Chapitre 34

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- Alors, vous avez choisi ?

Orel parcourait la carte depuis un petit moment déjà, mais son choix était arrêté.

- Je vais prendre des pasta fagioli e cozze, s'il vous plaît.

Gringe étouffa un petit rire. En-dessous du nom italien sur la carte était écrit « Pâtes haricots blancs et moules ». Orel n'avait jamais été un adepte des plats classiques dans les restaurants.

- Oh, je t'en prie, tu peux me tutoyer ! répondit Marco. Les amis de Guillaume sont mes amis.

Orel lui répondit par un grand sourire pour essayer de cacher son envie de lui en coller une.

- Et toi, mon cher Guillaume ?

Orel grinça des dents.

- Comme d'habitude, répondit le basané.

- Ok super, je vous apporte ça !

Marco récupéra les menus et s'en alla.

- Pourquoi tu rigoles ? demanda Orel.

- Rien, c'est le plat que tu as commandé. Ça m'avait manqué, tes commandes improbables dans les restaurants. Ça me rappelle le jour où on s'est rencontrés.

Orel rit doucement avec Gringe.

- Ça commence sérieusement à dater, répondit-il. Il s'en est passé des choses, depuis.

Gringe redevint soudainement sérieux.

- Oui... C'est vrai. Il s'en est passé, des choses.

Orel, gêné, baissa les yeux.

- Gringe...

- Orel...

Ils avaient tous les deux parlé exactement en même temps. Embarrassés, ils se regardèrent en rougissant.

- Euh... Vas-y.

- Non, je t'en prie, commence.

- Non, je...

- Orel.

- Non, vraiment, vas-y.

Gringe soupira. Il baissa les yeux un moment sur ses mains et tritura sa fourchette d'un air nerveux. Puis il sembla se forcer à relever la tête pour planter son regard dans celui d'Orel, qui dut se faire violence pour le soutenir sans rougir.

- Écoute, je sais que je te l'ai déjà dit, mais je tenais encore à m'excuser. Je sais que tu sais que je suis désolé, et je sais aussi que ça te suffit pas, mais... Honnêtement, tu m'en veux sûrement pas autant que je m'en veux à moi-même. Je t'aime toujours, Orel, autant qu'au début. Enfin, non, encore plus, même. Et je continuerai à te harceler pour que tu me pardonnes.

Orel soupira et baissa les yeux, incapable de soutenir son regard plus longtemps. Il était un peu gêné par cette déclaration subite.

- Gringe... Je sais ce que t'essayes de faire, moi aussi je...

- Et voici les pasta fagioli e cozze !

Orel et Gringe sursautèrent et s'éloignèrent l'un de l'autre. Le caennais se rendit ainsi compte qu'ils s'étaient inconsciemment penchés l'un vers l'autre par-dessus la table. Il se retint de lever les yeux au ciel, énervé d'avoir été interrompu par cet italien insupportable qui faisait de l'œil à Gringe.

- Et les spaghetti alla bolognese.

Marco posa leurs deux assiettes sur la table, et partit non sans avoir adressé un petit clin d'œil à Gringe. Orel se retint de lui faire un croche-pieds avant qu'il parte.

OrelgringeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant