Le repassage des seins

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Introduction

Connaissez-vous le repassage des seins ? Une pratique traditionnelle trop peu connue du monde entier, et pourtant, qui ferait mieux de lever le voile et connaître le véritable calvaire que les jeunes filles pauvres subissent.

Le nom du titre est drôle mais la réalité est plus que cynique...

Qu'est-ce le "repassage des seins" ?

La technique, archaïque, consiste à se servir d'objets préalablement chauffés au cœur d'un brasier, tels que la pierre à écraser utilisée en cuisine, le pilon, la louche, la spatule ou encore des noyaux de cerises. Le but ? Masser les seins pour les faire disparaître. Une opération douloureuse qui se réalise dans l'intimité familiale, en ville comme à la campagne, chez les plus défavorisées comme chez les plus aisées. Ce qui explique en partie le silence qui entoure cette coutume.

Où se pratique-t-il ?

Le repassage des seins semble être largement pratiqué au Cameroun. Le phénomène est courant dans la communauté chrétienne et chez les animistes du sud du pays, moins dans le nord musulman, où seulement 10% de femmes sont concernées. On trouve également des traces de cette pratique en Guinée-Bissau, et dans des pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, comme le Tchad, le Togo, le Bénin et la Guinée.

En 2006, deux anthropologues camerounais, le Dr Flavien Ndonko et Germaine Ngo'o, ont souhaité lever le voile sur cette pratique qui concerne des filles âgées de 12 ans en moyenne et qui s'apparente à de la torture. A eux deux, financés par la GIZ, ils ont interrogé plus de 5.000 femmes et mené une enquête à travers les dix provinces du pays, la seule jamais réalisée à ce jour.

Pourquoi la poitrine ?

La poitrine est un signe extérieur de féminité. Dans des pays où le sexe est encore tabou, elle est souvent vue comme le début «des ennuis». Le repassage des seins a donc pour but de contrôler la vie sexuelle des jeunes filles, où plutôt retarder l'âge de leur premier rapport sexuel.

«Le sexe est généralement un sujet tabou dans la famille camerounaise. On n'en parle pas avec nos enfants. Le massage de la poitrine, c'est notre méthode contraceptive locale», a expliqué une mère à InfoSud.

Néanmoins, le but est tout autre pour certaines jeunes filles issues des zones septentrionales. D'après InfoSud, dans ces régions où les adolescentes sont mariées dès la puberté, le repassage des seins est leur seul moyen d'échapper à une union forcée. Elles se l'infligeraient elles-mêmes afin de poursuivre leur scolarité et ne pas épouser un homme généralement plus âgé.

Quelques chiffres

Les chiffres sont édifiants: une fille sur quatre serait touchée par cette pratique, 53% des adolescentes seraient concernées dans la province de Douala, le long du littoral atlantique, soit près de 3,8 millions de jeunes filles en tout. Dans 58% des cas, le «repassage des seins» serait pratiqué par les mères elles-mêmes.

Quelles sont les conséquences ?

Pourtant, à l'instar de l'excision, le repassage des seins n'est pas sans conséquence sur la santé et, à terme, sur les conditions physique et morale de ces femmes en devenir. Dans beaucoup de cas, la pratique n'a aucune incidence sur la taille de la poitrine mais les kystes et abcès sont fréquents, sans oublier la déformation des seins qui tombent de manière précoce.

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