Chapitre 5 - Le papier toilette de bienvenue

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Le weekend s'écoula assez rapidement. Au matin du lundi, Annabelle était en forme – bien que l'insomnie l'eût de nouveau privé de sommeil. Armée de son anticernes, elle les camoufla tout en remuant son corps au rythme de la musique qui ambiançait la pièce. Quand le résultat lui parut satisfaisant, elle laissa la place à sa voisine qui s'amusa de la voir si enjouée.

- Il doit vraiment être sympa, ce garçon, souffla-t-elle en attrapant sa brosse à dent.

Le sourire qu'elle lui adressait était lourd de sens.

- Avant que tu ne dises quoique ce soit de gênant, l'arrêta la jeune fille, rappelle-toi que l'amitié garçon-fille ça existe.

- Donc, c'est ton ami.

- Je ne pense pas que nous soyons amis, répliqua Annabelle en démêlant ses cheveux rebelles. Il est gentil avec moi et essaye de s'intégrer dans cette ville. Tu n'es pas sans savoir comment sont les gens ici. Enfin, toi c'est différent.

- Merci de souligner ce détail.

George avait été le premier à quitter la maison voisine. Pour la première fois depuis des années, il dut fermer boutique le temps d'une journée pour raisons personnelles. Les fenêtres commandées étaient prêtes à être installées, mais encore fallait-il qu'il les récupère dans la ville d'à côté.

Quand Annabelle fit face à son lieu de résidence en enfourchant son vélo, elle fit une nouvelle moue attristée en découvrant les planches de bois clouées, donnant un aspect sinistre à la demeure. Un petit malin s'était même permis de démontrer ses talents artistiques sur l'une d'elles en représentant un certain attribut masculin à l'aide d'une bombe de peinture.

- Classe, siffla Annabelle avec dégoût.

Quand elle arriva à l'établissement scolaire, elle effectua sa manipulation habituelle, consistant à ajuster son bonnet sur sa tête et y ajouter sa capuche. Sa cape de fantôme étant enfilée, elle entama sa marche vers l'entrée du bâtiment. Il avait neigé au cours de la nuit et une couche de verglas rendait quasi impraticable les marches. Le concierge avait oublié de saler les pavés et déjà quelques chutes avaient été dénombrées.

Elle effectua un détour sur le côté et pénétra dans les lieux par une porte adjacente, faisant face à la foule en quête de chaleur.

« Vivement le printemps » pensa-t-elle en dérobant son regard plus bas.

Elle parvint jusqu'à son casier sans souci, mais à peine eut-elle déposé son doigt sur l'ouverture digitale – qui refusa de nouveau l'ouverture du premier coup - qu'une conversation suscita son attention, ou plutôt les mots employés.

- Il paraît qu'il y avait du sang partout dans la neige, disait l'un.

- Elle les aurait provoquées, ajouta un autre.

- Si elle a essayé d'utiliser sa faculté sur eux, pas étonnant que le Shérif lui ait tiré dessus.

Le sang d'Annabelle sembla se figer tout comme son corps qui se raidit à l'entente de ses paroles. Une Classée s'était fait tirer dessus et elle n'en avait pas entendu parler. Cela devait être récent. Or, dans la région, les Organtiens ne couraient pas les rues, du moins pas depuis la semaine précédente. Peut-être était-ce la mère de Thomas, ou l'une de ses sœurs. Ou alors cette fille dont elle avait déjà omis le nom. Malgré cela, elle se sentit concernée par cette affaire, mais surtout à cause du manque d'empathie commun aux habitants de la région.

Elle serra ses poings avec force et lança un regard sombre vers le groupe d'adolescents à côté d'elle.

- Attention, voilà Fletcher qui s'énerve, se moqua l'un d'eux.

Annabelle Storm - L'héritière d'OrgantiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant