Chapitre 8

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On était au beau milieu de la nuit. Orel avait arrêté de compter les heures depuis lesquelles il essayait de dormir. Il se tournait et se retournait dans le canapé, incapable de trouver le sommeil. Il crevait d'envie de sortir du salon et d'aller retrouver Gringe dans sa chambre. Mais il ne devait pas faire ça.

Orel en avait ras-le-bol d'être tiraillé en permanence. Il en avait marre de se battre contre lui-même, contre ses envies. Il voulait parler à Gringe, il voulait le prendre dans ses bras. Alors il n'avait qu'à le faire.

C'était un peu plus facile de prendre ce genre de décision la nuit, quand on n'avait pas directement besoin d'affronter la réalité en face. Mais en tout cas, c'était la nuit, et Orel en avait marre de se prendre la tête. Il se leva du canapé et, sans un bruit, ouvrit la porte de la chambre de Gringe et se faufila à l'intérieur.

Il s'approcha du lit avec précaution et se glissa silencieusement sous la couette. Dans le noir, il chuchota :

- Tu dors ?

Le silence lui répondit. Puis :

- Non.

Orel sourit, à la fois soulagé, et pas soulagé. Gringe se tourna vers lui et tendit le bras pour allumer la lampe de chevet qui était posée par terre. Les deux hommes se faisaient face. Sans un mot, ils s'observaient. Orel aurait pu se perdre des heures entières dans les yeux verts de son « ami ».

- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda finalement Gringe.

- Je veux parler avec toi.

Gringe eut un rire amer.

- Ouais, du fait que tu veux qu'on soit « potes ».

- Non. Enfin oui, c'est de ça que je veux parler, mais... Non, je veux pas qu'on soit « potes ». Enfin, je veux pas qu'on soit seulement des potes.

Gringe écarquilla les yeux.

- J'ai l'impression que t'arrives beaucoup mieux à gérer ça que moi, reprit Orel. Alors, je vais essayer de te parler honnêtement, mais il va pas falloir que tu m'interrompes, ok ?

Gringe hocha la tête et le regarda d'un air interrogateur. Orel laissa son regard se perdre dans le sien, et descendit jusqu'à ses lèvres. Non, il ne fallait pas...

Orel prit une grande inspiration. Si, il fallait. Maintenant, il fallait qu'il assume, au moins face à lui-même, et face à Gringe.

- Ok, alors, je suis désolé. Je suis désolé d'être parti comme ça du lit ce matin, et je suis désolé de t'avoir fait croire que je voulais qu'on redevienne seulement des potes. Je suis désolé de t'avoir rendu triste. C'est pas ce que je voulais. La vérité, c'est que hier soir c'était la meilleure soirée de ma vie, et j'ai adoré me réveiller avec toi ce matin. Mais ça me fait flipper. Genre, vraiment flipper. Voilà.

Orel se tut et regarda Gringe d'un air un peu apeuré. Celui-ci sourit tendrement en voyant son expression et répondit :

- T'inquiète, je comprends. Moi aussi ça me fait flipper.

- Sérieux ?

- Ouais, ça me fait peur de voir que je ressens des trucs pour toi qu'un mec est... pas censé ressentir pour son pote, tu vois.

- ...Genre quoi ? demanda Orel d'un ton innocent.

Gringe sourit. Il s'approcha un peu plus de lui dans le lit et caressa sa joue du bout des doigts.

- Bah genre, j'ai envie de faire ça...

Il laissa son pouce s'égarer doucement sur ses lèvres.

- Et ça...

Il s'approcha et l'embrassa sur la joue.

- Et plein d'autres trucs, souffla-t-il en reprenant sa position initiale face à Orel.

Orel avait le visage rouge brique, et son cœur s'emballait.

- Alors, ça veut dire que je suis pas tout seul, murmura-t-il.

- Non, répondit Gringe en souriant. Et apparemment, moi non plus.

Orel, timidement, s'approcha de son acolyte et enfouit son visage dans son cou, entourant son torse de ses bras.

- Je sais que c'est dur pour toi d'assumer ça, dit Gringe. Pour moi aussi c'est compliqué. Mais je pense qu'il faut pas qu'on se pose trop de questions. Et on n'est pas obligé de laisser voir quoique ce soit aux autres, ça regarde que nous, tu vois. On n'a qu'à laisser les choses se faire, et ça avancera comme ça avancera.

- Je suis d'accord, répondit Orel dans le cou de Gringe, la voix étouffée.

- On dort, maintenant ?

Orel hocha la tête. Gringe se tendit de nouveau et éteignit la lampe. Il entoura Orel de ses bras et resserra sa prise autour de lui.

- Bonne nuit Orel, chuchota-t-il.

- Bonne nuit.


OrelgringeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant