Chapitre 33

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Son cœur rata un battement, comme à chaque fois qu'il le voyait. Il ne savait toujours pas comment c'était humainement possible d'être aussi beau. Gringe portait un simple jean brut et un t-shirt blanc, mais il avait autant d'allure que s'il avait mis des heures à se préparer. Il se tenait là, dans ce petit couloir un peu sombre, et son sourire en coin illuminait chaque centimètre carré de plâtre grisâtre autour de lui.

- Salut.

- Salut, répondit Orel avec un petit sourire.

Il sentit ses joues le brûler. Il était encore une fois en train de rougir, à tous les coups. Il baissa les yeux, gênés. Il ne voyait pas trop comment il réussirait à faire comprendre à Gringe qu'il ne voulait pas être en couple avec lui dans ces conditions.

- Tu veux entrer ? demanda-t-il d'une petite voix.

Il releva les yeux pour les planter dans ceux de Gringe, qui le regardait sans un mot, son léger sourire en coin toujours plaqué sur ses lèvres. Le basané l'observait de haut en bas, le déshabillant littéralement du regard.

- J'avais autre chose en tête, dit-il finalement.

Cette phrase avait à peu près un millier d'interprétations possibles, certaines parfaitement respectables, d'autres beaucoup moins. Orel sentit ses joues le brûler une nouvelle fois. Bordel, il avait l'impression d'entendre des sous-entendus à chacune de ses phrases. Il était vraiment si en manque que ça ?

- C... C'est-à-dire ? demanda Orel.

Le sourire de Gringe s'élargit.

- Je t'emmène quelque part.

- Tu... Tu voulais pas rester à l'appart ?

Gringe haussa un sourcil et son petit sourire en coin refit son apparition. Il réduisit légèrement la distance qui le séparait d'Orel et lança d'un ton bourré de sous-entendus :

- Pourquoi, t'aurais voulu qu'on fasse quoi à l'appart ?

- Euh... J-Je...

Le caennais avait les hormones en ébullition. Il sentait déjà son bas-ventre le chauffer agréablement rien qu'en voyant Gringe et son petit sourire se tenir sur son palier.

- Non, rien, on va dehors.

Il retourna précipitamment à l'intérieur pour récupérer ses clés et son portefeuille. Lorsqu'il revint à la porte, Gringe lui sourit.

- T'auras pas besoin de ça.

Il s'empara du portefeuille, contourna Orel – en le frôlant innocemment au passage – et entra à l'intérieur de l'appartement pour le reposer sur la table basse. Lorsqu'il revint, il prit soin d'effleurer une nouvelle fois le caennais en passant la porte.

- Alors, t'es prêt, on y va ?

- Euh... Oui, oui, bégaya Orel.

Le moindre contact avec Gringe le rendait fou.

Ils marchèrent un moment dans les rues légèrement assombries de Caen. Il n'avait aucune idée de l'endroit où Gringe l'emmenait, et ses hypothèses ne se précisèrent pas alors qu'ils avançaient.

Alors qu'ils traversaient une petite ruelle éclairée un peu à l'écart du centre, Gringe s'arrêta brusquement. Orel lui jeta un regard interrogateur, et le basané indiqua d'un geste le petit restaurant qui se situait à leur droite.

- C'est un... C'est un italien, dit-il d'un air un peu gêné. Je sais qu'il paye pas de mine comme ça, mais il est vraiment bon. Ça te dit ?

OrelgringeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant