Chapitre 14

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Dès qu'ils furent arrivés à l'appart, Orel, épuisé, alla s'allonger sur le canapé. Gringe s'assit sur le bord, face à lui. Leurs cuisses se touchaient. Aucun des deux ne parlaient. Leurs yeux s'évitaient.

- T'as des explications à donner, dit finalement Orel.

- Toi aussi, il me semble. T'étais venu à l'Embuscade pour une raison, non ?

- Toi d'abord.

Gringe soupira. Il regarda Orel dans les yeux. Il savait qu'Orel était conscient qu'il avait répété ce discours des millions de fois au moins. Et il se doutait que le caennais devait avoir l'impression d'être comme toutes les autres meufs qu'il avait embobinées... Mais c'était pas le cas. C'était tellement pas le cas. 

Il lui prit la main, plongea son regard dans le sien et essaya d'y faire transparaître toute la sincérité dont il était capable.

- Je suis désolé. J'aurais pas dû draguer cette fille. J'avais un peu trop bu, tu venais pas, j'avais l'impression que tu t'en foutais de moi. Alors j'ai dragué cette fille. Mais elle représentait absolument rien pour moi.

- Le nombre de fois où t'as dû sortir cette excuse toute faite à tes meufs...

- Mais je te jure que c'est la vérité, insista Gringe en serrant la main d'Orel plus fort dans la sienne. Je te promets. T'es pas comme les autres. Tu représentes tellement plus pour moi. J'ai fait ça parce que je pensais que t'allais me rejoindre, et que tu l'as pas fait... Ou en tout cas, t'as mis du temps.

- Oui, je suis désolé... Il fallait que je réfléchisse.

Gringe desserra légèrement la pression sur la main d'Orel.

- Et... T'étais venu me dire quoi ?

Orel se redressa en position assise. Le cœur de Gringe rata un battement. Son visage était vraiment tout près.

- Je voudrais m'excuser aussi, parce qu'en te voyant avec cette meuf au bar j'ai compris ce que t'avais probablement dû ressentir par rapport à moi et Ahélya... Je me rendais pas compte d'à quel point ça avait dû te souler.

Gringe était en train de se perdre dans les yeux de son ami. Il arrivait à peine à parler.

- Ça... ça t'a vraiment soulé tant que ça de me voir avec elle ?

Orel eut un demi sourire, teinté d'une légère tristesse.

- Oui... J'ai eu l'impression que tu t'en foutais de moi.

Gringe secoua la tête et serra sa main un peu plus fort dans la sienne.

- Ça, tu sais très bien que c'est pas le cas. Les questions, c'est plutôt dans l'autre sens que je me les pose.

Orel regarda son ami dans les yeux. Il savait qu'il se posait des questions. Et cette fois, il allait lui répondre sincèrement. Il prit une grande inspiration et répondit :

- J'étais venu te dire que maintenant, je vais assumer ce que je veux. J'ai des sentiments pour toi. Des vrais sentiments. Et ça fait longtemps que j'en ai. C'est pas juste une passade. Je veux pas qu'on redevienne seulement amis, et je veux pas qu'on soit entre les deux, genre deux potes qui se font des câlins et qui dorment ensemble de temps en temps. Je veux... Je veux plus. Je te veux toi.

Le cœur de Gringe menaçait d'exploser dans sa poitrine. Orel, tout penaud et gêné par sa déclaration, baissa les yeux et se mordit la lèvre. Ce fut le coup de grâce pour Gringe.

Franchissant les quelques centimètres qui les séparaient, il plaqua ses lèvres contre celles d'Aurélien. Celui-ci, surpris, ne mit pourtant pas longtemps à réagir. Sa main vint se poser sur la nuque de Gringe et pressa davantage son visage contre le sien.

Gringe savourait les lèvres d'Aurélien sur les siennes. Depuis le temps qu'il en avait envie. Depuis le temps qu'il se posait des questions. Orel venait enfin d'y répondre : lui aussi, il avait envie qu'ils soient ensemble.

Les lèvres d'Orel s'ouvrirent, leurs langues se mêlèrent passionnément. Les mains de Gringe s'aventurèrent sur le torse de son amant, et ils s'allongèrent doucement sur le canapé, sans interrompre leur baiser.

Gringe pressait son corps contre celui d'Orel, il sentait avec délice les mains de celui-ci caresser ses épaules, son dos, ses hanches, voguer vers son torse, puis revenir sur ses joues. Ils interrompirent leur baiser quelques secondes pour reprendre leur souffle, et se regardèrent dans les yeux. Leurs lèvres étaient rouges et humides, leurs yeux brillants, leurs respirations saccadées.

Gringe se perdait dans le regard d'Orel. Il se demandait si celui-ci se rendait compte de l'effet de dingue qu'il lui faisait rien qu'en le regardant. Mais ce qu'il ignorait, c'est qu'Orel était exactement dans le même état que lui.

Gringe se pencha et enfouit sa tête dans le cou du caennais, embrassant doucement sa peau tendre. Aurélien leva le menton, dévoila davantage son cou. Gringe sourit et descendit lentement en effleurant la peau de ses lèvres, jusqu'à la clavicule, dont il mordilla la peau fine. La main d'Orel vint se perdre dans ses cheveux. Gringe frissonna.

Il remonta, s'accapara de nouveau les lèvres d'Aurélien, qui l'accueillit avec plaisir. Leurs langues se joignirent dans une danse enflammée. Gringe plaquait son torse contre celui d'Orel, tremblant de désir. Il aventura sa main sous le t-shirt de son amant, parcourut la peau chaude de son ventre, de son torse. Il entendit Orel gémir sous lui.

Son érection était de plus en plus dure, presque douloureuse. Il sentait celle d'Orel contre le haut de sa cuisse. Son corps entier fut parcourut d'un courant électrique quand elles se touchèrent à travers le tissu de leurs joggings.

Il gémit contre la bouche d'Orel. Celui-ci respirait fort.

- Gringe... attends, haleta-t-il en détachant ses lèvres de celles de son acolyte.

Le basané le regarda d'un air impatient.

- Quoi ?

- Je... J-Je... Je crois que je suis pas prêt, bafouilla Orel.

Gringe tomba des nues. Merde. Il était excité comme jamais, et il pensait qu'il n'y avait pas de problème pour Orel de ce côté-là, comme c'était lui qui avait pris les devants, la dernière fois.

- Je sais que c'est moi qui voulais aller plus loin la dernière fois, mais je... J'ai réfléchi, depuis... Et je crois que je suis pas prêt... Il me faut plus de temps...

Gringe gémit de frustration.

- Tu te rends compte dans quel état tu me mets, là ? T'as pas le droit de me chauffer comme ça et ensuite de me dire que t'es pas prêt, c'est pas humain !

- Je... Je suis désolé... balbutia Orel, tout penaud.

« Bordel, il est trop mignon. » Gringe ne pouvait pas s'empêcher de le penser. Il était beaucoup trop adorable, avec ses yeux tristes et sa petite moue désolée. Gringe dut se faire violence pour ne pas l'embrasser. S'il l'embrassait encore une fois, il ne pourrait plus se retenir.

- C'est bien parce que c'est toi, soupira Gringe.

Il se redressa, et fit signe à Orel qu'il voulait s'allonger sur le canapé. Ils échangèrent de position, et le caennais se cala confortablement sur le torse de son amant, la jambe par-dessus la sienne.

Guillaume devait user de toute la force de sa volonté pour réprimer les idées qui lui venaient en tête toutes en même temps. Il crevait d'envie d'embrasser Orel et de lui enlever tous ses vêtements.

Mais il se retint. Son cœur battait fort. Il souffla pour se calmer un peu.

- Je suis désolé, répéta Orel.

Gringe lui embrassa tendrement le front.

- T'inquiète pas. Une autre fois.

OrelgringeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant