Chapitre 15

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Il est huit heures tapantes quand je me gare devant le palais. Sur les innombrables marches, m'attend la princesse vêtue simplement, les cheveux noués en une tresse collée contre le crâne.

Elle se lève et époussette son short en jean clair, volontairement usé par endroit. Pochette rose poudrée, sur l'épaule, sandales plates aux pieds, elle me rejoint à ma voiture.

J'en sors rapidement pour la saluer, lunettes de soleil sur le nez. J'allais me baisser pour faire la référence habituelle quand une main douce, parfaitement manucurée se pose sur mon bras dénudé, comme pour m'en dissuader.

Lily-Rose, la princesse, approche sa joue de la mienne pour me faire la bise rapidement. Je me fige quelques secondes surprise par ce geste pourtant si naturel avant de lui adresser un sourire.

- Bonjour Jordan, tu vas bien ?

Sa bonne humeur semble un rayon de soleil supplémentaire à cette journée déjà bien ensoleillée. Elle brille d'une façon qui lui est propre, attirant les regards.

- Bien et vous ?

Elle grimace un petit peu et me reprends bien vite avec sa douceur habituelle :

- Pas de ça entre nous s'il te plaît. J'ai certainement cinq ou six ans de moins que toi, alors il est préférable de se tutoyer. Et appelle moi Lily-Rose, ou même Rosie, comme mes amies. Je n'aime pas toutes ces convenances moyenâgeuses ridicules à mes yeux.

Ce scénario me rapelle curieusement celui avec son frère, l'arrogance en moins, la gentillesse en plus. Et elle, elle ne met pas de date butoir à notre rapprochement.

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Le serveur arrive avec nos commandes et dépose le Frapuccino devant Lily-Rose et le Latte devant moi. Nous nous interrompons quelques secondes pour le remercier poliment puis nous reprenons notre discussion de façon naturelle.

J'ai découvert en Rosie un certain nombre de points communs à ma personne. En haut de la longue liste, notre amour commun pour les délicieuses boissons Starbucks. Ensuite, l'amour que nous portons aux bêtes, notre sensibilité face aux enfants abandonnés, et tout un tas d'autres choses.

Sans grand étonnement, j'apprends à connaître une personne joyeuse et bienveillante avec le même petit grain de folie que moi. Ses répliques tantôt drôles tantôt sérieuses rythment ma matinée, jusqu'à la pose déjeuner, pendant trois heures de magasinage.

Lorsque midi sonne, nos bras sont déjà chargés de sacs de différentes tailles et couleurs. Nous regagnent joyeusement ma voiture pour nous en débarrasser et trouver un endroit pour nous remplir l'estomac, criant famine.

- McDo ou Burger King ?

Ses yeux se perdent quelques instants dans le vide pour réfléchir, sa bouche tordue sur le côté.

- Première proposition.

Rosie passe donc gaiement son bras sous le mien et nous nous dirigeons vers le service de restauration rapide choisi, bras dessus bras dessous, comme les meilleures amies du monde.

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- Un menu Maxi Best-of s'il vous plaît.

- Trois CrocMcDo, une grande frite et un grand Sprite s'il vous plaît.

Nos commandes passées, nous allons choisir une table pour nous installer.

En trouver une assez propre à McDonald's est un vrai challenge mais nous finissons par y arriver. C'est fou combien certaines personnes peuvent manquer de manières ou d'hygiène.

Nos deux petites pochettes à nos côtés, installées confortablement sur les banquettes, j'en profite pour retirer mes sandales à talons qui torturent mes pieds depuis ce matin. Quelle idée stupide de mettre de pareilles chaussures pour éplucher les magasins...

- Alors, avec mon crétin de frère, tu as pu reparler depuis hier ?

J'hoche la tête et lui raconte mes péripéties de la veille après que je sois sortie de sa chambre. Elle sourit du début à la fin, parfois blasée par le comportement de son frère.

- Qui est ce Roméo, au juste ?

Rose me répond avec un grand sourire, plissant son petit nez :

- Le fils du cousin de ma mère. Aucun sang princier, un simple cousin éloigné, comme chien et chat avec Chiago. Ses deux là ne cessent de se chercher, de se taquiner mais je crois qu'au fond, ils s'apprécient.

Nos menus arrivent sur des plateaux et viennent embaumer mes narines. Mes papilles frétillent d'anticipation, pressées d'y goûter.

Je déballe mon premier sandwich, et relève la tête pour souhaiter un bon appétit à ma partenaire de shopping. Je tombe sur une vue peu glamour de cette dernière en train de croquer à pleines dents dans son Big Mac, en poussant un petit gémissement de plaisir.

Je pouffe de rire, amusée de cette image. Décidément, plus les heures défilent et plus le portrait calme que je m'étais fait de la princesse s'effrite. Et celui que je découvre n'en est que plus satisfaisant. Malgré des lourdes fonctions, cette perle rare arrive à vivre pleinement sa jeunesse sans se soucier de l'avis des autres. Je lui en suis admirative.

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Prince ProtectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant