Chapitre 12

310 13 0
                                    

                      ***

                        *

Je râle tandis que Diego bombe le torse fier de lui. J'entends comme un petit résonnement dans la salle, semblable à celui de mon égo qui se fracasse sur le sol, dans une chute sans frein. Ma fierté lui vient à la rescousse comme pour le sauvé, mais finit par s'effondrer elle aussi, pour aller épongée les débris qu'il a laissé éparpillé.

Je passe sous les cordes en même temps que le blond pour me retrouver les deux pieds sur le parquet, froid. Je frotte mes mains contre mes cuisses comme pour en essuyer la sueur causée par ce petit moment intensif durant lequel, ni mon égo, ni ma fierté n'ont survécu.

Une grande main vient désordonner mes cheveux relevés en une couette haute, par un frottement de paume.

- Fais pas cette tête, Novice, on peux pas gagner à tous les coups. Et puis soyons honnêtes, j'ai vu ton crochet arrivé à des kilomètres...

Je détourne la tête du vainqueur de notre mini-combat sans piper mot et aperçoit une  longue chevelure brune soyeuse qui retombe sur des hanches fines, habillées d'un jolie pantalon chino taille haute, soulignant les divines courbes de la princesse. La couleur moutarde de son vêtement s'accorde à merveille avec ses baskets blanches, aussi propre que celles de Diego. Une petite chemise en flanelle écru accompagne cette tenue sans artifices, enfermant ses frêles épaules et sa petite poitrine avec élégance. Des lunettes de soleil Dior perchée sur le haut de sa tête, la petite dernière de la famille royale nous adresse un sourire absolument adorable qui plisse presque imperceptiblement le bord de ses yeux bleus, identiques à ceux de son frère.

Je m'empresse de faire une référence dans le même mouvement que celui de Diego. Humble, elle nous salue de la même manière, en retour.

"- Bonjour Jordan."

Elle se contente d'un signe de tête en direction de mon adversaire.

"- Pourrais-je te parler seule à seule s'il te plaît ?

Je hoche la tête, lui emboîtant le pas.  Je me demande bien ce qu'elle pourrait me dire. Je n'ai fais aucune faute la concernant elle directement, je ne lui ai jamais causé préjudice, ni à elle, ni à sa famille.

"- A plus perdante !"

Je souffle et lève les yeux au ciel, la princesse craquant un petit rire. C'est donc ma défaite en travers de la gorge que je suis ce magnifique petit bout de femme, un air ronchon sur le visage.

Nous marchons en silence, jusqu'à une pièce que je juge être sa chambre. Je m'arrête sur le seuil de la porte tandis qu'elle s'assoit sur son lit. Elle me fait signe, avec ses grands yeux bleus de la rejoindre, mais je secoue énergiquement la tête de droite à gauche. Le chambranle en marbre de la porte est d'une froideur agréable contre ma paume. Sa chambre dans les tons gris et bleus, comme ma maison, inspire la bienveillance, une certaine chaleur se loge au creux de mon être. Ses yeux m'incitent fixement à dépasser le seuil de cette porte mais je n'en ai le droit, bien que je ne me sois privée dans celle du prince. Alors je lui indique, en dodelinant de la tête de droite à gauche plusieurs fois :

"- Je n'ai pas le droit de rentrer dans les chambres princières..."

Elle me regarde malicieusement, un petit sourire au coin de ses fines lèvres. Son nez fin est légèrement retroussé et ses sourcils un peu surélevés. Plus je l'observe, plus je trouve cette jeune femme d'une beauté naturelle rare. Peu de maquillage camoufle son visage, un simple trait de crayon et un rouge à lèvres rosée. Rare sont les femmes qui peuvent se vanter d'une beauté comme la sienne. Sa voix s'élève dans la chambre comme une douce mélodie :

"- Tu aurais dû lire le règlement plus en détail. Tu n'as effectivement pas le droit de rentrer dans les chambres princières, sauf avec autorisation de l'un des membres de la famille royale."

Je hausse les épaules, notant dans un coin de ma tête de relire plus précisément, le règlement que j'ai signé. Je m'avance dans la pièce et pose mes petites fesses sur le rebord de son grand lit, recouvert de magnifiques parures pourpre en soie. Cette couleur casse avec celle des murs, mais les deux s'accordent étrangement bien.

Elle rejette ses longs cheveux bruns derrière ses épaules, et prends la parole, d'une voix douce, une fois de plus :

"- J'aimerais que tu m'accompagnes à ma journée shopping demain. Je préfère largement que ce soit toi plutôt qu'une de ses armoires à glace, inexpressives qui ne connaissent rien à la mode."

Je souris timidement, une première pour moi, ravie de cette proposition. L'idée d'apprendre à connaître cette jeune femme qui dégouline de douceur par tous les pores me réjouit. Peu en on l'opportunité et je suis bien décidée à la saisir, consciente de ma chance peu commune.

"- Bien alors. Oh! Et j'allais oublier, mon frère peut être un sacré crétin quand il veux, ne te fis pas à son ton plus que froid et sa manière de se servir des gens, au fond, il est quelqu'un de bien."

Je grogne et lâche rapidement une de mes remarques acerbes, un peu puériles comme j'en ai l'habitude. C'est plus fort que moi, elles sortent plus vite de ma bouche que je ne les ai pensés. Ma spontanéité me causera du tort un jour, je le sais. Pour autant, me contenir est impossible, ma langue refuse de coopérer.

"- Il doit être sacrément profond alors hein..."

***

*

Princesse en média.

Prince ProtectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant