Les hommes battus

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Introduction

Chaque année en France, 80.000 hommes souffrent de violences conjugales. Pourtant, aucun refuge n’existe pour eux. En Europe, quelques pays avancent doucement sur la prise en charge de ces victimes.

«C’est un médecin légiste qui a répertorié mes blessures.» Le corps de Maxime Gaget, 38ans, yeux calmes derrière des lunettes fines, restera à vie marqué par les coups de sa compagne. Il lui faudra quatre opérations pour réparer son nez cassé et reconstruire complètement son oreille gauche, explosée par un coup de pied. Auteur du livre Ma compagne, mon bourreau (Éditions Michalon), dans lequel il raconte les souffrances qu’il a vécues durant plus d’un an, Maxime Gaget fait partie des 80.000 hommes français victimes de violences physiques ou sexuelles de la part d’un conjoint ou ex-conjoint selon les derniers chiffres du ministère des Droits des femmes.

Ce sont des affaires dont on parle peu. Comme d'autres hommes, Maxime Gaget a été battu. Menacé et humilié par son ex-compagne pendant quinze mois, il a témoigné au procès de sa femme, jeudi 9 avril devant le tribunal correctionnel de Paris. Cinq ans d'emprisonnement ont été requis dans cette affaire où la procureure a évoqué une «inversion des rôle » avec une «femme bourreau et un homme victime».

Pourtant, si les femmes restent, de loin, les premières victimes de violences conjugales, le cas des hommes battus ou maltraités est moins exceptionnel qu'on pourrait le croire. 149.000 hommes ont été victimes de violences au sein de leur couple en 2012 et 2013, selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (qui s'appuie l'enquête de victimisation «cadre de vie et sécurité»). 398.000 Sur la même période, les femmes étaient toutefois bien plus nombreuses à se déclarer victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint et de leur ex-conjoint.

Un rapide calcul des victimes de violences conjugales montre que les hommes représentent donc 27% des cas de violence conjugales et 17% des cas mortels. La formule: «Tous les trois jours, une femme décède sous les coups de son conjoint» peut toutefois son équivalent pour l’autre sexe: «Tous les 14,5 jours, un homme décède sous les coups de sa conjointe».

Cette violence, plus taboue, est mal représentée par les statistiques. Les hommes en parlent moins, le déclarent moins. Quand 10 femmes sur 100 déposent plainte suite aux violences qu’elles ont subies, seuls 3 hommes sur 100 osent se tourner vers la justice, toujours selon l’ONDRP.

Alors que les violences faites aux femmes font l'objet de plans et de campagnes très médiatisées, il existe peu de structures d’aide aux hommes battus. La première association fondée en 2009, SOS Hommes Battus, affirme recevoir environ 2.500 appels et mails chaque année. La nature des sévices endurés diffère selon les sexes. Les violences conjugales subies par les hommes sont beaucoup plus souvent physiques que sexuelles.

Et, alors que les femmes signalent fréquemment leur ex-compagnon comme leur bourreau, la grande majorité des hommes subissent l'emprise de leur partenaire de vie du moment.

Chiffres comparatifs 2015

Chiffres comparatifs 2015

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