- Orel, attends !
Il entendit quelqu'un courir dans la rue derrière lui, puis lui attraper le bras. Il avait reconnu sa voix. Il avait reconnu son pas. Il ne se retourna pas et continua à marcher.
- Orel, arrête-toi, s'il te plaît.
La prise sur son bras s'accentua, et il se retrouva incapable d'avancer davantage. Gringe avait toujours été plus musclé que lui. Il s'arrêta finalement et soupira bruyamment.
- Qu'est-ce que tu veux ? dit-il d'un ton qu'il espérait froid.
Il s'en voulait d'être aussi infect avec Gringe, mais c'était trop douloureux pour lui de faire comme si de rien n'était. S'il lui parlait comme avant, il ne faudrait pas plus de dix minutes à Gringe pour le faire retomber dans ses bras. Ils seraient heureux de nouveau, c'était certain... Et puis il se passerait quelque chose d'autre. Gringe trébucherait sur la bouche d'une fille, ou dans un lit. Et Orel ne le supporterait certainement pas une seconde fois.
Aussi garda-t-il les yeux résolument baissés tandis que Gringe se tenait devant lui.
- Laisse-moi te raccompagner.
Orel, surpris, releva instinctivement les yeux vers le basané – et le regretta immédiatement. Le semblant de volonté qui l'avait habité quelques secondes auparavant le quitta d'un coup, et il se retrouva à bafouiller, les joues rouges :
- D... D'accord.
La surprise se peignit sur les traits de Gringe, qui devait s'attendre à un refus, puis son visage s'illumina d'un grand sourire. Orel se sentit fondre.
- Cool, murmura Gringe sans se départir de son sourire.
Ils se détournèrent l'un de l'autre et commencèrent à avancer timidement de quelques pas, et leurs yeux se quittèrent. Le caennais avait le regard rivé sur ses chaussures, le cœur battant, le cerveau qui tournait à mille à l'heure.
- Attends, dit-il soudainement.
Il s'arrêta, et Gringe l'imita. En prenant soin d'éviter soigneusement son regard, Orel articula :
- Finalement... Je... Je pense pas que ce soit une bonne idée.
Gringe soupira.
- Orel...
- S'il te plaît. N'insiste pas.
Le basané avait l'air franchement déçu, mais également pas vraiment surpris.
- Je peux savoir pourquoi ? demanda-t-il quand même.
- Parce que.
« Parce que si tu me raccompagnes, je vais avoir envie de t'embrasser pour te dire au revoir. Ou encore pire, je vais pas réussir à te dire au revoir, et je vais t'inviter à entrer. Et on sait tous les deux ce qui va se passer si tu remets les pieds dans ce foutu appart. »
Gringe semblait loin d'être satisfait par la réponse d'Orel, mais il n'insista pas. Pour toute réponse, il effleura doucement le dos de sa main un instant, et dit :
- Ok... C'est comme tu veux. Je veux pas te forcer.
- Merci...
- On se dit à demain soir alors !
Orel releva brusquement les yeux vers lui. Son estomac se retourna encore une fois.
- Hein ? Mais on n'avait pas du tout prévu de se voir, demain.
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Orelgringe
FanfictionGringe et Orel sont colocs et tout se passe pour le mieux jusqu'à ce qu'un jeu de drague par sms vienne tout chambouler... Début de l'intrigue inspiré du film Comment c'est loin