Chapitre XXXII

6K 585 106
                                    


- DRACULA -


Une jeune fille se tient sur le pas de la porte. Mince, je n'imaginais pas la rencontre aussi rapide. Pourquoi diable, a-t-il fallut que ça soit elle qui nous accueille ? Amé et l'inconnue se fixent. Leurs expressions passent de la surprise au choc. Les jambes de ma petite protégés semblent se dérober sous ses pieds, je la rattrape de justesse. Je passe une main derrière son dos et enserre sa taille pour l'aider à tenir debout. Elle nage en plein cauchemar. C'est comme si elle faisait face à un miroir qui lui renvoi sa propre image. Où plus précisément sa jumelle. Je ne l'avais jamais vu en chair et en os, seulement en photos que mon détective m'avait remis. Elle est effectivement le portrait craché d'Amé, avec un carré plongeant. Seules leurs coupes de cheveux les différencient. Je suis moi-même déboussolé par la scène. C'est extrêmement étrange de voir quelqu'un identique à la personne qu'on aime. Je jette un regard à cette dernière. Elle est livide, blanc comme un linge. Je peux entendre les battements de son cœur accélérer.


— C'est quoi ce bordel ?! s'exclame l'inconnue. Maman, hurle-t-elle.


Quelques secondes plus tard, une femme d'une quarantaine d'années apparaît aux côtés de sa fille. La ressemble entre la mère et ses enfants est frappante, on ne peut nier le lien familiale qui les unis. Ses cheveux châtains foncés sont attachés en queue de cheval. Elle porte un chemisier blanc et un pantalon noir. Ses yeux verts s'écarquillent lorsque qu'ils se posent sur Amé et sa petite couverture rose. Elle reconnait l'enfant qu'elle a lâchement abandonné devant ma porte, il y a vingt ans. Elle porte sa main devant sa bouche légèrement ouverte.


— Oh mon dieu, lâche-t-elle la gorge nouée par l'émotion.


Je jette un œil à Amé. Elle dévisage tour à tour, les deux femmes devant elle. Les lèvres pincées, les yeux humides, elle tente de retenir ses larmes. Elle vient de comprendre. Ses parents ont donnés naissances non pas à une, mais à deux jolies petites filles. Malheureusement, ils ont choisi d'en garder qu'une seule. Ils ont abandonné l'autre dont ils ne voulaient pas, elle. La vérité est parfois cruelle et injuste, Amé vient de l'apprendre à ses dépends. Elle était à milles lieux de la réalité, jamais elle n'avait pensé et imaginé avoir une sœur.


— Ma chérie, va préparer du thé. Je vais installer nos invités dans le salon. Entrez, nous invite-t-elle d'un geste.


Amé reste immobile, elle est encore choquée. Elle a visiblement beaucoup de mal à encaisser la nouvelle et je la comprends. Je lui caresse doucement le dos et la pousse délicatement à l'intérieur. On suit Madame Blanchard, dans le plus grand silence. On pénètre dans une pièce où se trouve deux canapés et trois fauteuils en cuir et une grande télévision. L'ambiance est chaleureuse. Le feu qui danse dans la cheminée apaise, mais il en faudrait plus pour détendre la boule de nerf qui se trouve à côté de moi. En ce moment, elle fait fasse à deux fortes émotions : la tristesse et la haine.


— Je vous en prie, asseyez vous, nous invite Madame Blanchard.


Elle désigne une banquette et prend place sur celle en face. Son regard ne quitte pas Amé, mais cette dernière évite soigneusement tout contact visuel. Il règne un grand silence jusqu'à ce que la jumelle entre dans la pièce avec un plateau, qu'elle place au centre de la table basse. Sa mère se penche pour déposer une tasse de thé devant nous. La copie conforme d'Amé prends place auprès de sa génitrice avant d'observer d'un air mauvais et hautain sa sœur.

Dracula Où les histoires vivent. Découvrez maintenant