Chapitre 30

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Pour mon plus grand bonheur, deux grands chevaux ont été sorti par le Prince. Selles, licols, et étriers en place. Je n'ai qu'à monter dessus, et le faire avancer. 

Le grand brun à mes côtés me donnent des conseils pour réussir à ne pas tomber dès le début, rester en selle ne va pas être une mince affaire... Je l'écoute attentivement, passionnée par ses dires. De  la manière dont il s'exprime, je sens que cette activité lui tient à cœur. Il parle calmement en accompagnant ces paroles par des gestes, ses yeux tantôt bloqués dans les miens, tantôt sur le cheval, qui est enfaite une jument du nom de "Terca", littéralement "têtue" en espagnol. Si elle répond à son prénom, cela promet !

- Pose ton genou gauche sur mes mains, je vais t'aider à monter. 

Les mains de l'Appolon, croisées en coupe, n'attendent que ma jambe. Je fais ce qu'il m'a demandé et malgré le tissu de bonne qualité du jean de Athanasia, une sensation aussi commune qu'inconnue m'envahit. Son toucher m'envoie deux ou trois heures plus tôt, dans cette voiture, moi sur lui, mes lèvres sur les siennes, se battant en duel pour prendre le dessus de cet échange passionné.

Bon sang Jordan, calme toi ! Il ne te touche que le genou, le genou !

Je secoue la tête imperceptiblement et prends appui sur ma jambe droite pour finalement pousser sur mon genou gauche. Il me pousse vers le haut, en harmonie avec mon impulsion, et j'arrive à cheval sur la jument. Cette sensation de hauteur qui me prends aux tripes est exquise : un mélange d'appréhension, d'excitation et d'euphorie. Si monter à cheval provoque toujours ces émotions, je recommence dès demain !

J'attrape avec mes deux mains les deux rennes, et celui qui m'a servi d'escabeau les place correctement à l'intérieur de mes paumes. J'en lâche un de suite après pour donner une caresse à l'animal dont je serais la cavalière pour les heures à suivre, mais mécontente je suppose, elle grogne. Surprise, je retire immédiatement ma main pour reprendre le renne. 

Ma réaction fait rire le Prince, alors qu'il monte agilement sur son cheval. Celui-ci est entièrement noir, de la robe aux yeux en passant par la crinière. Il me fait étrangement penser à son cavalier ténébreux. Diablement sexy, dressé fièrement sur sa monture. 

- Fais comme je t'ai expliqué, exerce une pression avec tes pieds sur les flancs de ta jument. Sois franche, sûre de toi. Si tu hésites, elle le sentira et n'en fera qu'à sa tête.

Mes pieds pressent l'animal des deux côtés mais elle ne réagit pas. Plus fort cette fois, je recommence mon geste. Sous ma demande, ses pattes se mettent en action, et elle avance au pas. Chiago se cale à côté de moi, le regard posé sur moi et non sur la route. 

Mon bassin balance d'avant en arrière, en rythme avec les mouvements de ma monture. Si au début je suis raide, je comprends bien vite que je dois me détendre si je veux rentrer sans tensions anormales aux lombaires.

Le temps défile au même titre que le paysage. Les arbres deviennent de plus en plus nombreux, le ciel de moins en moins voyant. Un claustrophobe se sentirai mal. Mais moi, je suis bien, à l'aise.

- Je vois que tu te débrouilles bien alors on va essayer de trotter. Suis moi, et surtout fais comme je t'ai expliquée. 

Je sers les rennes entre mes mains plus fermement, et m'agrippe à la crinière blanche de ma jument. Mes talons s'enfoncent dans les flancs de Terca, et comme si elle se rappelait de son nom, elle se stoppe soudainement. Je manque de passer par dessus quand elle baisse sèchement la tête pour arracher une grosse ration d'herbe. 

Comme si de rien était, elle repart au pas. Décidée à me faire respecter, je répète mon geste, mes talons contre ses flancs. Aucun résultat n'arrive.

- Si tu veux jouer à la plus têtue tu vas perdre ma belle, je suis coriace...

Finalement après une dizaine de minutes de gue-guerre, sous le regard amusé du Prince, j'arrive enfin à la faire partir au trot, suivie de près par l'étalon noir.

Un grondement résonne et quelques petits instants plus tard, sans que nous ne comprenions quoi que ce soit, des litres d'eau coulent à flot sur nous. Les chevaux, effrayés partent au galop. 

Alors que j'essaye de ne pas tomber, une jambe en dehors de l'étrier, qui s'est fait la male lors du départ brusque de la jument, le Prince me crie des instructions pour que je reste en selle. Je tente tant bien que mal de les appliquer, je finis par retrouver un semblant d'équilibre. 

Le cheval noir se poste à côté de moi quand Chiago réussi à en reprendre le contrôle. Ma jument quant à elle reste incontrôlable. A toute vitesse, devant moi, une branche d'arbre se dessine. Je me plaque à la vitesse de la lumière contre ma monture pour ne pas me faire faucher. Seule ma bombe cogne contre, heureusement qu'elle est là celle-là, ça aurait pu être ma tête...

Mes rennes me sont arrachés des mains, et une voix, celle du Prince, m'ordonne -encore-, une chose folle.

-  Saute !

***

Prince ProtectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant