Mes fesses bien installées sur le siège confortable de la limousine réservée par la famille royale pour l'occasion, mon regard fixe les paysages qui défilent derrière la vitre. Ils sont idylliques. Des kilomètres de mer turquoise, aux nuances orangées reflétées par l'eau à cause du soleil couchant.
Ce spectacle de la nature me fait rêver, la soirée à venir sort de ma tête pour quelques minutes. Je finis par la pivoter vers les sièges en face de moi, où est installé le prince. Il a étendu ses jambes sur les assises à côté de lui et calé son bras gauche sur la portière. Ses yeux, pour une fois détachés de tout appareil technologique, restent fixés dans le vide. Ses longs doigts tapotent un rythme sur le cuir, comme le ferait un pianiste. Son pied tressaute en harmonie avec sa main. Dans cette position, on pourrait croire à un dieu. Les boutons de son col sont détachés, les deux pans de la cravate pendent le long de son torse moulé dans une chemise bleu nuit. Ses jambes fuselées habillées d'un pantalon noir juste assez large, ne font que perfectionner sa tenue. Ses lèvres restent entrouvertes, sa barbe de quelques jours lui retire tout air juvénile. Elle lui confère a elle seule charisme et charme obscure. Alliée avec ses perles bleues, n'importe quel regard est attiré. Cet homme aimante l'attention, peu importe sa nature.
Ses prunelles rencontrent les miennes, elles se connectent entre elles. On dit que les yeux sont le miroir de l'âme. D'habitude avec lui, j'ai beau regarder des centaines de fois, je n'y vois que toujours plus d'indifférence, parfois mêlée à de l'arrogance ou de la moquerie, d'autres à de la colère.
Mais aujourd'hui fait exception. Quelque chose nous relient, comme si le mur de l'ignorance s'était temporairement effrité pour me permettre d'entrevoir plus, de traverser le faussé qui nous sépare d'ordinaire, sans avoir peur d'y laisser des plumes. D'apercevoir un brin d'émotions positives. Une flamme brûle au cœur de ses pupilles, et reflète un certain apaisement. Cette impression est compliquée à décrire mais je suis persuadée qu'il ressent la même chose de son côté.
Nous nous détournons l'un de l'autre seulement quand la voiture s'arrête. J'ai perdu tout sens d'orientation. Comme si nous étions dans un espace-temps parallèle, ralenti. Un homme en costume noir ouvre la porte et Chiago s'y engouffre pour finalement me tendre un bras à l'extérieur. Il fait un signe de tête à ses huit gardes du corps, présent pour ne pas laisser le doute s'immiscer dans l'esprit des gens. Ici, je ne suis que Jordan Diaxin, accompagnatrice privilégiée du prince, sûrement considérée comme l'une de ses conquêtes.
Bien que je sois amplement capable de le protéger seule, s'il était venu qu'avec moi, cela serait paru étrange puisqu'il ne sort jamais qu'en sa seule compagnie, il est constamment entouré de gardes. Cependant, je ne le plains pas, car au sein du château j'ai entendu dire qu'il est roi pour se jouer de ses protecteurs et qu'il trouve toujours le moyen de sortir sans protection.
Un tapis rouge a été déroulé identique à celui installé pour le festival de Cannes. Je sers plus fort le bras du beau brun qui m'accompagne quand une multitude de flash nous agressent.Nous faisons notre plus beau sourire sans presser le pas pour rentrer à l'intérieur, indépendamment de ma volonté. Le prince semble apprécier parader devant autant de monde, et malgré mes nombreux signes de détresse, il ne réagit pas. Je le soupçonne de se réjouir de me voir peu à mon aise. Au fil des mètres que nous parcourons, je me détends de plus en plus et je finis même par desserrer mon emprise sur son bras, que je serrais férocement.
Les yeux de la foule braqués sur nous me brûle la nuque quand nous passons le pas de l'immense salle de réception, décorée exclusivement dans les tons rouges. Les regards de toutes les personnes présentes se tournent sur nous, et des messes-basses parcourt la salle au fur et à mesure de notre progression. Nous avons fait une entrée spectaculaire...
Les regards de certaines femmes sont admirateurs tandis que d'autres sont jaloux. Les hommes eux, me dévisagent de haut en bas, exceptés ceux qui sont accompagnés et respectueux de leur compagne. Certaines bouches s'ouvrent devant ma robe. Le Prince avait raison, elle est la plus courte de la salle mais aussi la plus voyante, pourtant elle m'arrive juste au-dessus du genou.
Cette attention à mon égard n'est pas déplaisante même plutôt flatteuse. Plaire est toujours agréable peu importe la modestie dont certaines personnes font preuve, elles se mentent à elles même. Personne ne rejette une flatterie.
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Prince Protection
ChickLitJordan est une jeune femme au caractère fort qui tente de faire sa place dans un milieu masculin, bourré de macho. Quand une annonce paraît dans le journal pour être le garde du corps attitré du prince, elle n'hésite pas une seconde et fonce tête ba...