Aurélien entrouvrit les paupières, réveillé par la lumière du jour qui filtrait à travers les volets. Il sourit. Il se sentait tellement bien. C'était encore une belle journée. Il faisait assez chaud dans la chambre, seuls ses pieds étaient recouverts par le drap. Il n'ouvrit pas tout de suite les yeux, profitant de cet instant de sérénité qui précédait le réveil. Il aimait ces matins calmes et ensoleillés, qui promettaient une belle journée derrière.
Il s'étira avec un long bâillement, se tourna dans le lit et allongea son bras pour le poser sur l'homme couché à côté de lui.
Mais il ne tâta que du vide. Il ouvrit les yeux en grand, se réveilla complètement, et se souvint. Son cœur se vida. Comme tous les matins, la réalité le plaqua au sol. Comme toutes les nuits, il avait oublié, le temps de quelques heures, que son monde s'était effondré. Il avait rêvé que Gringe était revenu vers lui, qu'ils étaient de nouveau ensemble. En se réveillant, il s'était senti bien, apaisé, soulagé que tout soit enfin fini, il s'était demandé comment il avait pu supporter de souffrir autant, et s'était senti incapable de recommencer.
Et puis il s'était réveillé complètement.
Dans un gémissement, Orel rabattit son bras sur son visage. Il ne voulait pas se lever. Cette journée allait être comme toutes les autres : sans intérêt. Un amas insupportable de souffrance, d'hypocrisie, de sourires forcés. Il en avait ras-le-bol de faire semblant. Il en avait ras-le-bol de se lever tous les matins pour vivre une journée dans laquelle il n'arrivait pas à trouver une once de positivité. Il voulait juste rester dans son lit et se rouler en boule jusqu'à la fin des temps. Il aurait donné n'importe quoi pour se cacher sous sa couette pendant les dix prochaines années, jusqu'à ce que quelqu'un vienne le chercher en lui disant que c'était terminé, que tout allait bien, maintenant.
Mais il n'avait pas le droit de faire ça. Il avait rendez-vous au studio avec Skread à 14h.
Il attrapa son portable sur la table de nuit, l'alluma. 12h40. Il devait se préparer, il n'avait pas le choix. Il sortit de son lit, enfila un jogging par-dessus son boxer, et se dirigea vers la cuisine d'un pas lourd.
Alors qu'il allait se faire couler un café, il entendit qu'on frappait à sa porte. Il jeta un regard dans la direction du couloir d'un œil vitreux sans bouger. Les coups reprirent. Il commença à s'avancer, se rendit compte de la tenue dans laquelle il était. Il était en jogging, les cheveux en bataille, il ne s'était pas brossé les dents et il avait sûrement encore la marque de l'oreiller sur sa joue. Il haussa les épaules. Il n'en avait strictement rien à foutre de l'allure qu'il avait. De toute façon, ce n'était pas comme s'il s'intéressait à ce qu'on pensait de lui. Il n'y avait qu'une seule et unique personne dont l'avis importait, et cette personne ne se trouvait pas derrière sa porte.
Il avança d'un pas traînant, sans prendre la peine de regarder par le judas. Il baissa la poignée, ouvrit la porte.
Et la referma immédiatement.
Son cœur chuta dans sa poitrine. Ses joues s'enflammèrent, son estomac se retourna.
Gringe. Gringe. Gringe était là. Il était là, juste derrière sa porte. Plus beau que jamais. Orel resta bloqué, immobile, la main posée sur la poignée sans oser l'abaisser.
- Orel, ouvre-moi, s'il te plaît, dit la voix tant aimée de l'autre côté de la porte.
Sa voix. Oh mon dieu, sa voix. La réentendre le fit fondre, mais c'était comme si elle ne l'avait jamais quitté. Tremblant, il approcha son œil du judas, et regarda Gringe à travers la lentille légèrement déformante. Il le dévora du regard jusqu'à en être repu. Il observa ses lèvres charnues qui lui avaient tant manqué, ses cheveux bruns qu'il voulait tant toucher, ses yeux d'un vert profond dans lesquels il voulait tant se noyer. Ses joues, sa barbe, ses épaules, ses mains. Son torse. Ses lèvres à nouveau. Il se noya dans sa contemplation.
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Orelgringe
FanfictionGringe et Orel sont colocs et tout se passe pour le mieux jusqu'à ce qu'un jeu de drague par sms vienne tout chambouler... Début de l'intrigue inspiré du film Comment c'est loin