Chapitre 7

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Je contemplais devant moi le gigantesque édifice. Une construction d'un tel volume aurait fallu des siècles aux humains pour essayer d'en faire l'ébauche d'une réplique. Ici et là, des élèves circulaient en bavardant bruyamment ou en relisant à haute voix leurs notes de cours sur des cahiers volants. Nous prîmes le chemin vers les quelques marches qui conduisaient vers une porte colossale dont les battants en bois étaient grand ouverts et nous pénétrâmes à l'intérieur. Les murs avaient une intrigante couleur noire.

– C'est de l'onyx, déclara Athéna en voyant mon air abasourdi, et il est rare d'en voir une telle abondance dans une construction.

Sur un banc sous un vitrail coloré, deux étudiantes débattaient sur la formule adéquate utilisée pour concevoir un « ... ».

Je souris en me rendant compte de la réelle absurdité de la situation.

Ce n'est qu'en me concentrant que j'aperçus les regards insistants des étudiants sur chacune de nous. Je réalisai enfin que le mouvement s'était arrêté, et que devant nous ne se trouvait plus une foule d'élèves active, mais des statues figées dans le temps, aux mouvements suspendus et aux expressions incrédules.

– Qu'est-ce qui se passe ? Murmura Athéna.

Je ne connaissais pas la réponse à cette question.

– C'est incroyable... Murmura quelqu'un.

Ma tête tourna brusquement vers la source de la voix ; et je vis qu'un groupe de garçons nous fixaient étrangement, en chuchotant.

– Tu dois te tromper. Elle s'appelle Eliana, pas Kathleen, fit l'un d'entre eux.

Athéna perdit rapidement son sang-froid. Je retins ma respiration, m'attendant au pire :

– Y a-t-il un problème ? fit-elle avec un étonnant flegme.

– Non, balbutia celui qui avait pris la parole.

– C'est une drôle de façon pour accueillir les nouveaux élèves que vous avez là.

Ils toussotèrent, gênés. Athéna pouvait se montrer très intimidante lorsqu'elle le souhaitait.

– On a simplement pris ton amie pour quelqu'un d'assez connu, ici.

– Kathleen, éludai-je, n'est-ce pas ? on m'a souvent prise pour elle depuis mon arrivée ici.

A ces mots je les quittai après un sourire, et me mis à la recherche d'une autre alternative pour arriver à nos fins : dans ce cas précis; le bureau du principal, ou de celui qui assurerait une discipline ou une certaine organisation dans ce bâtiment en priant qu'ils aient cru à un énième mensonge.

Je me creusai les méninges, répétant sans cesse une phrase dans ma tête : « Si j'étais un principal, où aurais-je l'idée de concocter les meilleures façons de faire haïr à mes élèves leur misérable vie? »

Il ne s'écoula pas plus de quelques secondes que le trajet vers la destination désirée se dessina devant moi, aussi rapidement que la lumière, et je sus miraculeusement par quel côté passer.

– Suis-moi, dis-je brusquement à la jeune fille.

– Où est-ce que tu veux qu'on aille ? s'opposa-t-elle en fronçant les sourcils, une expression d'incompréhension dessinée sur son adorable visage.

– Je sais où se trouve le bureau du principal, suis-moi, insistai-je.

– Et par quel miracle ?

Je ne répondis pas et me contentai de secouer la tête. Athéna était l'une des personnes des plus terre-à-terre que je connaissais, forcément, elle n'allait pas me croire sans preuves ; preuves que, malheureusement, je n'avais pas en ma possession. Je me mis alors en marche et elle fut bien obligée de me suivre. Je montai quelques dizaines de marches, pénétrai le palier et tournai à droite vers le deuxième couloir. Je dépassai quelques portes et m'arrêtai devant l'une d'elles, dont le bois était plus sombre et plus travaillé que celui des autres.

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