Chapitre 38 - Le plan foireux (2)

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* * *

Dans un mouvement toujours gracile, Cemalis décolla du sol pour contourner le bâtiment et se rendre sur la façade la moins endommagée du bâtiment et également la moins exposée. La capuche toujours sur sa tête, elle s'engouffra dans une ouverture, une fenêtre laissée ouverte par un résident qui, elle l'espérait, avait quitté les lieux à l'approche du vaisseau. Cette hypothèse était plus que probable puisque la rue d'où elle venait était baignée dans un silence mortuaire, comme dans une ville fantôme.

D'un pied léger, elle tâtonna le terrain pour en vérifier sa solidité, prête à bondir au moindre signe d'effondrement. Le lieu était surchargé de poussière et débris. Une fois passé les parties inertes, il n'y avait que des murs retenus par des meubles et des plafonds perforés de toute part. Arrivée à ce stade Cemalis préféra mettre pied à terre et n'utilisa sa faculté que pour se faufiler parmi les petits interstices trop hauts pour sa petite taille. L'immeuble n'était pas très haut dans sa forme originelle. Et en sachant Jude sur le toit au moment de sa chute, Cemalis avait conclu qu'il était tombé un ou deux étage plus bas. Par conséquent, elle devait monter.

Elle se faufila vers une pièce sombre avec l'esprit serein, quoique légèrement tourmenté par le danger qu'elle courrait et l'idée d'arriver trop tard pour Jude. Elle chassa cette dernière idée d'un revers de la main. Plus elle s'avançait dans sa quête et plus il lui était difficile de progresser. Elle devait se pencher, enjamber, sauter même quelques fois, le tout dans la pénombre.

- Jude ? Tu es là ?

Même si elle faisait attention à ses moindres mouvements, le temps leur était compté. L'étau se resserrait autour d'elle et sa poitrine se compressa lorsqu'elle sentit des morceaux de plâtre s'effriter au-dessus de sa tête et faire pleuvoir une fine poussière blanche dans ses cheveux désormais découverts.

N'entendant aucune réponse de sa part, elle se risqua à l'appeler plus fort.

- Jude ! Si tu m'entends, fais-moi signe.

Sa voix se mourut dans les ténèbres. Elle guidait ses pas souples de la lumière émise par son téléphone et évita les obstacles. Très rapidement, elle parvint à atteindre le dernier étage du bâtiment et de là le ciel étendait sa douce lumière parmi les gravats. Elle huma l'air frais qui glissa jusqu'à ses narines et fit remuer ses cheveux.

Puis d'un seul coup, un son lui parvint. Elle sursauta sans retoucher le sol. Le bruit ne cessa pas pour autant. Quelque chose martelait contre du métal et le bruit était assez fort pour parvenir jusqu'à elle et possiblement vers l'extérieur. Mais avec un peu de chance, les échanges de tirs allaient couvrir le bruit. Ce ne pouvait être qu'une seule personne. Elle se précipita, esquiva tout ce qui entravait son chemin. Lorsqu'il était obstrué, elle n'hésitait pas à prendre à pleines mains les meubles lourds et briques pour se frayer un passage. Jude continua son martèlement pour appeler de l'aide, tant que sa force le lui permettait.

- Jude ? l'appela-t-elle en espérant entendre le son de sa voix.

- ...alis, parvint à ses oreilles

C'était tout près. Sans réfléchir elle rallia le son et se heurta à une porte qui devait être celle d'une chambre. Elle était inerte, pour son plus grand étonnement, mais bloqué par quelque chose. Pour s'assurer qu'elle ne faisait pas fausse route, elle appela de nouveau son ami et patienta.

- C'est bien toi, Cem' ?

- Espèce d'andouille ! Tu vas bien ?

Il était juste là, derrière cette fichu porte qui se trouvait être le seul accès à la pièce. Elle jura intérieurement.

Annabelle Storm - L'héritière d'OrgantiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant