Chapitre 11

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Orel rentra à l'intérieur de l'appartement et s'assit à côté de Gringe sur le canapé. Son ami lui jeta un coup d'œil en biais. Timidement, il se rapprocha, guettant les réactions d'Orel. Celui-ci le laissa faire quand il posa doucement la main sur la sienne. Son autre main vint se poser sur la joue d'Orel et le força à tourner la tête pour le regarder.

Gringe n'eut pas besoin de demander. Il lut dans ses yeux qu'il l'avait fait. Il n'était plus avec Ahélya. Et il était triste. Son cœur se serra. Pourquoi était-il triste ? Est-ce qu'il l'aimait encore ? Gringe était terrifié de n'être qu'une passade, un caprice. Il avait peur que ses sentiments ne soient pas réciproques. Et si Orel regrettait de l'avoir quittée ?

Gringe se raisonna. S'il y avait bien une chose qu'il savait à propos d'Orel, c'est qu'il regrettait rarement ses actes. S'il n'avait pas voulu la quitter, il ne l'aurait pas fait. Et s'il l'avait quittée, c'était qu'il avait une bonne raison. Guillaume espérait de tout son cœur être cette raison. Aussi, bien qu'il soit énervé qu'Orel soit triste à cause de cette rupture, il l'attira tendrement contre lui pour le réconforter.

Orel se blottit dans ses bras, et enfouit sa tête dans son cou.

- Je suis plus avec elle, murmura-t-il.

- J'avais compris, répondit Gringe à voix basse.

- Tu vois, tu me l'as demandé, je l'ai fait.

Gringe s'écarta brusquement, les sourcils froncés, et le regarda dans les yeux.

- C'est quoi, ce ton de reproche, là ?

- Je te fais pas de reproches, je...

- Attends, je t'ai pas forcé à quitter ta copine, moi, Orel, le coupa Gringe, énervé.

- Je dis pas ça... Je dis juste que je l'ai fait comme tu me l'as demandé.

- Donc quoi, si je te l'avais pas demandé, tu l'aurais pas fait ?

- Ben... Peut-être pas tout de suite, quoi...

- Attends, tu te fous de ma gueule ? s'emporta Gringe.

Il se leva brusquement du canapé et commença à s'éloigner.

- Attends ! lança Orel. T'en vas pas...

Il se leva et rattrapa Gringe. Il hésita un instant et s'approcha de lui, cherchant à le reprendre dans ses bras.

- T'en vas pas...

Gringe avait du mal à dire non à un ordre comme ça. Il tenta de résister pour la forme, mais Orel l'entraîna lentement à travers le salon et le plaqua doucement contre le mur pour qu'il ne puisse plus s'enfuir.

Leurs mains caressaient, effleuraient leurs bras, légères, aériennes. Leurs respirations étaient suspendues, leurs cœurs accéléraient en cadence. Orel approcha son visage du cou de Gringe, effleura sa peau de ses lèvres, y déposa un baiser.

Gringe ferma les yeux et sentit sa tête partir en arrière. Il retrouvait ces délicieuses sensations qui l'avaient envahies ce soir où il était allé retrouver Orel dans sa chambre pour la première fois. Il n'avait plus aucun contrôle sur son corps dans ces cas-là. Il laissa Orel parcourir délicieusement la peau de son cou de ses lèvres, puis il s'impatienta.

Il se dégagea et, inversant leurs positions, plaqua Orel contre le mur. Sa bouche courut trouver la peau diaphane de son cou et l'embrassa tendrement. Il entendit avec plaisir la respiration d'Orel s'accélérer. Le sourire aux lèvres, il glissa une langue taquine entre ses dents et la fit courir sur sa peau frémissante.

Il remonta jusqu'à sa mâchoire, l'embrassant de manière de plus en plus insistante. Ses mains se faisaient plus pressantes elles aussi, elles s'attardaient sur le torse d'Aurélien, son ventre, ses hanches. Gringe passa ses mains sous son t-shirt, elles caressèrent sa peau brûlante, faisant frémir le corps de son ami.

La respiration haletante, il appuya davantage sa main gauche sur son torse, tandis que la droite volaient vers son dos, descendait s'aventurer sur ses fesses. Ses dents s'attaquaient à la peau fine de la base du cou, la mordillaient tendrement, laissant passer de temps à autre entre elles une langue espiègle.

Orel, lui, ne savait même plus comment il s'appelait. Il chavirait sous les baisers de Gringe qui dévorait son cou, frémissait sous ses mains chaudes et insistantes. Il crut s'évanouir quand il sentit sa main se poser sur ses fesses. Les mains pressées sur ses épaules et dans ses cheveux, il le gardait plaqué contre lui, l'empêchant de s'éloigner. Il perdait tout contrôle sur lui même. Il tremblait sous ces sensations inédites. Il n'avait jamais ressenti de telles choses avec...

Ahélya. Il eut l'impression qu'on lui avait renversé un seau d'eau glacée sur la tête. Il l'avait quittée il y avait une demi-heure à peine. Après cinq ans de relation. Pour son meilleur ami.

Quel genre de mec était-il pour se laisser déjà aller à faire des trucs pareils alors qu'elle n'était peut-être même pas encore rentrée chez elle ?

Les baisers de Gringe lui parurent soudain incroyablement déplacés. Il le repoussa.

- Eh ! Qu'est-ce qu'il y a ? s'exclama Gringe.

Il était rouge, décoiffé. Beau à mourir.

- Rien.

Gringe secoua la tête.

- Attends. Je comprends plus rien, là.

Orel détourna la tête. Ses joues le brûlaient. Lui non plus, il ne comprenait plus rien à ce qui lui arrivait.

- C'est à cause d'Ahélya, c'est ça ?

Orel ne répondit pas.

- Putain, qu'est-ce que tu me soules ! s'exclama Gringe. Tu sais pas ce que tu veux !

- Si ! répondit Orel.

- Alors, qu'est-ce que tu veux ?

« Toi. »

Mais ça, il n'arrivait pas à le formuler. Quel con il était.

- J'ai rompu avec elle il y a même pas une heure... Je sais pas, je trouve juste ça pas respectueux de faire des trucs avec toi alors que ce matin on était encore ensemble.

- Ça t'a pas gêné de me faire des câlins toute la semaine, alors que pour le coup vous étiez vraiment ensemble, répliqua sèchement Gringe.

- Oui, mais... C'était juste des câlins, c'était pas pareil.

Gringe soupira bruyamment.

- Tu sais quoi, tu me gonfles. Soit t'en as envie, soit t'en as pas envie, c'est tout.

Il sentit son portable vibrer dans sa poche. Il le sortit et regarda le message qu'il venait de recevoir.

- Deuklo propose qu'on se rejoigne à l'Embuscade avec les gars.

Orel baissa les yeux, un peu déçu. Il avait envie de passer la soirée avec Gringe. Mais au fond, il avait peur de ce qu'ils pourraient faire s'ils restaient à l'appart rien que tous les deux toute la soirée.

Finalement, ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée d'aller au bar. Au moins, il pourrait être avec son ami sans avoir l'impression d'être un connard vis-à-vis d'Ahélya.

- Cool, on a qu'à y aller, dit-il.

Gringe alla récupérer sa veste et ses clés sur la table du salon.

- Non, tu sais quoi, moi je vais y aller, lança-t-il d'un ton sec. Et toi, t'as qu'à rester là et réfléchir. Tu nous rejoindras quand tu te sentiras prêt, et surtout quand tu seras prêt à me dire vraiment ce que tu veux, parce que je commence à en avoir marre.

Et il sortit de l'appart, laissant Orel planté là sans rien comprendre.    

OrelgringeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant