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"J'ai passé 8ans dans une secte"

Article écrit le 13 février 2014, dans Maxi Mag.

Brigitte a passé de nombreuses années chez les Témoins de Jéhovah. C’est grâce à la détermination de sa famille qu’elle a pu se sortir des griffes de la secte. Trois ans après, elle raconte.

Il y a près d’une douzaine d’années, mon mari et moi avons perdu notre fille de 4 ans dans un accident de la route. Comme vous pouvez l’imaginer, nous étions dévastés. Dans les semaines qui ont suivies, un Témoin de Jéhovah a frappé à notre porte et nous a parlé de la résurrection et de la vie éternelle en s’appuyant sur les écrits de la Bible. Il nous a laissé des livres, que nous avons lus… et qui nous ont plus. En fait, nous étions tellement fragiles à ce moment là et nous avions tant besoin de croire en quelque chose de fort, que nous nous sommes laissés prendre au piège. Au fil des jours et des semaines, nous avons ainsi trouvé chez les Témoins de Jéhovah  ce que nous pensions être une solution et un réconfort à notre chagrin…

Les années secte

Très rapidement, nous nous sommes investis à fond dans cette cause et nous avons nous aussi commencé à aller prêcher la « bonne parole » en faisant du porte à porte pour recruter de nouveaux adeptes. C’était devenu notre activité principale, dès que nous avions un peu de temps. Nous participions aussi à des réunions plusieurs fois par semaine pour lesquelles il fallait travailler, lire des ouvrages, répondre à des questions…

Un vrai endoctrinement psychologique ! Pour le moindre problème, on nous remettait aussi un trac censé répondre à nos inquiétudes et nos interrogations. Divorce, mort d’un proche : les Témoins de Jéhovah avaient réponse à tout !

Avec le recul, je me rends compte à quel point la vie était devenue triste. Nous n’avions plus le droit de fêter Noël, le jour de l’an ou les anniversaires. Aucune fête. Certaines musiques étaient même interdites et fumer ou boire de l’alcool l’était bien sûr aussi. Nous devions nous consacrer à 100% au mouvement et nous avions l’interdiction de fréquenter des gens différents de nous, qui ne soient pas des Témoins de Jéhovah. Nous n’avions plus de liberté. Bien sûr, nous ne nous en rendions absolument pas compte. Cette histoire a duré plus de 8 ans…

Ma famille à notre secours

C’est grâce à ma mère et ma sœur que nous nous en sommes sortis. Nous leur devons beaucoup. En fait, toutes les deux se sont très vite montrées réticentes à nos nouvelles croyances mais pendant longtemps, nous avons été totalement sourds à leurs mises en garde répétées. Les années passant je crois qu’elles supportaient de moins en moins de nous voir nous enfermer sur nous même de la sorte et de ne plus avoir de liberté. Ma mère s’est donc rendue chez un psychologue qu’elle a consulté pendant longtemps pour prendre conseil auprès de lui et nous aider à sortir de cet enfer.

Plusieurs fois, cela a été très violent et j’ai même passé des mois sans les voir, pensant qu’elles ne comprenaient rien à nos croyances et notre mode de vie. Mais petit à petit, le doute s’est installé dans mon esprit et dans celui de mon mari. Ma famille a continué à tout faire pour nous sortir de là. Nous avons aussi commencé à parler de notre petite fille décédée, ce que nous n’avions jamais fait avant, à part avec les Témoins de Jéhovah. Ca nous a beaucoup aidé. Faire un deuil, un vrai : loin de toute contrainte morale et religieuse.

Ma sœur nous envoyait aussi des coupures de presse sur la secte. Nous ne les lisions pas au début mais petit à petit… nous nous y sommes mis. J’ai même fini par faire des recherches moi même sur internet. Avec le recul, j’ai fini par comprendre et heureusement, mon mari aussi. Nous avons donc quitté la secte il y a près de 3 ans. Aujourd’hui, je revis. Je pense toujours à toutes ces années et si je pouvais revenir en arrière, je ne recommencerais pour rien au monde. Vivre accroché à une secte est un véritable enfer psychologique, et on ne s’en rend même pas compte... »