Que Gelgar nous ait rejoints ne m'a d'abord pas beaucoup plu. Mais finalement, nous nous sommes bien plus amusés à trois. Nanaba a été adorable, comme à son habitude - elle a eu la bonne idée de ne pas se parfumer, ce qui aurait masqué sa bonne odeur naturelle - mais je pense en avoir trop fait pour elle. La vue de mon costume l'a amusée, elle ne pensait pas que j'irais si loin. Nous avons dîné ensemble et j'ai fini par me sentir mal à l'aise avec, alors j'ai enlevé la veste, ce qui m'a donné l'air plus décontracté.
J'ai vite compris qu'il n'y aurait jamais rien entre elle et moi. Sa compagnie est très agréable, sa conversation aussi, mais je ne pense pas que ce soit une bonne chose de transformer notre relation en autre chose que ce qu'elle est. C'est Erwin qui en serait content, lui qui n'arrêtait pas de me faire la morale... Nous sommes de bons amis et des compagnons de route, et cela suffit bien assez, je pense. Même si nos mains se sont frôlées, cela n'ira pas plus loin. Je me sens un peu soulagé, au moins c'est une chose dont je n'ai plus à me soucier.
Quand nous sommes sortis du restaurant de Shiganshina, nous avons croisés Gelgar qui passait par là, les bras chargés de pâtisseries. Mon premier mouvement a été de m'éloigner, mais Nanaba nous a guidés vers lui et l'ambiance s'est allégée. Il a essayé de faire du gringue à Nanaba mais avec aussi peu de succès que moi, ce qui m'a réjoui intérieurement. Finalement, nous avons tous les trois arpenté le boulevard en bons amis et sommes maintenant assis sur un banc, devant l'un des petits sapins du nord de la ville, dévorant les gâteaux délicieux que Gelgar nous a généreusement offerts. C'est pas un mauvais gars en vrai. Et c'est un bon chef d'équipe, à ce qu'il paraît. Autant bien s'entendre.
Nanaba marchant entre nous deux, nous descendons l'avenue vers le centre en devisant de choses totalement futiles - Gelgar veut tout le temps qu'on s'arrête boire un verre -, quand je remarque des visages connus. Une silhouette élancée et agitée nous fait signe de la main et Hanji déboule de l'autre côté de la rue, suivie d'un Moblit chargé de paquets et essoufflé. Elle s'immobilise près de moi et commence à me raconter à toute vitesse sa soirée, si bien que je n'y comprends pas grand chose. Du calme, ma grande, pose-toi une minute et prend un gâteau. Elle te va bien, ta robe, c'est vraiment rare de te voir en porter...
Moblit pose son chargement sur un banc et se frotte le front. Toujours au boulot, pas vrai ? Elle te laissera jamais un instant de paix. Qu'est-ce que vous avez acheté ? Des jouets ? C'est pour qui tout ça ? Hanji annonce qu'elle voulait les distribuer aux explorateurs encore à l'hôpital pour leur faire plaisir, mais qu'il y en a aussi pour nous. C'est... très gentil de ta part, Hanji. Je ne te savais pas si généreuse...
Elle lance dans mes mains un banal entonnoir en cuivre. Euh, que dois-je faire de ça ? Elle me répond que j'en trouverais sans doute l'usage. Moui, peut-être... Nanaba a droit à un petit cheval à bascule et Gelgar à une bobine de fil rose... Hanji, ce n'est pas que je critique ton attention, c'est très bien de faire des cadeaux aux gens, mais... je pense que tu devrais affiner la chose un peu plus... Enfin, tu vois ce que je veux dire.
Mais Hanji semble parfaitement satisfaite et heureuse, donc je n'insiste pas et place l'entonnoir sur ma tête ; disons que c'est le seul endroit où je peux le ranger... Nanaba remercie Hanji avec un sourire et Gelgar balbutie un merci timide. Nous reprenons tous les cinq le chemin du centre-ville, les oreilles remplies du babillement incessant d'Hanji. J'aide le pauvre Moblit à porter les sacs de cadeaux, et je le sens bien soulagé.
Les illuminations sont magnifiques, et je suis content d'avoir participé à la décoration. Le grand sapin que nous sommes allé chercher et que j'ai aidé à placer brille de mille feux. Nous nous asseyons de nouveau, juste devant, et recommençons à grignoter des gâteaux, les yeux plongés dans les flammes des bougies. Le simple contact physique avec eux tous me réjouit. Ce moment sera si vite terminé, il faut en profiter. Je passe mon bras sur les épaules de Gelgar et lui avoue que je m'étais trompé sur lui, et que je sais qu'on fera du bon travail. Il me rend la pareille et Nanaba applaudit notre confession. Hanji en profite pour déposer un baiser sur la joue de Moblit et le remercier de supporter toutes les corvées qu'elle lui donne tout au long de l'année. Le pauvre garçon rougit jusqu'aux oreilles et répond que c'est parce que Hanji n'arriverait à rien sans lui. Quelle abnégation !
Gelgar s'apprête à nous désigner un bar éclairé pour qu'on aille se souler entre amis, quand Hanji s'exclame de nouveau. Elle montre du doigt l'autre côté de la place et se met à gesticuler comme une folle pour attirer l'attention... de qui ? Je me penche sur le côté et je distingue moi aussi deux personnes, étrangement enlacées, et qui ne me sont pas étrangères... Doucement, Hanji, ne leur saute pas dessus comme ça ! Erwin et Livaï nous remarquent enfin, se lèvent lentement et se dirigent vers nous. Alors comme ça, vous étiez là aussi ? Je pensais que vous étiez restés à la forteresse pour broyer du noir comme deux vieux idiots ! Erwin me révèle que c'était ce que Livaï avait envisagé de faire mais qu'il a réussi à le convaincre de venir à la fête. Alors, Livaï, c'était comment ? Tu t'es amusé ? Il me répond qu'Erwin a pas arrêté de faire le pitre, et notre chef sort discrètement de sa poche une barbe postiche hilarante et la place devant son visage pendant quelques secondes. Hanji éclate de rire et Livaï file un coup de coude à Erwin pour le forcer à reprendre son sérieux. Il arrive à Erwin d'être drôle, Livaï, mais je te conseille d'en profiter car c'est rare. Je distingue sur le coin de la bouche de Livaï un sourire à peine ébauché, signe qu'il a bien conscience de ce que je viens de lui dire et qu'il a dû en profiter pleinement déjà.
Erwin replace son bras sur les épaules de Livaï, et le nain ne semble en ressentir aucune gêne. Quand je pense à comme vous étiez au début de l'année... Vous en avez fait, du chemin, je dois dire... J'aurais jamais imaginé vous voir vous balader comme ça, bras dessus bras dessous, comme les plus vieux amis du monde... La vie est si surprenante.
Hanji recommence sa distribution de cadeaux ; il y en a pour Erwin et Livaï. Le chef récolte une pelote de laine fine d'un bleu vif ; Livaï récupère un chiffon à poussière. Et ben, mon vieux, tu as sans doute eu le meilleur ! En tout cas, il en a l'air satisfait, et remercie Hanji avec sincérité. Erwin tripote la laine avec sérieux et nous informe que s'il a le temps, il se tricotera quelque chose. C'est aussi pour ça que tu es un bon chef, Erwin : tu sais toujours tirer partie de ce que les autres te donnent !
Bon, c'est pas pour changer de sujet, mais il paraît qu'il va y avoir du spectacle ce soir. Je le tiens de source sûre de Hannes lui-même. Si on allait se poser quelque part pour admirer tout ça ? Les consignes de sécurité nous obligent à rester tous dans le centre-ville. Regardez, y en a qui sont déjà montés sur les toits des maisons aux alentours. Trouvons-nous une place !
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Les Chroniques de Livaï ~ Tome 2 [+13]
Fanfiction(LISEZ LE TOME 1 AVANT !!) L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de...