LES DESSINS RACONTENT DES HISTOIRES(octobre 845)Erwin Smith

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Livaï, tu m'écoutes ? Je suis en train de t'expliquer comment serrer les mains et t'incliner devant des aristocrates

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Livaï, tu m'écoutes ? Je suis en train de t'expliquer comment serrer les mains et t'incliner devant des aristocrates. Je sais que ça t'ennuie prodigieusement, mais plus tu t'entêteras, et plus longtemps nous y resterons.

Livaï se frotte la nuque en soupirant. Nous révisons depuis deux bonnes heures les gestes d'usage les plus courants dans le cas d'une réception avec l'élite du Royaume. J'ai moi-même pris beaucoup de temps pour les assimiler, j'imagine que c'est encore plus dur pour lui. Mais il doit être prêt à faire face à certaines situations.

Nous nous trouvons dans un corridor isolée de l'aile du bataillon. Nanaba est présente et joue le rôle d'une dame aristocrate. Cela l'a amusée et elle se prête au jeu en surjouant de façon un peu farfelue, mais elle fait bien. Livaï réussit enfin à sortir une courbette acceptable - ni trop appuyée ni trop discrète, un bras dans le dos - et nous pouvons enfin passer à l'étape suivante. Livaï, cette dame veut entrer dans une pièce dont la porte est fermée ; que fais-tu ?

Il se précipite sur la poignée en bousculant presque Nanaba et ouvre la porte avec fracas. Je me masque le visage ; non, non... Ecoute, un gentilhomme ne doit jamais avoir l'air pressé. Il doit anticiper les mouvements de toute compagne féminine et accomplir cette action avec aisance et grâce. Je lui fais une démonstration, tournant autour de Nanaba sans la gêner, et pousse la porte en l'accompagnant de l'autre côté. Tu vois, il faut se montrer protecteur, prévenant mais pas envahissant. Personne ne doit imaginer des choses à ton sujet, la réputation des dames est quelque chose d'important. Recommence.

Nanaba ressort de la pièce, marche un peu dans le couloir - en agitant ses mains de façon outrageusement maniérée -, Livaï à ses côtés, et fait mine de vouloir pénétrer dans une autre salle. Livaï la devance, avec plus de légèreté cette fois, et lui ouvre le passage avec même un peu de galanterie, ce qui fait la rire. C'est bien, c'est comme ça.

Je les rejoins dans la pièce et remarque que nous nous trouvons dans un vaste débarras. Des tables et des chaises anciennes sont poussées en tas contre les murs, et quelques toiles d'araignée décorent les piquets de bois. Je n'avais pas encore remarqué cet endroit, ce n'est pas très loin de mon bureau, je pourrais peut-être en faire une salle de cours stratégiques...

Bon, nous avons révisé l'essentiel. Dans deux jours, tu devras faire de ton mieux. Voyons si tu te souviens de mes autres enseignements. Quand tu es à table, que dois-tu faire ? Parler, oui, il est mal vu de rester silencieux trop longtemps. Avec qui ? Tes voisins directs, c'est bien. Il faut surtout éviter de ? Jurer et crier, ou d'interpeller quelqu'un par-dessus les couverts, c'est considéré comme très impoli, même si l'alcool coule à flot. Et garde à l'esprit que tu ne dois jamais vider complètement ton assiette, il est de bon ton de laisser quelques restes, cela montre que tu sais te modérer. Oui, je ne m'inquiète pas pour ça. Si une dame près de toi veut s'assoir ? Bien, tu tires sa chaise pour qu'elle prenne place ; comme pour les portes, tu dois anticiper. Il est d'usage que les femmes ne fassent presque rien d'elles-mêmes. Je sais, c'est assez risible au vu de notre quotidien, mais ce sont les usages, on n'y peut rien.

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 2 [+13]Where stories live. Discover now