sourd. Morgane était secouée de spasme alors que sa plaie était recousue. 

- Pourquoi ne nous tuez vous pas?, demanda Maurine qui était jusque là restée silencieuse. 

- Ce n'est pas finis ma chère petite...

- Pierre, ça ne marche pas!, le coupa son frère alors que le médecin débarrassait la table d'opération. 

Tout le monde retint son souffle attendant la réaction du Milliardaire. Il se retourna lentement vers Léopold, regarda l'écran de l'ordinateur en marmonnant. Il avait pâlit. Ses doigts couraient avec angoisse sur le clavier. Rien ne se produisit. Il tapa violemment dans l'unité centrale. Un courant électrique s'en échappa.  

Soudain, Maurine hurla la main pressée sur son poignet le visage déformé par la douleur. 


Morgane: Passé: Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant