Avril 2019, Edmonton, Alberta, Canada.
Tout était noir. Le sol, le plafond, les murs matelassés nageaient dans une vapeur trouble qui les rendaient difformes. Marcus ne savait pas depuis combien de temps il se trouvait là, des heures, des jours, des semaines peut-être. Il tâtonnait dans la pénombre, percevait ce qu'il avait toujours senti depuis, une impression de terreur sourde qui résonnait à ces oreilles. De temps à autre, il butait contre la lourde porte métallique qui le maintenait prisonnier, et dont le toucher glacé le sortait un peu de sa torpeur. Le jour, la nuit, la chaleur, tout demeurait un rêve illusoire caché bien loin dans son subconscient lorsqu'il parvenait à dormir.
Soudain, Marcus sentit des ombres blanches pénétrer dans le caveau où il moisissait. Il leva les bras en vaine tentative de défense, mais les spectres l'emportèrent. Il entendit dans leur souffle de simples mots qui résonnèrent à ses oreilles: " Il est prêt". Marcus n'avait plus suffisamment de forces pour se débattre ou même pour marcher, alors les fantômes le trainèrent dans une pièce immaculée d'une lumière blafarde qui lui ôta la vue comme l'auraient fait les ténèbres.
Marcus se laissa soulever et lourdement jeter sur un fauteuil baroque où des liens l'enserrèrent aussitôt. Puis, à mesure que sa vue revenait peu à peu, les brumeux esprits amenèrent ce qui parut être un miroir, et le placèrent face à lui.
Non, ce n'était pas un miroir, c'était tordu, plutôt une pièce de métal, un métal clair et argenté. Mais elle criait, cette plaque semblait même hurler d'une dissonance atroce ! Ces grincements insupportables résonnaient dans son crâne et le plongeait dans une souffrance mordante et acérée. Ses mains entravées ne pouvait l'aider alors que Marcus crut que ses oreilles explosaient, pourtant les spectres eux, s'en moquaient.
Ils rirent alors qu'ils rapprochaient de plus en plus l'acier infernal de son visage. Le reflet déformé qu'il lui renvoyait ne faisait qu'accentuer sa détresse. Marcus se tortillait dans son fauteuil alors que la douleur le rendait fou. Il n'avait aucune échappatoire. Les sifflements aigus s'accentuèrent dans sa tête et son cerveau comme de milliers de lames invisibles.
— Pitié! Arrêtez!! supplia l'impuissant jeune homme.
Les fantômes ne réagirent qu'en collant finalement la plaque sur le front du supplicié, Marcus comprit alors qu'il allait mourir lorsqu'il sentit son esprit vaciller sous la torture mentale. Il ne pouvait plus prononcer mot, il ne pouvait que penser.
Que ça s'arrête par pitié! Je veux être ailleurs, n'importe où sauf ici! Disparaître, je veux disparaître!
- Disparaître!!!! reprit-il dans un dernier hurlement de douleur indescriptible.
Alors tout s'arrêta. La douleur, la peine, la torture. Il ne resta plus que Marcus Vermont et son dernier mot résonnant dans la pièce confinée.
Et ainsi fut-il.
***
Le jeune homme se réveilla brusquement dans un cri de surprise et se redressa instantanément, son torse nu et ses tempes étaient trempés de sueur tandis qu'il respirait brutalement en se réveillant de ce cauchemar. Tout paraissait si vrai, comme s'il revivait cette horrible expérience encore et encore. Il s'essuya le front d'un revers de la main et tourna la tête vers celle qui partageait son lit pour constater qu'il ne l'avait pas réveillée. Tant mieux.
Marcus repoussa la couverture et sortit promptement du lit. Une chaleur suffocante l'entourait et le prenait à la gorge. Nullement préoccupé par sa nudité, il éprouva le besoin d'aller vers la fenêtre de la chambre et de l'ouvrir le plus silencieusement possible. L'agréable brise nocturne du printemps canadien lui parut plus fraîche alors qu'elle caressait son visage humide et brulant, cela lui procura la sensation de soulagement intense et immédiat dont il avait tant la nécessité. Marcus contempla le clair de lune luisant, qui illuminait les arbres et les toits d'Edmonton. Il aurait pu rester ainsi tout le restant de la nuit comme cette vision le reposait et l'apaisait.
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Le Vœu d'être meilleur
Science FictionTout le monde a un jour voulu être meilleur, passer outre ses défauts et devenir quelqu'un d'exceptionnel. Jeffrey Slart est de ceux-là. Constamment brimé pour son manque de physique et de beauté, il en a nourri la volonté de s'élever. Pourquoi pas...