Chapitre XL

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- AME -


Je sens sa présence derrière moi, mais je ne me retourne pas. Je fixe toujours le caveau familiale devant moi.


— Amé, qu'est-ce que tu fais là ? demande-t-il.


J'entends le bruit de ses pas se rapprocher. Il doit être à moins d'un mètre maintenant, mais je n'arrive pas encore pas à lui faire face. J'ai la gorge nouée, je ne sais pas quoi lui dire ni même par quoi commencer. Je redoutais tant cette discussion, mais maintenant qu'il est là, je ne peux plus y échapper. Les larmes ne tardent pas à me monter aux yeux. Je cligne rapidement des paupières pour les ravaler, je ne veux pas déjà craquer. Je prends mon courage à deux mains et me retourne enfin pour l'affronter. Mes yeux croisent son doux regard noisette. Il est si beau, là devant moi, tiré à quatre épingles. Pourquoi diable n'est-il pas comme pas ? Humain ? Une larme s'échappe et coule lentement le long de ma joue.


— Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiète-t-il. Tu as mal ? Ta blessure te lance ?


Il fait un pas en avant, mais instinctivement, je recule. Je dois maintenir une distance suffisante entre nous, c'est impératif. L'attirance et l'alchimie qu'il y a entre nous est déjà difficile à combattre, alors je préfère garder un périmètre de sécurité.


— Oui, soufflé-je.


— Retournons à l'hôpital, ordonne-t-il.


Il franchit l'espace qui nous sépare à une vitesse déconcertante et m'attrape le poignet. Je suis surprise par sa soudaine rapidité, j'ai eu l'impression qu'il s'était téléporté, là, devant moi. Est-ce un de ses supers pouvoirs dont j'ignorais l'existence jusqu'à présent ?


— Non, m'étranglé-je.


Je proteste aussi bien contre le fait de retourner me faire examiner que par ce contact inattendu. Je me dégage gentiment de sa prise et soutiens tant bien que mal son regard perplexe.


— Ça ne servirait à rien. Ce n'est pas à la tête que j'ai mal, mais ici....


Je joins le geste à la parole et pose ma main contre ma poitrine.


— J'ai mal au cœur Dra, gémis-je.

— Au cœur ? répète-t-il.

— Oui, atrocement mal, soufflé-je.

— Comment ça ? Ça te fait quoi ? panique-t-il.

— Je t'ai toujours reproché tes mensonges, mais je me rends compte que je ne suis pas plus honnête que toi. Et moi qui te faisais la morale, je suis bien stupide.

—  De quoi tu parles Amé ? Je ne comprends rien à ce que tu racontes....


Il m'observe en silence pendant quelques secondes avant de reprendre la parole, furieux.


—  Je le zigouiller ! Je vais aller tuer ce médecin de pacotille ! Il a minimisé la chose, tu as reçu un plus gros traumatisme à la tête qu'il ne le dit. Allons à l'hôpital, tu vas aller refaire des examens et moi, je vais aller dire deux mots à ce charlatan ! Je vais écrire une lettre à son supérieur, il ne perd rien pour attendre celui-là.


J'esquisse un sourire. Décidément, quand il s'agit de moi, il perd rapidement son sang-froid. Ça m'a toujours beaucoup amusé et touché. Mais je décide d'ignorer ce qu'il vient de dire et je poursuis.


— Je sais qui tu es, ou plutôt ce que tu es, Dra. Enfin, je devrais peut-être t'appeler Alucard ?


Son visage se décompose. Il passe de la panique à la surprise, puis enfin à la peur. Il  est choqué que j'ai pu prononcer son prénom, celui que sa mère lui à donner à sa naissance, il y a plus d'un siècle. J'attends qu'il parle, qu'il dise un mot, mais seul le silence me répond. Il est pris au dépourvu et semble incapable de trouver ses mots. Il entrouvre la bouche puis la referme, et ce plusieurs fois. Alors je poursuis à sa place.


Dracula Où les histoires vivent. Découvrez maintenant