Chapitre 15

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Guillaume Tranchant se sentait bien. Allongé sur le canapé, il somnolait les yeux ouverts. C'était l'après-midi. La journée avait été calme, tranquille. Ils étaient restés tous les deux à l'appart avec Orel, et ils n'avaient vu personne, ce qui était plutôt rare.

Guillaume jeta un regard à son acolyte qui était assis par terre appuyé contre le canapé, et qui bossait sur l'ordi. Il avait sa petite moue, celle qu'il faisait tout le temps sans s'en rendre compte quand il était concentré. Les sourcils froncés, il caressait sa barbe naissante d'un air absent. Sa petite mèche blanche lui tombait devant les yeux.

Gringe le couvait du regard. Un sourire s'était dessiné sur son visage, et il passa doucement sa main dans les longs cheveux de son ami. Orel tourna brièvement la tête vers lui et sourit, puis il se tourna de nouveau vers son écran. Sans se déconcentrer, il vint prendre la main de Guillaume, et se mit à en caresser doucement le dos avec son pouce.

Guillaume ferma les yeux et profita du soleil qui venait lui chauffer le visage à travers la baie vitrée, la main toujours dans celle d'Orel.

C'était les petits moments comme ça qu'il aimait le plus. Ces petits moments de tendre complicité, où ils n'avaient pas forcément besoin de parler ni de s'occuper l'un de l'autre pour se montrer leur affection. Il y avait dans ces moments une tranquillité particulière, où le temps était un peu suspendu, et où ils pouvaient savourer pleinement la présence de l'autre dans un flottement de sérénité.

Bien sûr Gringe aimait les moments où ils parlaient, et encore plus ceux où ils ne parlaient pas. Mais il y avait aussi ceux-là, qui étaient entre les deux, et qui laissaient se répandre en lui une douce chaleur. C'était ces moments-là qui montraient le plus sans aucun doute que leur relation n'était pas seulement physique.

Ils n'étaient pas seulement deux amis qui s'étaient découvert une nouvelle attirance sexuelle, qui tentaient quelque chose de nouveau, pour assouvir leur curiosité, pour s'éloigner de leur vie ennuyeuse. Non, ce n'était pas seulement physique.

Ils étaient en couple. Ils ne se l'étaient jamais vraiment dit explicitement, et ils ne s'affichaient pas du tout devant leurs autres amis – en tout cas, ils essayaient. Mais c'était comme ça que Gringe le voyait. Ils s'embrassaient, dormaient ensemble, pouvaient passer des heures à parler de tout et de rien, se faisaient des câlins, laissaient la température monter entre eux parfois, souvent même. Et il y avait ces petits moments de tendresse mutuelle qu'ils partageaient.

Orel et Gringe étaient en couple. Ils étaient ensemble. C'était à la fois bizarre et naturel. Mais ils étaient tellement bien tous les deux qu'ils ne se posaient pas trop la question.

Orel ferma son ordi et se tourna vers Gringe.

- Réveille-toi, gros tas. J'ai fini de bosser.

- C'est toi le gros tas, marmonna Gringe sans ouvrir les yeux.

Orel eut un regard malicieux.

- Ah ouais ? On va voir ça.

Il se leva et, sans hésiter, se jeta sur son acolyte sans ménagement. Celui-ci poussa un grognement sourd, le souffle coupé.

- Putain, Orel !

Gringe redressa la tête, pour se retrouver nez à nez avec le caennais qui le regardait d'un air victorieux, un sourire de gamin plaqué sur son visage.

- T'es vraiment insupportable.

- Mais t'aimes ça.

- Je vois pas trop en quoi je suis censé aimer le fait de me faire écraser par un cachalot !

OrelgringeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant