Chapitre 3

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La soirée s'étirait. Orel et Gringe étaient encore affalés sur le canapé, à s'endormir devant un film. Gringe était complètement épuisé et n'avait qu'une envie, aller se coucher, mais sa jambe touchait celle d'Aurélien. Par mégarde, sûrement. En tout cas Orel ne l'avait pas enlevée, et Guillaume n'avait pas envie de rompre le contact.

Il gardait son téléphone serré dans sa main, espérant qu'il vibre. Il attendait désespérément la réponse d'Alexandra au message qu'il lui avait envoyé il y avait plus d'une heure maintenant.

« Tu me plais vraiment... » avait-il écrit. Elle ne lui avait pas répondu. Il stressait, tournait et retournait son téléphone dans sa main. Il ne devait pas lui plaire. Ça se trouve, elle s'en foutait de lui. Mais ce n'était pas l'impression que donnaient ses sms.

Ça lui arrivait rarement, à Gringe, de s'intéresser autant à une fille qu'il n'avait jamais vue. Jamais, en fait. Il voulait toujours savoir à quoi ressemblait la fille. Il jugeait un peu trop sur le physique. Mais de la part d'un mec qui ne recherchait la plupart du temps que des relations purement physiques, c'était plutôt normal.

Mais cette fille-là lui plaisait vraiment. Elle avait tout. Tout ce qu'il pouvait rechercher chez quelqu'un. Elle était drôle, sympa, attentionnée, ils s'entendaient à merveille, elle le comprenait. Et en fait, surtout, elle lui faisait penser à quelqu'un.

Il ne pouvait pas vraiment ignorer les ressemblances qu'il y avait entre cette fille et Orel. Et si elle lui plaisait justement parce qu'elle ressemblait à son ami ? Il n'aimait pas trop penser à cette éventualité.

Soudain, il sentit la jambe d'Orel s'éloigner de la sienne. Il se tourna vers lui.

- Je vais me coucher, dit Orel en se levant avec un bâillement.

- Ah, ok, répondit Gringe, un peu déçu. Bonne nuit.

S'il avait pu dormir sur ce canapé toute la nuit, la jambe d'Orel contre la sienne, il l'aurait fait avec plaisir. Il soupira. Qu'est-ce qui lui prenait d'avoir des pensées comme ça ?



Orel claqua la porte de sa chambre derrière lui, enleva son jogging et s'enfouit sous sa couette dans le noir. Il récupéra son portable, répondit à un ou deux sms, puis le reposa sur la table de nuit et s'empara du deuxième téléphone, sous son oreiller. Le téléphone secret.

Il avait un message.

« Tu me plais vraiment... » était-il écrit.

Orel sourit.

Ça faisait plusieurs semaines qu'il avait récupéré ce deuxième portable et qu'il envoyait des messages à Gringe en se faisant passer pour une meuf qui se serait trompé de numéro. « Alexandra ». Au début, c'était juste pour faire une bonne blague. Il pensait jouer la comédie quelques jours, chauffer Gringe par sms, puis lui avouer la blague et se foutre de sa gueule.

Mais il avait laissé le jeu se prolonger un peu trop longtemps. Beaucoup trop longtemps, même. Il aimait bien ces conversations ambiguës par sms avec son ami. Il aimait bien ce nouveau Guillaume qu'il découvrait, qui était charmeur avec lui, taquin. Il attendait tout le temps ses sms sans vraiment se l'avouer.

Il se demandait si Gringe l'avait cramé. Dans sa tête à lui, c'était évident. Il espérait, et n'espérait pas, que Guillaume s'en rende compte. Mais il avait l'impression qu'il y avait des sous-entendus dans toutes leurs conversations par sms. Il avait l'impression qu'au fond de lui, Gringe savait bien à qui il parlait.

OrelgringeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant