Chapitre 16

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La soirée battait son plein. Gringe et Orel étaient à l'Embuscade avec Ablaye, Bouteille, Skread et Deuklo, et ils commençaient à avoir un bon coup dans le nez. Les deux rappeurs étaient assis côte à côte sur une banquette, à leur table habituelle, qui était au fond du bar et un peu plus à l'abri des regards que les autres.

Évidemment, dès son arrivée, Deuklo s'était empressé d'annoncer la grande nouvelle : Orel et Gringe étaient ensemble. Ablaye avait un peu accusé le coup, mais Bouteille s'était contenté d'éclater de rire en disant qu'il le savait déjà depuis longtemps. Ok, donc maintenant leurs quatre meilleurs potes étaient au courant, et sur les quatre, un seul avait eu l'air un minimum surpris. Ils étaient vraiment si cramés que ça ?

C'était une soirée spéciale pour eux. La première qu'ils pouvaient passer avec leurs potes en tant que vrai couple. C'était bizarre d'être avec eux, de rire, d'enchaîner les bières comme d'habitude, tout en étant assis l'un à côté de l'autre, en sentant leurs genoux se toucher, sans avoir à se cacher.

C'était un soir de semaine et il y avait très peu de monde dans le bar. Leur table était à l'abri des regards. Plus les verres se vidaient et se remplissaient, plus Orel et Gringe avaient du mal à s'empêcher de se toucher, de s'effleurer, de se regarder.

- Et une autre piiinte ! gueula Claude.

Il commençait à être vraiment fait. Mais bon, ils étaient habitués. Ce qui était plus inquiétant, c'était qu'il y avait de moins en moins de différence entre Deuklo bourré et Deuklo sobre. Il était tout le temps épuisant.

Les cinq buveurs éclatèrent de rire et trinquèrent. Évidemment, Orel en mit partout.

- Quelle sous-merde ! s'exclama Claude.

- C'est pas faux, lança Gringe en éclatant de rire.

Orel lui lança un faux regard de reproche avec une petite moue. Gringe, attendri, s'approcha instinctivement et l'embrassa sur la joue. Un peu surpris par son propre geste, il se tourna vers les autres, gêné. Mais Skread sourit :

- T'inquiète mec, vous avez pas à vous retenir devant nous.

- Ouais, enfin, un peu de réserve quand même, on t'a pas demandé de prendre Orel sur la table ! s'esclaffa Deuklo.

Toujours dans une grande finesse.

Gringe rit, et ses potes reprirent leur conversation. Ils essayaient de rabattre les ardeurs de Deuklo qui racontait avec animation et force de gestes explicatifs ses derniers exploits sexuels.

Gringe riait avec les autres, mais il n'était pas vraiment dans la discussion. Il regardait Orel, incapable de détacher ses yeux de lui. Celui-ci le remarqua, il se tourna vers lui et lui sourit d'un air complice.

Le basané ouvrit ses bras et fit un petit signe de tête à Orel. Le caennais comprit et se rapprocha pour venir se caler contre lui. Un coup d'œil aux autres assura à Gringe qu'ils s'en foutaient complètement. Soulagé, il serra Orel plus fort contre lui en souriant.

Bordel, qu'est-ce qu'il était heureux. Alors c'était ça, le bonheur ? C'était pouvoir prendre la personne qu'il aimait dans ses bras à une soirée, devant leurs potes ? Il avait envie de le hurler au monde entier. Ça ne lui avait jamais fait ça, avant, avec une meuf. Il s'en foutait complètement, il ne ressentait pas forcément le besoin irrépressible de la prendre dans ses bras alors qu'il était avec ses potes. Pas comme avec Orel.

C'était tellement différent. Et tellement génial. Gringe avait du mal à s'empêcher de le toucher. Il jouait avec ses doigts, caressait doucement son bras du bout de la main. Orel se laissait faire avec plaisir, la tête sur son épaule.

Le moindre contact avec le caennais électrisait Gringe. Il ne s'était jamais senti aussi bien avec quelqu'un de toute sa vie. Aurélien leva la tête vers lui et lui sourit, les yeux plongés dans les siens, son visage éloigné de quelques centimètres seulement. Il avança légèrement la tête et déposa un baiser furtif mais tendre sur les lèvres du basané, puis il reprit sa position initiale contre lui.

Gringe avait un sourire béat plaqué sur le visage. Il n'avait plus aucune idée de ce que les autres pouvaient bien raconter. Il ne voyait plus qu'Orel, ne sentait plus que son dos appuyé contre son torse. C'est en déposant un baiser léger dans ses cheveux qui sentaient un mélange de shampooing pour hommes et de cigarette qu'il se rendit compte qu'il était amoureux.

Fou amoureux.     

OrelgringeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant