Chapitre XIII

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Je reste un moment assis sur mon fauteuil, le regard dans le vide. Cette courte conversation m'a affecté plus que je ne le pensais. Même si mes souvenirs datent d'il y a plus d'un siècle, ils sont toujours aussi clairs et précis dans ma mémoire. J'ai l'impression que c'était hier, que je cavalais à cheval dans les champs avec ma sœur et mon meilleur ami. Nous étions un trio inséparable, unis comme les cinq doigts de la main. Mon regard se pose sur le premier tiroir de mon bureau, je fixe pendant quelques secondes le bois. Mon cœur se serre tandis qu'une vague de nostalgie m'envahit. Je me lève pour aller fermer la porte à clef, j'ai besoin d'être seul et je ne voudrais pas qu'une Amé curieuse entre dans la pièce maintenant sous peine de devoir expliquer certaines choses. Quelques secondes plus tard, je me laisse tomber dans mon fauteuil. Je pousse un long soupir et tire d'un coup sec la poignée du tiroir en chêne, pour accéder au double fond. C'est ma petite cachette secrète. La dernière fois que je l'ai ouvert, si mes souvenirs sont bons, cela remonte à il y a deux ans. J'avais cédé le jour de l'anniversaire de Lise. Je sors délicatement les papiers qui s'y trouvent et les pose devant moi, sur le bureau.


J'attrape une feuille, il s'agit d'une photo en noir et blanc de ma sœur et moi. C'était révolutionnaire, les premières photographies ! Nous sommes bras-dessus, bras-dessous. Je dois avoir une quinzaine d'années et elle onze-douze ans. Nous sourions de toutes nos dents avec nos beaux habits du dimanche. Si je me souviens bien, la robe de Lise était bleu marine, sa couleur préférée. Elle disait que ça se mariait à merveille avec ses cheveux châtains. Je pense souvent à elle, beaucoup de choses dans la vie quotidienne ou à la télévision me la rappelle. Une pêche, son fruit préféré. Une robe bleue. Une fillette ou une adolescente avec des cheveux bruns ondulés. Des frères et sœurs en train de se chamailler. Elle me manque terriblement, elle a eu la chance de mourir humaine et d'avoir eu une belle et longue vie.


Sur la photographie suivante, on peut voir ma mère, Marie, et ma sœur vers l'âge de quinze ans. Ma génitrice est assise dans un fauteuil et Lise se tient debout, derrière, les mains posées sur ses épaules. Elles ont l'air bien sérieuses toutes les deux. La prochaine représente la même scène, seul le visage de ma frangine change : elle tire la langue, la chipie. Lise est le portrait craché de ma mère, en plus jeune. Elle a hérité de ses beaux et longs cheveux ondulés châtains et de ses yeux bleus. Même leur sourire est identique.


Sur une autre, nous posons en famille. Les parents sont assis sur un sofa, et nous, les enfants, nous nous tenons debout derrière. Nous sommes tous très sérieux, avec nos plus beaux habits. On avait plutôt intérêt à bien nous tenir si nous ne voulions pas nous ramasser une raclée après la séance photo. Ma mère était adorable, mais mon père était un vrai tyran, une ordure. Il nous battait, ma mère, ma sœur et moi. Tout le monde y passait. Il nous frappait souvent à des endroits qui ne se voyaient pas, surtout pour les filles. C'était plus sûr, même si à cette époque-là, c'était des précautions inutiles. Personne n'aurait osé aider ou parler de ce genre de choses. On ne se mêlait pas de la vie des autres, ce qui se passait dans les maisons restait dans les maisons. Chacun voit midi à sa porte comme on dit.


Quand vers seize ans, j'ai eu la force de nous défendre, je n'ai pas hésité à défier mon père. Il était hors de question que je me laisse faire, ou que je continue à regarder cette ordure frapper ma mère et ma sœur comme si de rien n'était. Il y en a eu une paire des bagarres à la maison. J'attrape la dernière photo, je sais très bien ce qu'elle représente avant même d'y jeter un regard. Lorsque mes yeux se posent sur le papier, je me sens bouillir de rage. Je dois avoir vingt-deux, vingt-trois ans sur ce cliché et je monte ma jument, Myrtille. Je porte un fin pantalon de couleur foncé -noir d'après mes souvenirs- et une chemise blanche ample de l'époque. 


Je fixe la deuxième personne présente sur l'image. Il est lui aussi assis sur sa jument, Mirabelle, habillé de la même façon que moi. Il sourit, le regard vers l'objectif. Ce traître, qui m'a tout pris par pur égoïsme. Jamais je ne lui pardonnerais, jamais. De nombreuses émotions se bousculent : colère, tristesse, nostalgie, trahison et déception. Je pense souvent à lui, mais le voir comme ça tout sourire sur une photo m'enrage. Celui qui fût mon meilleur ami : Gabriel.


Un bruit me sort de mes pensées. On vient de toquer. Je sursaute et panique à l'idée qu'on entre dans la pièce maintenant. Personne ne doit voir ses photos, encore moins Amé. Je tourne la tête vers la porte, je vois et entends la poignée tourner. Les battements de mon cœur s'accélèrent, ma poitrine se soulève au rythme de ma respiration irrégulière. Alors que je m'attends à être surpris avec ses photos insolites, la porte reste close. Mais oui, quel benêt ! Je l'ai fermé à clef. Je respire un bon coup, soulagé.


— Dra ? interroge la voix avec hésitation.

— J'arrive !


Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé pendant que j'étais plongé dans mon passé. Je me dépêche de ranger tout mon bazar dans sa cachette, les photos et les papiers. Je le fais vite, mais bien. Hors de question d'abîmer mes précieux souvenirs. Je m'active à faire disparaître toutes ses preuves de mon ancienne existence et me lève pour aller ouvrir. Amé apparaît sur le pas de la porte. Elle s'est changée. Elle porte un leggings de sport noir, qui moule à perfection ses formes et un t-shirt rose pâle. 


Mon regard est attiré par son cou, qui m'a l'air très appétissant. J'entends le sang pulser à l'intérieur de ses veines, je ne l'ai encore jamais goûté, mais j'en meurs d'envie. Je suis sûr qu'il a un petit goût sucré. Je salive, j'en ai l'eau à la bouche rien qu' d'y penser. Je déglutis difficilement. Amé me parle, je l'entends, mais mes oreilles sont focalisées sur autre chose. Mes yeux fixent son cou blanc, le bruit de son sang coulant dans ses veines résonne dans ma tête. Je sens mes crocs sortir lentement de mes gencives pour recouvrir mes canines humaines. La bouche fermée, je déglutis. Bon sang, je n'en peux plus ! Tout se passe si vite, je ne contrôle plus rien, pas même mon propre corps. D'un mouvement vif, je plonge sur elle et plante mes crocs dans son cou.


Edité : Août 2021

Voilà un nouveau chapitre, je sais vous vous dite "mais nonnnnn pourquoi elle coupe ici !" Héhé c'est mon petit côté Sadique <3 

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Voilà un nouveau chapitre, je sais vous vous dite "mais nonnnnn pourquoi elle coupe ici !" Héhé c'est mon petit côté Sadique <3 

J'espère qu'il vous aura plus ! :)

En média, la pierre précieuse Améthyste.

A bientôt 

Bisous !

Hanna


Dracula Où les histoires vivent. Découvrez maintenant