Gautier et moi sortîmes du couvent laissant Maurine préparer ses affaires. Dès que j'eus perdu de vue ma sœur jumelle, mon cœur se serra. Comment avais-je pu oublier son existence ?!
Nous dîmes au revoir aux religieuses et partîmes visiter le petit village. Il y avait un grand marché où les commerçants vendaient diverses marchandises. Gautier sortit un billet de 100 euros en se dirigeant vers un étal. Je le regardais les yeux écarquillés, horrifiée. Il va se faire repérer ! Les clients s'écartaient sur son passage, fixant son billet. Il s'arrêta devant une femme qui vendait des lunettes de soleil, et, aussi normalement que possible, il en acheta trois paires. Gautier tendit l'argent à la dame qui s'en empara précipitamment. Il revint vers moi me donnant la paire blanche :
- Mets-les.
- Tu aurais pu être plus discret.
- De rien.
Je grognai, agacée et mis les lunettes. Il fit de même en choisissant les noires et rangea les roses dans sa poche.
- C'est pour Maurine ?
- Oui. On passera inaperçu avec.
Je n'y croyais pas beaucoup. Je le suivis à travers la foule qui s'écartait en nous voyant. Super pratique pour passer inaperçus !
- J'aurais peut-être dû prendre un billet un peu moi gros, dit-il honteux.
- Non, tu crois ?, lançais-je railleuse.
Il m'ignora et continua de marcher droit devant comme s'il était sûr de la destination à prendre. Il s'arrêta enfin à la terrasse d'un café, puis, s'installa. Je le fixais essayant de comprendre ce que nous faisions ici.
- Assieds-toi et arrête de me regarder comme si j'avais trois bras !, se moqua-t-il.
Il appela le serveur qui se précipita.
- Bonjour. Vous désirez ?
- Deux cocas, s'il vous plait, répondit Gautier sans me laisser le temps de réagir.
L'homme repartit à l'intérieur du petit bar. Je gardais mon regard posé sur la table, consciente que je n'avais aucune idée de ce qu'était le coca. Il revint avec deux verres remplis d'un liquide marron avec des bulles. Je le remerciai et bus une gorgée de ce mélange.
- Alors ? C'est la première fois que tu viens dans un bar ?
- Non, pourquoi ?, mentis-je, directe.
- Parce que tu fais une drôle de tête devant ton verre de coca, que tu as à peine touché.
- Je n'avais jamais goûté au coca.
- Goûte, tu vas voir, c'est super bon !
Sur ces mots, il s'empara de son verre et avala une grosse gorgée. Je repris à mon tour une goulée de boisson en ignorant le jeune homme qui me faisait des signes de tête encourageants. Le liquide glissa dans ma bouche et je me retins de tousser tellement cela piquait. Mais le goût était bon.
- Alors ?
- Cela peut aller mais ça pique un peu trop.
- C'est à cause des bulles.
Il me sourit et continua de boire dans le silence. Je regardais autour de moi les passants qui vaquaient à leurs occupations sans nous lancer un regard, ce qui était plutôt bon signe. Soudain, une main glissa jusqu'à mon verre et le saisit. Je relevai la tête vers mon compagnon qui me regardait avec un sourire triomphant.
- Tu le veux ?, tentais-je.
- Et toi ?
- Non c'est bon j'ai goûté.
Tout content, il prit mon verre et avala son contenu d'un coup. Puis, il se leva pour aller chercher le serveur et le payer. Je le regardais agir, restant assise sur ma chaise. Il parlait calmement et avec une nonchalance qui m'étonnait.
Gautier revint peu après me faisant signe de partir. Je me levai et le suivis. Il alla acheter de la nourriture chez différents marchands, puis, nous sortîmes de ce village. Les heures tournaient et j'attendais avec impatience 1 h 00 précise, pour, retrouver Maurine devant la tour du couvent. Je m'efforçais de me détendre en marchant, en rond, dans la forêt, dans laquelle on avait monté le camp.
- Tu veux bien arrêter ? Ça me donne le tournis ton manège, râla mon compagnon.
- Bien monsieur, répondis-je d'un ton hautain.
Je m'allongeai sur l'herbe, observai le ciel parsemé de nuages blancs et fermai les yeux, prise de fatigue.
-Pdv Gautier-
Elle arrêta enfin de marcher et s'affala sur le sol. Je continuais de surveiller mon téléphone. Quand celui-ci afficha le numéro de mon père, je le lâchai surpris. L'appareil tomba au sol se cassant. Ensuite, la voix de mon père résonna menaçante dans le bois.
"Ramène-la moi, Gautier. Tu seras chèrement récompensé. Tu pourras monter à la tête du gouvernement plus tôt et tu auras tout ce que tu voudras."
L'appareil s'arrêta sous ces promesses. J'attendis que Morgane réagisse mais elle n'en fit rien. Lorsque je me tournai vers elle je compris qu'elle s'était endormie.
Devrais-je vraiment la lui ramener ? Pourquoi tient-il tant à la récupérer ? Est-ce seulement parce qu'elle est sa fille ?
Je n'eus pas le temps de réfléchir, car déjà, la concernée se réveillait précipitamment me demandant l'heure. Je lui répondis vaguement :
- Il doit être minuit. On devrait commencer à rassembler les affaires.
Elle hocha la tête et prit son sac, le vidant sur le sol. Je continuais à penser à cette décision que je devais prendre. Mettant dans mon sac une lampe, une corde, de l'eau et des pansements de la trousse de secours, je me dis en moi même :
- On verra selon la tournure des événements.
Peu convaincu par ma décision, je suivis Morgane qui s'élançait déjà sur le sentier.
-Pdv Morgane-
Le chemin de pierre était sinistre dans la pénombre de la nuit. Le chant des hiboux dans les arbres me faisait à chaque fois sursauter. J'étais tendue à l'idée que notre plan échoue.
Et si la mère ou une religieuse nous surprenait ? Si Maurine n'arrivait pas à temps ? Si elle se faisait prendre à l'intérieur du couvent ? Si Pierre l'avait déjà attrapée ? Et si, Pierre nous avait retrouvés ?
Je respirai un grand coup essayant de penser à des choses positives. Le sentier se termina devant le grand couvent noir. Il était encore plus lugubre dans l'obscurité. On aurait dit l'énorme cadavre d'un monstre prêt à se réveiller à tout moment. Une fois dans la grande cour, nous nous approchâmes silencieusement de la tour. Un bruit de pas et...
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Morgane: Passé: Tome 1
Science FictionDes secrets, des trous de mémoires, des non-dits, voilà ce qui rime la vie de Morgane, une jeune fille de 17 ans. Son enfance? Elle ne s'en souvient pas. Son père? Elle ne l'a jamais vu. Une rencontre va tout changer. Elle va se lancer dans une g...