Orelgringe

Chapitre 35

Désolée je vous ai un peu fait attendre pour ce dernier chapitre... Mais le voilà, j'espère qu'il va vous plaire :)

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Il y eut un autre rendez-vous. Puis deux. Puis trois.

Et Orel avait de plus en plus de mal à les appeler des « soirées entre potes ».

Deux jours après cette soirée au restaurant, Gringe décida d'emmener Orel au cinéma. Leurs coudes se touchèrent tout le long du film. Leurs genoux s'effleuraient trop souvent pour que ça soit innocent. Leurs yeux se cherchaient, tour à tour, mais ne se trouvaient jamais. Orel détournait le regard à chaque fois, effrayé par ce fourmillement qui refaisait son apparition dans son estomac. Et qui faisait qu'il ne savait absolument pas ce que ce foutu film avait bien pu raconter.

Deux jours encore plus tard, Gringe proposa à son acolyte de boire un simple café, dans l'après-midi. Il y eut effectivement un premier café, puis un deuxième. Puis une bière. Puis à nouveau, un restaurant, cette fois choisi par Orel. Et ce qui ne devait être qu'une petite entrevue d'une heure ou deux se termina à minuit et demi.

Ils prirent l'habitude de se voir un jour sur deux, dans un endroit choisi alternativement par l'un, puis par l'autre, pendant presque deux semaines. Il y avait le jour du rendez-vous, et le jour suivant pour s'en remettre. Et ainsi de suite. Ils alternèrent cafés, bars, restaurants, cinéma. Mais jamais Gringe ne mit un pied dans l'appart d'Orel. Ils savaient tous les deux ce qui se passerait quand il le ferait.

Puis il y eut ce troisième cinéma. C'était une séance de fin de soirée. Ils avaient bu une bière, étaient ensuite allés dans un petit kebab de quartier, avaient ri, et avaient finalement atterri dans cette grande salle sombre pour voir un film dont ni l'un, ni l'autre n'avait entendu parler. C'était peut-être une comédie romantique, un film d'horreur, d'action, d'auteur, ils n'en savaient rien. Et à vrai dire, ils s'en fichaient tous les deux. Ils voulaient juste que la soirée s'éternise. Chacun de leur côté, ils voulaient revivre une nouvelle fois ces deux heures passées dans le noir, cette proximité physique entre eux, les petits regards en coin qu'ils se jetaient à la dérobée. Cette ambiance palpable et particulière que leur accordait la pénombre et qui retournait leur estomac.

Une nouvelle fois, leurs coudes et leurs genoux restèrent en contact tout le long du film. Mais ce soir-là, au lieu de se contenter de son coude, Orel posa tout son avant-bras sur l'accoudoir, le long de celui de Gringe. Leurs bras se rapprochèrent. Leurs jambes aussi. Ils finirent serrés l'un contre l'autre, la tête d'Orel posée sur l'épaule de Gringe, leurs doigts étroitement mêlés. C'est quand Gringe embrassa doucement les cheveux d'Orel sans recevoir de protestation de sa part qu'il sut que son amant lui avait pardonné.

Ils n'attendirent pas la fin du film. Ils sortirent en plein milieu de la projection, firent lever toute leur rangée pour pouvoir passer. Ils traversèrent les rues sombres et fraîches de Caen main dans la main, d'un pas rapide, sans trop se regarder. Ils arrivèrent rapidement devant l'immeuble d'Orel.

Sans se concerter, ils entrèrent d'un même mouvement, montèrent, ouvrirent la porte de l'appartement. Gringe n'attendit qu'une demi-seconde après que cette même porte ait claqué derrière lui pour plaquer Orel contre le mur. Il plongea ses yeux verts dans les siens un instant, leurs visages espacés de quelques centimètres seulement, pour lui laisser le temps de le repousser s'il en avait envie. Orel ne fit aucun geste. Alors, sans attendre davantage, Gringe plaqua ses lèvres contre les siennes.

Ils se retrouvèrent immédiatement dans une danse endiablée, passionnée, leurs corps collés l'un contre l'autre sans aucun espace libre entre eux. Ils se déplacèrent difficilement jusqu'au salon, s'écroulèrent dans le canapé. Leurs lèvres ne se décollaient pas, leurs langues ne se lassaient pas l'une de l'autre. Leurs vêtements tombèrent les uns après les autres. Et ils firent l'amour dans leur fameux canapé vert.