Chapitre 8

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"- Bon, pour ce soir, et uniquement pour ce soir, les 'Votre Altesse' ainsi que les 'Monsieur le Prince' restent au placard, par soucis de discrétion. Le vouvoiement également. Donc, tu m'appelles Chiago, et tu me tutoies."

J'acquiesce silencieusement d'un simple hochement de tête. Je refais une fois le tour de la voiture des yeux et me rends compte du ridicule de la situation.

- Vous.. enfin tu te moques de moi ? Tu décides de conduire une sublime Jaguar, et tu te permets de me parler de discrétion ?

La carrosserie noir mat brille sous les derniers rayons du soleil. Le cuir des sièges frotte agréablement mes jambes d'une douce caresse, et inconsciemment, je me mets à faire des mouvements circulaires avec la pulpe de mon index sur la poignée de portière d'une matière aussi spéciale qu'agréable. Chiago ne répond rien de plus qu'un sourire en coin comme à son agaçante habitude et se gare au pied de mon immeuble quelques minutes plus tard. Il coupe le moteur, arrêtant son délicieux vrombissement.

J'ouvre la portière et m'apprête à descendre, quant il me retient par le bras, me procurant un nombre incalculable de frissons, sa paume contre ma peau dénudée de tissu. Je sers ma veste présente dans mon autre main et me maudit de l'avoir retiré peu de temps avant, à cause de la température extérieure, bien trop élevée par rapport aux moyennes de saison.

Je me retourne, mes yeux étant immédiatement attirés par l'éclat des siens. Comme à chaque que je croise son regard, je suis hypnotisée, incapable de me défaire de son emprise. Je me force à lutter contre moi-même et cette foule de sensations bien trop effrayantes à mon goût.

"- Ne sois pas trop longue, le combat commence dans une heure et demi."

Je retombe les deux pieds sur terre et retire mon bras de son étreinte, d'un geste trop sec pour paraître naturel. Je m'extirpe de l'habitacle et claque ma portière. J'entre dans l'immeuble l'esprit ailleurs après avoir tapé paresseusement le code.

Je privilégie les escaliers à l'ascenseur par habitude et par soucis de rapidité. Je les monte en courant et en fouillant en même temps dans mon sac à main, pour trouver mes clés.

***

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Neuf minutes cinquante quatre, voilà le temps qu'il m'a fallu pour monter à mon appart', me changer et redescendre. Quand j'ai claqué la portière de la voiture derrière moi il y a quelques secondes, j'ai trouvé le prince, montre en main, en train de me chronométrer. Comme je le fais souvent, j'ai levé les yeux au ciel et bouclé ma ceinture de sécurité.

"- En voilà une, de tenue décente pour un combat de boxe ! Ton sweater et ton jean noir, t'aideront à te fondre dans le décor, et puis la veste en cuir est la cerise sur le gâteau. Tu est peut-être digne de jouer ma conjointe pour une soirée finalement..."

Je tourne la tête dans sa direction si vite, qu'un craquement de nuque se fit entendre. J'ai du mal comprendre.

"- Pardon ?!"

"- Oh j'ai oublié une partie de l'histoire visiblement... Quelle maladresse de ma part. Tu va jouer le rôle de ma petite-amie ce soir, pour que personne ne se doute que tu es mon garde du corps. Et puis, si tu n'étais pas une employée, tu aurais pu être une de mes partenaires nocturnes."

Il hausse les épaules de manière décontractée, comme s'il parlait de la météo. Il parle des femmes comme s'il parlait de la pluie et du beau temps. Une certaine colère me noue la gorge. J'ai envie de l'incendier, en même temps que ma main me chatouille, souhaitant rencontrer sa joue, que j'imagine douce et rugueuse à la fois.

"- Tu te fiches de moi hein ? Je ne suis pas ce genre de fille."

Il hausse les sourcils, et reprends cet air supérieur qui m'insupporte tant.

"- Pourrais-tu être un peu plus explicite ?"

Je lève les yeux au ciel, mais répond tout de même à sa question plus qu'idiote à mon goût.

"- Fille du genre aéroport international, qui à les adducteurs plus développés que le cerveau."

Il rigole, et hausse les épaules négligemment.

"- J'aurai essayé... Mais je trouve que tu juges bien vite quand même. Qui te dit que ce ne sont pas des filles qui sont libres et qui veulent juste un coup d'un soir ? Et puis de toutes manières, Dieu que je suis, aucune ne me résiste. Une fois, l'amie lesbienne de ma soeur à même changé de bord en me rencontrant."

Je pouffe de rire. Son assurance est tellement surjouée. Accompagné de son sourire en coin à tomber, il joue avec ses sourcils de manière ridicule.

"- De toutes manières, cette discussion n'a pas lieu d'être puisque je suis ton employée et tu n'es en aucun cas mon genre d'homme."

Il sourit avec plus d'arrogance que le monde entier n'en contient, et je sens la vantardise arriver comme on voit le nez au milieu de la figure.

"- Je suis le genre d'homme de tout le monde, hommes comme femmes, certains changent même de préférence pour moi ! "

Je secoue la tête de droite à gauche en lui lançant un regard en coin. Concentré sur la route, les cheveux au vent, la fenêtre ouverte, une main sur le volant avec le coude calé sur la portière, l'autre sur le levier de vitesse, on ne va pas se mentir, cet homme est un putain d'Apollon.

***

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Jaguar F-Type S en média.



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