Chapitre XXXV

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- AME - 


Tout se passe si vite. Je tourne brusquement le volant à gauche pour l'éviter au dernier moment, mais malheureusement, c'est sans compter l'aquaplaning. Je perds le contrôle de mon véhicule, les pneus glissent sur le macadam. Je hurle tout en essayant de maîtriser au mieux mon véhicule, sans succès. Je traverse la voie sens inverse, avant de sortir de la route. Je presse la pédale de frein le plus fort possible, pour tenter d'arrêter l'automobile. Échec. La voiture dévale le ravin avant de faire quelques tonneaux. Je suis secouée dans tous les sens, heureusement la ceinture de sécurité me maintiens un minimum. Les bruits sont horribles : mes cris sont mêlés aux chocs de la carrosseries contre le sol. J'ai l'impression d'être broyée à l'intérieure de mon propre véhicule. Vais-je mourir après avoir rencontrer mes parents bibliologiques ? Seule et effrayée au milieu de nul part ?


La voiture se stabilise une fois en bas du ravin, à l'endroit, les roues sur la terre ferme. Je relativise en me disant que cela aurait pu être pire, elle aurait pu se retrouver sur le toit et moi la tête à l'envers. On va dire que dans mon malheur, j'ai un peu de chance. Les airbags sortis, la voiture déformée par les tonneaux qu'elle a fait précédemment. Je sens quelque chose de chaud coulée le long de ma tempe. Je pose délicatement trois doigts contre mon visage et les retire. Je vois un liquide rouge sur mon index, mon majeur et mon annulaire : du sang. J'ai dû me cognée violemment la tête lors de la chute, mais tout s'est passé tellement vite que je n'ai pas réalisé. 


Je réalise également que ma jambe droite est écrasée entre le siège et le volant. J'ai mal partout, j'ai l'impression d'être passée sous un rouleau compresseur. Je défais ma ceinture de sécurité et tente de bouger pour dégager ma cuisse, sans succès. J'ai beau me tortiller et tirer comme je peux, le résultat est le même. Elle reste fermement bloquée. Comment je vais sortir de ce pétrin ? Les larmes me montent aux yeux. Je ne les retiens pas et les laissent dévaler le long de mes joues. Pourquoi est-ce que toutes ses situations merdiques m'arrivent à moi ? Le meurtre et ensuite l'accident ? J'en ai marre, je suis fatiguée et lasse. Ce foutu karma ne peut pas me laisser un peu tranquille ?


Je dois vite sortir de là, mais je n'y arriverai pas toute seule. C'est impossible. Je pense tout de suite à une personne, mon sauveur depuis toujours : Dracula. Il faut que je l'appelle pour qu'il me sorte de cette voiture. Je cherche du regard mon sac à main, qui dans la chute, a valsé au pied du siège passager avant. Evidemment, ça aurait été trop beau s'il était resté sur l'assise. J'aurai peut-être dû lui mettre la ceinture de sécurité tiens. Je pousse un soupir. Je n'arriverais jamais à l'atteindre... Je tends néanmoins mon bras droit le plus loin possible, mais il n'atteint pas sa cible. Mon portable est hors de portée.


J'attrape la poignée côté conducteur et essaye d'ouvrir la porte. Celle-ci reste close. Impossible de l'ouvrir. Je la secoue violemment dans l'espoir qu'elle finisse par céder. Je fais chou blanc, la chute l'a bloqué. Soudain, la panique me gagne. Comment vais-je sortir d'ici ? Comment va-t-on me retrouver ? La route était déserte, personne m'a vu ma sortie de route pour prévenir les secours. Personne ne sait que je suis bloquée au milieu de nul part, seule et blessée. Pourquoi je me retrouve toujours dans des situations improbables ?


Les battements de mon cœur s'emballement. Ma respiration s'accélèrent, je peine à retrouver mon souffle. J'ai l'impression de suffoquer dans cette prison de métal. Je manque d'air, je n'arrive pas à remplir mes poumons d'oxygène. Je ressens des fourmis dans tous mes membres, mes mains tremblent. Je reconnais cette sensation. Je suis en train de faire une crise d'angoisse. Ah, c'est vachement le moment ! J'essaye de vider ma tête et me calmer. Je prends une longue et bruyante inspiration avant d'expirer de la même façon. Je répète ces actions une trentaine de fois, jusqu'à ce que mon rythme cardiaque reviennent à la normal.


Je perds la notion du temps, je ne sais pas depuis combien de minutes ou d'heures, je suis ici. J'ai l'impression que cela fait une éternité. Je commence à ressentir le froid extérieur, l'habitacle se refroidi doucement. Épuisée par le choc émotionnel de l'accident, je sens la fatigue me gagner. Mes paupières se font lourdes. Mes yeux se ferment, j'ai envie de dormir. Juste quelques minutes. Peut-être qu'à mon réveil, je serais au chaud à l'hôpital.


Une voix me crie de rester éveillée et de ne pas céder à la fatigue. J'essaye tant bien que mal de ne pas céder à l'épuisement. J'appuie délicatement ma tête contre la vitre froide et humide.


— Amé ! s'écrit une voix.

— Dra ! m'écrié-je.


Je ressens un grand soulagement en apercevant son visage familier. Des larmes coulent le long de mes joies. De joie et de fatigue. Je suis tellement contente de le voir. Il va enfin me sortir de là. J'attends qu'il m'aide à m'extirper de la voiture, mais il reste planté devant la fenêtre. Il est raide comme un poteau et me fixe à travers la vitre. A quoi il joue ? Qu'est-ce qu'il attend pour faire quelque chose ?


— Aide moi ! crié-je


Il fait un pas vers l'avant et s'approche de la portière conducteur. Il serre le poing et l'envoi dans la fenêtre, qui se brisent. Des morceaux de verre s'éparpillent à travers l'habitable. Je cris tout en me couvrant le visage avec mes mains. Il a perdu la tête ou quoi ?! Et c'est quoi cette force de Hulk ! Quelques secondes plus tard, je baisse mes bras et lance un regard noir à Dracula.


— Non mais t'es malade !


Mais celui-ci reste silencieux. Il me dévisage, le visage impassible. Qu'est-ce qui lui arrive ? Il approche sa main de mon visage. Je pense qu'il va me caresser la joue ou touché ma blessure à ma tempe, mais je me trompe. Il enserre mon cou de ses doigts. Il resserre son emprise, bloquant mes voies respiratoires... J'étouffe, je commence à manquer d'oxygène.

— Dra, m'étranglé-je.

Je pose mes mains contre les siennes et essaye de le faire lâcher prise. Je tire de toutes mes forces, sans succès. Je suis trop faible, je ne fais pas le poids face à un homme. Je suis sans défense. L'homme qui m'a toujours protégée jusqu'à aujourd'hui est en train de me tuer. Je suffoque, la gorge me brûle. J'ai besoin d'air, maintenant. Il me dévisage indifférent, j'ai l'impression de n'être rien à ses yeux. C'est triste, le dernier visage que je vais voir avant de mourir est celui de l'homme que j'aime, mais aussi de mon meurtrier. Des larmes coulent le long de mes joues.


Trou noir.


Je me réveille en sursaut sur mon siège conducteur. Un cauchemar, c'était juste un horrible cauchemar. Je m'étais assoupie. Je pousse un soupir de soulagement. Evidemment que ça ne pouvait pas être vrai, Dra ne me ferait jamais de mal. Quitte à dormir un peu, je ne pouvais pas rêver de licorne ou alors de vacances au soleil. J'aurais pu baver devant les abdo de l'Apollon qui dort tous les soirs, sous le même toit que moi. Mais non, mon imbécile de cerveau préfère me voir mourir.


Je jette un coup d'œil à l'extérieur. Je ne sais pas combien de temps je me suis assoupie, mais la nuit commence à tombée. Etant fin décembre, je dirais qu'il n'est pas loin de dix-sept heures.


Soudain, il me semble apercevoir une silhouette au loin. Ah non ! Je ne me suis quand même pas rendormi en quelques secondes ?! Ça ne va quand même pas recommencer ces hallucinations ? Je plisse les yeux pour essayer de mieux distinguer la masse. J'ai l'impression qu'elle se rapproche lentement. Très lentement. On dirait un humain. Est-ce la réalité ou mon imagination ? J'espère et prie pour que ça soit Dra. Qu'il m'est trouvé par je ne sais quel moyen et qu'il soit là pour me sauver.


— Aide moi, chuchoté-je d'une petite voix.


La silhouette avance doucement. Les contours semblent flous, mais je sais une chose : il ne s'agit pas de Dra. 

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