Chapitre 22

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AIDEN

AUJOURD'HUI

- Bon, j'y vais, dis-je pour la cinquième fois. 

- Oui, tu l'as déjà dis, mon pote. Aller, il faut y aller maintenant, me dis Léo.

Sam, les bras croisés sur le volant de sa voiture, me fait les gros yeux.

- Il flippe à mort, le con, renchérit-il.

Je leur présente mon majeur et sort de la voiture avant de vraiment commencer à flipper. Je trottine comme je peux jusqu'à l'immeuble que m'a indiqué la soeur de Rose et sonne à l'interphone.

J'attend d'interminable seconde quand enfin j'entend sa voix pour la première fois.

- Qui est-ce ? dit-elle.

- B...bonjour, bégaye-je, je suis Aiden Garland, je voudrais voir Rose. 

- Je ne connais pas de Aiden, désolé, me répond t-elle.

C'est bien elle...

- Attendez, s'il vous plait ! Je suis le jeune homme victime de l'accident de voiture !

J'espère qu'elle va me croire, qu'elle acceptera de me voir.

J'attend, j'attend encore. J'ai peur qu'elle ai raccroché, alors je demande :

- Rose, s'il vous plait... 

- Ou...oui... 4eme étage, finit-elle par répondre.

Je ne me fait pas prier et monte quatre à quatre les marches, ignorant la douleur qui fuse dans ma jambe droite.

Je reprend mon souffle une fois arrivé au 4ème étage et pousse la porte déjà entrouverte.

Une jeune femme rousse aux cheveux longs, petite et menue se tient presque à l'autre bout de ce gigantesque appartement.

Je ferme la porte doucement et m'approche de quelques pas. Elle est aussi terrifié que moi. Je me demande un instant ce que je fais là, puis c'est là que je l'aperçois : une trentaine de bougie et des tas de cires entourent une photo posée sur une étagère en bois juste en dessous de la fenêtre du salon, derrière Rose. Je regarde le visage immortalisé sur la photo, un visage jeune, des yeux rieurs et des cheveux bouclés. Exactement comme je me l'était imaginé.

Elle doit se rendre compte de ce que je regarde puisque Rose se déplace de quelque pas, si bien que je ne peux plus voir la photo du petit garçon.

- C'est mon frère, dit-elle.

Un souffle d'ange. Sa voix est forcément le souffle d'un ange.

- Je sais, dis-je. Je sais.

Je m'approche d'elle d'un pas plus assuré, en boitant légèrement. Elle le remarque et son expression change du tout au tout. Comme si tout en elle s'effondrait.

- Je suis vivant, Rose. Je vais bien, regarde, lui dis-je en lui tendant ma main.

Je veux qu'elle me sente, qu'elle me touche. Qu'elle voit que je suis là, malgré tout.

Aussi sur d'elle qu'elle peut l'être en cet instant étrange, avec un inconnu dans son salon, elle prend ma main.

Et je jure que tout mon corps s'est électrisé à son contact. Sa peau sur la mienne est un touché divin.

Un son sort de sa bouche mais je ne parviens pas à comprendre ce qu'elle dit. Rose continu de balbutier, mais je ne comprend rien.

Elle lève alors ses yeux vers moi, deux billes vertes au reflets d'or qui me scrutent. Et tout devient clair, ma venue ici, cette chose qui me poussait à la rencontrer. Je veux absolument tout savoir sur elle.

Rose hausse la voix et je comprend désormais ce qu'elle dit:

- D...désolée... je suis tellement désolée, tellement désolée...

Elle répète ça sans s'arrêter, je ne sais combien de fois. Elle secoue la tête, je sens sa main trembler, je vois ses larmes. Avant qu'elle ne s'écroule, je l'a prend dans mes bras. Je m'attend à ce qu'elle me rejette, me pousse, me hurle dessus. Mais elle n'en fait rien.

Au contraire, putain. 

Mes heures, tes joursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant