Avril 2019, Edmonton, Alberta, Canada.
- Ah Marcus te voilà, je me demandais où tu étais passé! se réjouit le shérif Digger Jones.
Le jeune homme arrivait à peine de son quartier résidentiel au pas de course. Il n'avait eu de cesse de constater l'état désormais déplorable du champ de bataille qu'était devenue Edmonton. Les rues étaient jonchées de débris, de cendres et de poussières, quand cela n'était pas de corps sans vie de défenseurs, pour la plupart de simples pères de famille qui avaient seulement souhaité protéger leurs foyers. Pas des soldats, pas des militaires. Des boulangers, des employés du tertiaire, des ouvriers, des maçons, des policiers qui n'avaient pas hésité une seconde à se battre pour leur cité. Ils avaient fait, et pour la plupart continuaient à faire face à des abominations terrifiantes, dont la seule vue pouvait horrifier le plus valeureux des combattants, des mutants les dépassant parfois même en taille, poussés comme des animaux acculés à se raccrocher coûte que coûte à leur vie abrégée.
Les défenseurs d'Edmonton s'étaient battus avec un héroïsme exemplaire, sans substance infernale décuplant leurs capacités, ni pouvoirs méta-humains.
Marcus déglutit bruyamment en parvenant presque essoufflé jusqu'à Digger et ses acolytes. Le quinquagénaire vieillissant affichait des traits tirés, des cernes immenses et surtout, nota Marcus, l'absence de sa célèbre pipe. Son uniforme, bien que recouvert de son manteau de laine coutumier pour la veille de nuit, était nimbé de poussière, voire déchiré à plusieurs endroits. Même sa moustache, qui revêtait pour lui un caractère presque sacré, était en désordre. De toute évidence, le shérif avait, comme le méta-humain, passé une mauvaise nuit. Les hommes qui le suivaient étaient également tous marqués par la fatigue et l'éreintement, ils s'étaient battu toute la nuit, sans se reposer, sans fuir, ni déserter.
- Tout va comme tu veux Marcus? interrogea Digger.
Le jeune homme s'arrêta et se reposa en s'appuyant sur ses genoux, haletant encore de sa course.
- Oui...oui... Je... Je... Il fallait que je m'assure que Victoria aille bien, dit-il en reprenant son souffle.
Il ne fallait en aucun cas révéler qu'ils hébergeaient une méta-humaine, venue des clans de surcroît. Surtout maintenant qu'elle savait que, lui aussi, en était un. La sécurité de celle qu'il aimait, ainsi que la sienne, en dépendait.
Digger acquiesça d'un mouvement de son chapeau.
- Je comprends, si elle s'est barricadée, il n'y aura pas de soucis. Quant à moi je ne m'en fais pas, j'en viendrais même à plaindre ceux qui enfonceraient la porte pour tomber sur ma tendre et douce moitié.
Le vieil homme éclata d'un rire sonore, repris par une majeure partie des suivants rassemblés derrière lui. Le shérif était décidément toujours prompt à détendre l'atmosphère même au milieu du chaos le plus insondable.
- Bon, assez ri, reprit-il, j'ai pu m'entretenir avec le maire, on évacue la ville dès demain matin. On se dirigera vers Calgary où les secours nous prêterons assistance et la cité en elle-même une protection suffisante. Ils ne sont, quant à eux, pas assiégés, nous pourrons donc nous y rendre par voie ferroviaire.
Le protecteur de la loi s'effila la moustache d'un air inquiet.
- J'espère juste que nous tiendrons jusque là, je vais pas vous le cacher, ça ne sera pas de la tarte. Il y a un trou béant dans notre enceinte et nos citoyens sont fatigués et saignés à blanc. Le gros des clans mutants se sont repliés, mais certains baguenaudent encore dans nos murs. Alors voilà le plan, les communications par haut-parleurs sont HS, alors on va se séparer en divers groupes, on a pas mal de surface à couvrir. Formez des binômes, dont un ira à la gare assurer les préparatifs de départ et la protection des voies. Les autres iront faire chaque quartier de la ville pour prévenir les citoyens retranchés chez eux de préparer leurs affaires et leur évacuation. On abandonne Edmonton.
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Le Vœu d'être meilleur
Science FictionTout le monde a un jour voulu être meilleur, passer outre ses défauts et devenir quelqu'un d'exceptionnel. Jeffrey Slart est de ceux-là. Constamment brimé pour son manque de physique et de beauté, il en a nourri la volonté de s'élever. Pourquoi pas...