Chapitre 27

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- J'aimerais passer au volant.

Ma déclaration jette un silence dans l'habitacle. Je détaille attentivement Chiago, j'observe chacune des émotions qui traversent son visage, chacun de ses gestes. Ses sourcils sont froncés, ses mains crispées et ses épaules tendues. Sa réponse claque, quelques instants après.

- Hors de questions.

Son ton m'indique que je ne devrais pas insister, toute personne normale ne chercherait pas à creuser plus loin. Mais je ne m'appellerais pas Jordan Diaxin si je ne brisais pas un peu les codes, si je ne restais trop rationnelle.

- Ta vie est trop platonique nan ? Alors laisse moi y ajouter un peu de piquant. Ça commence par me laisser conduire...

Il plante ses yeux dans les miens sans regarder la route. Dieu merci, elle est déserte.

Je ne détourne pas le regard, à contrario, je le soutiens, déterminée à ne pas perdre.

- Pourquoi si soudainement ?

Je hausse les épaules en réponse à sa question pas si stupide. C'est vrai, pourquoi je le veux absolument maintenant ? Je n'en sais rien. Je ne saurais expliquer ce besoin de me sentir libre. Comme une bouffée de chaleur soudaine.

- Je n'en sais rien, juste un besoin que je ne peux pas expliquer.

Ou que je ne veux pas m'expliquer.

- Ma réponse reste la même : tu ne toucheras pas le volant.

Une lueur de défi parcourt son regard si bleu. Un regard d'apparence givré, qui est en réalité un savant mélange de feu et de glace, cocktail Molotov de sentiments, de ressentis et de vécu.
Je suis convaincue que chaque fragment d'une vie se trouve dans le regard. Il suffit de savoir lire, de prêter un peu d'attention aux nuances et aux détails.

- Un défi ? Parce que je ne passe jamais à côté d'un challenge.

Il sourit, présomptueux. Sa vitesse élevée est maintenue au même niveau, pour autant son attention est également partagée entre la route et moi.

- Tu ne me laisseras donc pas m'assoir sur ce siège ?

Il secoue la tête de droite à gauche, sûr de lui. Je réfléchis quelques instants pour détourner ce qu'il vient de me confirmer pour atteindre mon but : piloter l'engin.

Un éclat brille dans mon esprit soudainement, et il doit très certainement se refléter dans mes prunelles brunes puisque le conducteur fronce ses sourcils fournis à la perfection.

D'ailleurs tout semble incarner la perfection chez lui : ses yeux, ses sourcils, sa petite fossette, ses traits, son nez droit, ses longs cils, ses muscles, son sourire narquois, sa dentition alignée, la liste pourrait encore être longue. Mais à côté de cela, venant poser la cerise sur le gâteau, touche finale de son charme dévastateur, sa mâchoire est décalée. Bien dessinée, carrée, musclée, parfaite. Ce détail vient casser cet amas de perfection pour le rendre plus vrai, lui conférant un charme authentique.

Je baisse le repose bras qui me sépare du levier de vitesse et enjambe le siège pour m'installer sur les jambes de Chiago. Une certaine chaleur m'emplit, je tente pourtant de l'ignorer, concentrée sur mon but. Les frissons dévastent la colonne vertébrale, la chatouillent, je tremble délicieusement, c'est presque imperceptible.

Pourtant je sais qu'il a ressentit ce plein d'émotions soudaine puisque au contact de ma peau sur la sienne, de nos corps collés, il freine brusquement, ses jointures blanchissent, ses poils se hérissent. La connexion qui nous unissait dans la limousine avant le bal, est de retour. Je le sens, l'atmosphère est à la fois plus légère et plus lourde, énorme oxymore.

- Je ne touche pas le siège mais j'ai le volant en main. Je t'avais dis que je ne reculais jamais devant un challenge.

Il ne pipe mot et se contente de reculer son siège pour que nous soyons plus à l'aise. Ses pieds quittent les pédales et ses mains lâchent le volant. J'ai désormais le plein contrôle du véhicule.

Il reste coit de mon audace, qui me surprend moi-même. Mais je sais que je n'ai pas affaires au Prince mais à Chiago, deux personnes différentes habitant la même enveloppe charnelle. La réaction est diamétralement opposée selon lequel des deux est de sorti sur le moment.

Un rire nerveux secoue ses entrailles et me fait bouger légèrement. Je tourne ma tête vers lui pour lui sourire. Sourire qu'il me rend chaleureusement. Je savoure chaque instant de ce moment et le capture mentalement , Chiago tout sourire, sa fossette creusée, adorable.

L'ambiance change, devient plus électrique, mes yeux sont attirés par sa bouche comme des aimants. Son regard quitte le mien, pour passer sur mes lèvres fines, puis sur mon cou. Il se penche et dépose un bisou plume sur ma nuque, suivi de plusieurs autres, de plus en plus appuyés. Au fur et à mesure, il remonte vers le creux, derrière mon oreille, mon point sensible. Il suçote la peau avec patience et désir. Je ne réponds plus de rien, un gémissement incontrôlé s'échappe de ma bouche.

Je freine et me gare sur le bord de la chaussée. Cédant au désir, à la tentation que cet Apollon représente, j'attrape sa nuque et colle précipitamment mes lèvres sur les siennes.
Explosions.

***

Je suis de retour, apprès une dizaine de jours (oui oui oui enfin). J'espère que ce chapitre vous a plu, la suite ne tardera pas à arriver, demain je dirais. 

Les choses se corsent entre nos deux (presque) tourtereaux, décidément bien attirés l'n par l'autre... 

La suite au prochain chapitre...

- C

Prince ProtectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant