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La princesse éclate de rire, avec grâce. Un son cristallin résonne à mes oreilles et j'admire cet éclat mélodieux, au strict opposé de mon rire croisant la hyène et la baleine, résultant d'un bruit parfois - souvent - loufoque.
Je me lève de son lit, et me dirige vers la porte. Je me stoppe sur le seuil et me retourne, sans grâce. Je suis décidément l'opposé de cette belle créature que le royaume se bénit chaque jour de posséder. De nos jours, une femme telle qu'elle, restée humble malgré sa beauté et sa richesse est une bénédiction. Je prends la parole :
"- A quelle heure dois-je être ici demain matin ?"
"- Huit heures."
J'hoche la tête en souriant, et referme la porte derrière moi, après avoir tiré une référence respectueuse. J'essaie de me rappeler le chemin que nous avions pris pour monter, et tourne un certain nombres de fois, de couloirs en couloirs. Seulement ma mémoire semble me jouer des tours puisque j'atterris à chaque fois au même endroit, entre deux couloirs, devant une porte en bois massif qui me paraît fort familière, mais que je n'arrive pas à replacer.
Je jure pour la septième fois en moins de dix minutes, et m'arrête.
J'aurais bien demandé à des gardes mon chemin, mais je n'en ai trouvé aucun. Je jette un coup d'œil sur ma montre Daniel Wellington, que mes parents m'ont offerte deux ans en arrière et déchiffre l'heure. Lire avec les aiguilles n'est définitivement pas un plaisir. Après quelques secondes, je réussi à lire qu'il est déjà vingts heures vingt-quatre. Il me semble avoir entendu que les gardes finissaient leur service à dix neuf heures trente. Normal que je n'en trouve aucun donc.
Je m'appuie contre le mur du couloir, en face de cette même porte, toujours aussi fermée que la première fois que je suis passée devant, et respire un coup, j'essaye une nouvelle fois de refaire le trajet, dans un espoir vain de retrouver la salle de boxe, où idéalement la sortie de ce labyrinthe. Je me perds donc dans des réflexions profondes, me parlant à moi même puisque personne n'est présent dans ces fichus couloirs. Un défaut m'ayant déjà causé des situations gênantes dans le passé.
Un raclement de gorge grave me fait sursauter brutalement. Une voix, tout aussi grave que le précédent bruit enchaîne sans se préoccuper de m'avoir effrayée :
- Puis-je aider une jolie demoiselle en détresse ?
Je me remets en appui sur mes deux jambes et tourne sur moi-même, mais je n'aperçois personne. Pourtant, je sais que je ne suis pas folle, quelqu'un vient bien de s'adresser à moi.
Je perds patience, totalement excédée par ce stupide jeu de cache - cache, enfantin :
"- Bon, ce n'est pas drôle, vous pouvez sortir de votre cachette."
Je retourne une nouvelle fois sur moi-même n'apercevant personne une fois de plus. Je souffle et grommelle tout bas.La voix ne m'est pas familière, mais je commence à avoir des doutes sur l'identité de ce satané blagueur. Je continue de grommeler tout bas dans ma barbe
"- Encore un coup de satané prince, ah ça, j'en suis sûre ! "
Soudain, une main se pose sur mon épaule. Des doigts frêles apparaissent sous mes yeux et je me retourne, sur mes gardes, prête à me défendre.
"- J'aimerais bien, mais non je ne suis pas le Prince, donc je réitère ma question, avez-vous besoin d'aide ?"
Un beau blond, au charme typiquement espagnol se tient devant moi. Ses yeux d'un marron banal me scrute sans vergogne, de haut en bas, lourdement. Je claque des doigts devant ses yeux pour le faire revenir sur terre. Je grogne, mon ton reflétant à l'instar de mon visage, mon expression du moment, plus que grincheuse :
- Mes yeux sont plus haut, imbécile.
Monsieur ne s'est pas privé pour profiter du dégagement sur ma poitrine qu'offre ma simple brassière de sport bourgogne. Je la remonte sèchement, avec une étrange envie de lui coller mon poing dans sa belle gueule de mec lourdingue.
- Splendides yeux, mais je préférais la vue quelques centimètres plus bas.
Plus il parle, plus sa beauté s'efface à mes yeux pour laisser place à un dragueur lourd et peu intéressant. Une frustrante envie de le remettre en place enfle dans mon corps et mon esprit est sur le point d'y céder quand un craquement de bois se fait entendre.
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Le lourdeau en média, à imaginer avec des yeux marrons.
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Prince Protection
ChickLitJordan est une jeune femme au caractère fort qui tente de faire sa place dans un milieu masculin, bourré de macho. Quand une annonce paraît dans le journal pour être le garde du corps attitré du prince, elle n'hésite pas une seconde et fonce tête ba...