UN ECLAT DANS LE NOIR(octobre 844)Erwin Smith

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Nous devons vite sortir de cette cuvette car les titans peuvent se dissimuler autour de nous

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Nous devons vite sortir de cette cuvette car les titans peuvent se dissimuler autour de nous. Je ne me sens pas tranquille, mais aussi impatient de découvrir ce qui se trouve devant nous. J'aimerais être en première ligne pour le voir...

Keith nous mène en dehors de la dépression, et nos montures tirent sur leurs membres pour gravir les pentes plus abruptes. Ce ne sont que des collines mais elles se révèlent assez rudes en vérité. Mais il y a quelque chose dont je ne peux détacher les yeux ; un indice évident que nous allons dans la bonne direction : une route. Un sentier, ou un chemin à peine tracé dans l'herbe haute, sans doute emprunté autrefois par des humains, des tailleurs de pierre, des transports peut-être, qui acheminaient les pierres ailleurs. Si nous le suivons, nous déboucherons quelque part.

Au sommet de cette grande montée nous attend peut-être un décor inédit. Je veux le voir le premier.

Mon cheval piaffe aussi d'impatience de s'élancer là-haut, et je me résous à laisser libre cours à ce désir. J'indique à mon escouade de rester en arrière avec le chariot, prête à le défendre si des titans nous attendent de l'autre côté. Mike acquiesce mais Livaï et Greta ne sont pas aussi dociles. Ils préfèrent que je reste avec eux pour les organiser en cas de besoin. Car vu le relief du terrain, se battre de façon conventionnelle peut se révéler difficile.

Je leur donne des instructions précises : protéger le chariot est leur priorité. Battez-vous groupés dans le meilleur des cas, mais si vos camarades sont en difficulté, dispersez-vous pour les aider. Chacun de vous est apte à se débrouiller seul. Mais sachez toujours où se trouvent les autres. Je serais à l'avant avec le major. Si ça tourne mal, fuyez ; je reviendrais vers vous pour vous signaler si un abri se présente.

J'ai confiance, ils sont tous ravitaillés en matériel et les sens en alerte. Je peux les laisser gérer les lignes arrières. Pourvu que le chemin soit dégagé... mais j'en doute. C'est bien trop calme. Je galope vers l'avant du convoi, qui a bientôt atteint le sommet de la colline. La dernière peut-être. De là-haut, la vue sera dégagée. Nous verrons tout de suite ce qui nous attend.

Je parcours les derniers mètres aux côtés de Keith. Nos montures écument sous l'effort, et bientôt nous nous retrouvons sur un terrain plat. Le soleil a déjà traversé le ciel et entamé la seconde partie de sa course avant son coucher. Le vent se lève et porte vers nous un parfum végétal, totalement sauvage, là où je m'attendais à autre chose. Peut-être une odeur salée, mais c'est ridicule...

Car de là où nous sommes, je ne vois rien d'autre qu'une succession de collines plus petites, moins vertes, et au-delà d'autres prairies à perte de vue... Un paysage déprimant par sa banalité et par la présence des monstres qui l'arpentent sans aucun ordre, insouciants mais bien décidés à se diriger vers le nord ; comme tous leurs semblables.

Des titans. Par dizaine, à première vue. Rien d'autre, pas une maison, pas un bâtiment ; seule une forêt aux arbres aussi gigantesques que ceux du Mur Maria attire le regard. Un refuge éventuel ? Si nous n'en trouvons pas de meilleur, ce sera notre dernier recours.

Keith me demande en grinçant ce que nous devons faire maintenant. Je sais ce qu'il insinue : pas d'avant-poste en vue, je me suis planté. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Le sentier continue de serpenter en descendant de l'autre côté. De là où je suis je ne distingue pas où il se dirige, mais nous devons le suivre. Peut-être que de l'autre côté de cette forêt nous attend autre chose ! Nous devons continuer ! Revenir en arrière est exclu !

Le major m'informe de la présence des titans sur notre route. Comme si je ne les avais pas remarqués... Mais nous sommes des explorateurs, pas des couards ! Si personne ne va vérifier ce qui se trouve au bout de cette route, qui le fera, hormis nous ? Je sais qu'il y a quelque chose là-bas, et je m'y rendrais, quitte à le faire seul !

Keith sourit amèrement, peut-être lassé de ma témérité, mais pas totalement. Il sait que j'ai raison. Aussi donne-t-il le signal du départ. Nous descendons les premiers dans cette arène... Le reste du bataillon suit pour l'instant en rangs ordonnés, mais si la bataille se déclenche - ce qui semble inévitable -, il n'est pas certain que tous tiennent leurs positions. Il faut éviter la débandade.

J'enclenche mes lames dans les poignées. J'en ferais tomber un maximum pour épargner les lignes arrières. Le chariot derrière nous est vide, destiné à l'origine à ramener les blessés qui ne peuvent plus chevaucher, ou les corps des soldats tombés ; c'est celui des lignes arrières qui doit rester intact. Si nous le perdons, nous ne ferons pas long feu dans ces terres sauvages.

Mike, Greta, Steffen... pourvu qu'ils s'en sortent... Livaï, tu es le meilleur ; protège-les pour moi... J'embrasse ma lame et presse mon cheval à l'allure de combat. Les premiers titans nous ont repérés. Ils se jettent déjà sur nous !

Courage, major, on se revoit après le combat !

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 2 [+13]Where stories live. Discover now