Nous nous retournons tous les deux vers la source de ce bruit étrange, et je découvre que la porte avec laquelle j'ai été en tête à tête pendant un quart d'heure s'était ouverte pour laisser place à la seule personne que je ne voulais pas voir aujourd'hui : Chiago.
Aujourd'hui, il est habillé d'un simple jogging gris et d'un tee-shirt blanc, d'une épaisseur tellement insignifiante que je n'ai aucun mal à distinguer sa musculature plus que développée au travers. Mes yeux se fixent sur ses abdo-minaux contractés. Je fais divaguer mon regard sur chacun de ses muscles, tous tendus presqu'à l'extrême. Une veine dans son cou, dénudé par le col en V de son haut, pulse rapidement. Mes prunelles hypnotisées suivent le chemin de son sang jusqu'à arriver à son visage. Sa mâchoire carrée absolument virile est tendue comme un arc, ses yeux lancent des éclairs à celui qui se tient à côté de moi. Sa voix glaciale ramène mon cerveau au présent :
- Chasse gardée Roméo, va chercher ta Juliette ailleurs que dans mon palais..
Un duel de regard s'impose entre les deux hommes,Chiago contre Roméo, yeux bleus contre yeux marrons, le stupéfiant contre l'ordinaire, rendant l'atmosphère pesante. Ma spontanéité ne me laisse pas le temps de réfléchir et s'exclame :
- Je suis pas un animal ou un objet!
Une voix froide et ferme lui réponds sans chercher une quelconque amabilité :
- Tais-toi Jordan, on t'as pas demandé de l'ouvrir.
J'ouvre grands les yeux, brusquée par ses propos. Malgré toutes les fois où je lui ai tenu tête jamais ce foutu bonhomme que je dois protéger ne m'a vraiment dit de me la fermer aussi directement.
Le regard de Chiago est toujours dans celui du dénommé Roméo.Je n'ai même pas eu le droit à une minuscule œillade. A croire que je suis à son service. Enfin, je le suis mais pas comme cela.
Je le dévisage quelques instants avec amertume et finit par tourner les talons pour me diriger à l'opposé du trop plein de testostérone dont débordent ces deux foutus hommes.
Alors que j'allais tourner dans un nouveau couloir, différemment décoré que celui dans lequel je me trouvais à l'instant, sa voix, devenue si familière à mes oreilles depuis quelques jours, me stoppe encore :
- Tu comptes recommencer à tourner en rond dans les couloirs encore longtemps ? T'entendre râler à voix haute est lourd à la fin...
Je fronce les sourcils, pas sûre de bien comprendre.
- Alors tu étais derrière ta porte durant tout le temps où je cherchais mon chemin ?
Il me répond de son haïssable sourire en coin, que je tenterais bien de lui arracher à coups d'ongles longs, lentement et douloureusement. J'imagine déjà l'effroi sur son visage, la colère aussi, la douleur, un surplus de sentiments venant s'opposé à son habituelle façade froide, sans émotions. Je jubile.
Perdues dans mes douces pensées, je ne remarque seulement quand on claque des doigts sous mes yeux que je suis partie bien trop loin dans les abysses de mon esprit l'espace de quelques secondes. L'aîné de la famille royale se tient devant moi, une dizaine de centimètre séparant nos corps. Mon coeur se met à battre si fort que j'ai peur qu'il l'entende.
Je déteste l'effet qu'il a inconsciemment sur moi. Je le déteste lui aussi d'ailleurs. Pourquoi m'a-t-il montrer cette partie agréable de lui hier soir ? Maintenant je sais que cette attitude n'est qu'apparence et ça me donne envie de creuser plus loin. Je le hais puisque je n'arrive pas à le détester.
- Tu veux peut-être que je t'aide à retrouver ton chemin ? A moins que tu veuille rester ici pour la nuit...
Mes yeux dans les siens, je ne réponds pas, abasourdie par mes précédentes réflexions. Pourquoi lui ? Des milliards d'hommes sur Terre et le seul qui m'intrigue est un message crypté, dont il me manque l'outil pour le comprendre.
- Très bien, dans ce cas, bonne nuit à toi, bonnes recherches.
Il me tourne le dos pour regagner sa chambre m'offrant une vue sur ses muscles dorsaux tout aussi développés que ses pectoraux. Décidément, chez cet homme, tout est développé, sauf certaines parties du cerveau.
Je me réveille de ma sorte de transe quand je réalise que je ne veux pas continuer à chercher durant des heures la sortie. Indéniablement, j'ai besoin de lui.
- Non, attends! S'il te plaît.
Il se retourne avec la lenteur des beaux gosses dans les films hollywoodiens, au ralenti. Ses sourcils haussés et son petit sourire vainqueur mettent un coup de plus à ma fierté, déjà bien mise à mal aujourd'hui.
Il croise ses bras sur son torse, attendant sûrement que je finisse ma phrase et lui demande ce qu'il attends d'entendre.
Je soupire et reprends d'une voix monocorde :
- J'ai besoin de trouver mon chemin. Il me fait signe avec sa main de continuer. Pourrais-tu... m'aider ?
Ma gorge est brûlante. Ses quelques mots me l'ont écorchée, comme rarement c'était arrivé avant.
Son air suffisant m'horripile. Une autre envie sanguinolente me reprends, pire que la première.
- Suis-moi.
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Prince Protection
ChickLitJordan est une jeune femme au caractère fort qui tente de faire sa place dans un milieu masculin, bourré de macho. Quand une annonce paraît dans le journal pour être le garde du corps attitré du prince, elle n'hésite pas une seconde et fonce tête ba...