Chapitre 20

960 60 79
                                    

Guillaume sentit son cœur s'affoler dans sa poitrine. Elle les avait vus. Elle avait deviné.

- De... De quoi vous voulez discuter ? articula-t-il.

- De mon petit-fils. Je veux m'assurer que tu es quelqu'un de bien pour lui.

Pardon ?

- Comment... Qu'est-ce que vous voulez dire ?

- Eh bien, vous êtes ensemble, non ?

Gringe rougit violemment.

- Vous nous avez vus, devina-t-il, dépité.

Janine fronça les sourcils, et un air d'incompréhension se peignit sur son visage.

- Comment ça, je vous ai vus ?

- Eh bien, à l'instant, quand vous êtes entrée dans la cuisine...

- Je n'ai rien vu du tout en entrant dans la cuisine, dit-elle en secouant la tête. Par contre, j'ai tout vu pendant le repas. Ça fait un petit moment que tu en pinces pour mon petit-fils, je me trompe ?

- Euh...

Janine dardait sur lui un regard inquisiteur. Bon, elle semblait avoir tout deviné, alors il ne servait plus à rien de nier...

- Oui, ça fait un moment, avoua Gringe.

- On est d'accord. Et vous êtes ensemble depuis combien de temps ?

- Quelques semaines seulement.

- Et tu prends cette relation au sérieux ?

Gringe haussa les sourcils, surpris. Il s'attendait à tout en venant ici, sauf à un interrogatoire de la part de la grand-mère d'Orel.

- Bien sûr ! répondit-il.

- Parce qu'il m'avait semblé comprendre que tu n'avais pas vraiment été un modèle de fidélité dans tes histoires passées, insista Janine d'un ton suspicieux.

- Euh... C'est vrai, admit Guillaume, embarrassé. Mais je vous promets qu'avec Orel, c'est différent. Je l'aime vraiment... Jamais je ne lui ferais un truc pareil.

- Très bien.

Janine semblait satisfaite.

- Je te préviens, ajouta-t-elle. Si tu lui fais du mal, je te castre.

Gringe blêmit.

- Je... Euh... Compris.

- Je t'aime bien, Guillaume, tu le sais. Jusque là, vous étiez seulement amis, avec Aurélien. Mais maintenant, ce n'est plus le cas, alors il faut bien que je mette un peu mon nez dans ses affaires, sinon il ferait n'importe quoi. Il est incapable de prendre soin de lui. Mais avec toi, je pense que je peux avoir l'esprit tranquille.

- Eh bien... Merci, Janine.

Il n'en revenait pas d'avoir eu cette conversation avec elle.

- Allez, le dessert ne va pas se manger tout seul ! s'exclama-t-elle en riant.

Elle sortit de la cuisine et retourna à table. Gringe la suivit et se rassit à côté d'Orel, qui lui jeta un regard interrogateur. Guillaume se contenta de lui sourire en pressant doucement sa jambe contre la sienne sous la table.

Ils retournèrent tous à leurs assiettes. Soudain, la mère d'Orel demanda :

- Alors, mon chéri, comment va Ahélya ? Elle ne pouvait pas venir aujourd'hui ?

Orel crut qu'il allait s'étouffer avec sa part de gâteau. Guillaume lui jeta un regard inquiet. Le caennais avala sa bouchée, et son regard rencontra celui de son amant.

- Euh...

Gringe posa discrètement sa main sur sa cuisse pour l'encourager.

- Eh bien...

Orel n'arrivait plus à parler. Il jeta un regard de détresse à Guillaume. Celui-ci comprit le message et parla à sa place :

- En fait, Orel n'est plus avec Ahélya.

- Quoi ? s'exclama sa mère en se tournant vers son fils. Mais depuis quand ? Comment ça ? Pourquoi ?

Orel baissa les yeux. Gringe pressa légèrement sa cuisse avec sa main pour l'encourager à parler.

Aurélien releva la tête vers sa mère et lança :

- J'ai rompu avec elle parce que je n'étais plus amoureux d'elle. Et... Je suis avec quelqu'un d'autre, maintenant.

Sa mère avait l'air de ne plus rien comprendre. Elle lui jeta un regard interrogateur, sans dire un mot. Orel sentait le regard de Gringe posé sur lui.

Il l'aimait tellement. Il ne voulait pas le décevoir. Il ne pouvait pas le décevoir. C'est sa main chaude et si familière posée sur sa cuisse qui lui donna la force de prendre une grande inspiration et de déclarer :

- Je suis avec Guillaume.

Il y eut un grand silence. Le temps semblait s'être arrêté. Ses parents étaient restés figés, une expression de stupeur fixée sur leurs visages, la bouche entrouverte.

Seule Janine arborait un grand sourire et continuait à manger son gâteau.

- Co... Comment ça, tu es "avec" Guillaume ? articula le père d'Orel.

Il avait l'air sous le choc. Orel soupira. Il voulut parler, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Il sentit les larmes lui monter aux yeux. Guillaume le remarqua, et il appuya un peu plus sa main sur sa cuisse. Orel recouvrit sa main de la sienne et rouvrit les yeux en essayant de ravaler ses larmes.

- Je veux dire qu'on est ensemble, dit-il d'une voix étranglée.

Son père avait l'air d'avoir avalé son gâteau de travers. Il y eut un nouveau long silence, insupportable, interminable. Finalement, il inspira une grande gorgée d'air et demanda :

- Et ça fait longtemps ?

- Quelques semaines, répondit Orel, la voix un peu tremblante.

- Et vous êtes biens tous les deux ?

- Oui, affirma Orel.

Son ton était devenu plus assuré. S'il y avait bien une chose qu'il pouvait assurer à ses parents, et sur laquelle il défendrait Gringe jusqu'au bout, c'était qu'il était heureux avec lui. 

Son père jeta un regard bizarre à Guillaume et soupira.

- Dans ce cas... Je ne peux pas dire que je l'avais vu venir, mais si vous êtes heureux comme ça, je n'ai rien à y redire.

Orel eut l'impression qu'un poids s'était envolé de sa poitrine. Il se tourna vers sa mère, qui n'avait pas dit un seul mot.

- Eh bien... articula-t-elle. On peut dire que c'est... Inattendu...

- C'est pas trop tôt, tu veux dire ! s'exclama Janine.

Orel se tourna vers elle, surpris. Elle lui adressa un clin d'œil.

Finalement, la mère d'Aurélien sembla se détendre et sourit :

- Eh bien... Si tu es heureux comme ça, je suis contente pour toi.

Orel sourit à son tour, soulagé. Il se tourna vers Guillaume, qui lui adressa un regard ravi et serra sa main plus fort dans la sienne. C'était fait. Le moment tant redouté était passé. Il l'avait dit à ses parents, et ils ne l'avaient pas rejeté. Ils avaient été surpris, certes, mais ils étaient heureux pour lui.

Orel n'arrivait pas à s'arrêter de sourire. Il avait envie de sauter, de danser, de prendre Gringe dans ses bras. Il n'en revenait pas. La vie était vraiment belle.


OrelgringeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant