Elena tira une énième fois sur mes cheveux, m'arrachant un ultime cri de douleur, elle termina ainsi la coiffure élaborée qu'elle avait décidé de m'infliger, ignorant au passage mon opposition.
– Arrêtez de crier, vous allez alerter tout le voisinage !
Je tendis la main en gémissant pour tenter de sauver quelques mèches de l'emprise cruelle de ses épingles à cheveux, mais celle-ci m'arrêta immédiatement, et termina son travail avec une couche de laque qui aurait suffi pour arrêter un oiseau en plein vol.
Je prêtai attention au miroir pour découvrir le choix de ma femme de chambre, et je fus agréablement surprise. Mes cheveux avaient été ramenés en arrière pour former un chignon relâché d'où s'échappaient plusieurs longues boucles châtain clair qui retombaient gracieusement sur mes épaules, et deux longues mèches de cheveux encadraient mon visage poudré. Mes yeux avaient été mis en valeur par un simple trait noir, car j'avais refusé tous les fards à paupières aux couleurs osées qu'avait eu l'audace de choisir Elena.
Finalement, celle-ci sortit de la chambre et s'absenta pendant quelques minutes, pour revenir avec un paquet très volumineux entre les mains. Elle le posa sur le lit avec précaution et l'ouvrit délicatement. Se révéla alors à moi une robe encore plus somptueuse que toutes celles que j'avais eu l'occasion de porter jusqu'à lors.
Le bustier en velours émeraude était de la couleur exacte de mes yeux. Le jupon, fait d'un tissu souple, vaporeux et doux au toucher, donnait l'impression de s'immerger dans une mer de soie, et les lumières de la chambre jouaient agréablement sur les pierres d'un vert éclatant qui ornaient la ceinture en velours de la robe.
– Oh, Elena, elle est somptueuse ! Fis-je, émue.
– Vous trouvez ? Demanda-t-elle.
– Croyez-moi, je n'ai jamais vu une telle perfection ni une telle magnificence de ma vie.
Elle sourit, puis ajouta :
– Vous savez, j'ai choisi cette couleur exprès.
Je ne compris pas tout de suite l'allusion, jusqu'à ce qu'elle précise :
– Vos yeux, ils sont d'une nuance magnifique. J'ai voulu faire ressortir leur couleur unique.
– Merci, fis-je, légèrement embarrassée.
Effectivement, la couleur de la robe faisait énormément ressortir celle de mes yeux, et la rendait plus intense, plus profonde.
Elena plaça le masque sur mes yeux et le résultat me coupa le souffle : celle qui me regardait de l'autre côté du miroir n'était pas moi, c'était le reflet d'une fille plus confiante, mystérieuse et surtout, incroyablement envoutante.
Le corset de la robe mettait en valeur mes courbes taillées et mes jambes étaient cachées sous le tissu vaporeux du jupon. J'avais l'impression d'être une toute nouvelle personne. De mon vécu sur terre, je n'avais jamais porté quelque chose d'aussi somptueux, ni d'aussi inconfortable.
– A qui appartenaient ces robes ? demandai-je.
– Certaines étaient à vous, avant que vous ne partiez, expliqua-t-elle, et d'autres appartenaient à votre mère.
Je ressentis une profonde amertume, due au fait que je n'arrivais guère à me rappeler les détails de ma vie au manoir, ou même autre part dans cet autre monde, qui, à une époque, a été mon pays.
Elena ajusta les derniers détails de la tenue, me donna mon masque, puis je fus fin prête. Elle me tendit ensuite une paire d'escarpins noirs toute simple, que j'enfilai avec hâte, puis, elle mit sur mes épaules une longue cape noire qui ne laissait entrevoir aucun traitre millimètre de la robe. Elle noua le ruban près de mon cou, et j'en rabattis le capuchon. J'étais méconnaissable.
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MILLENIUM
FantasyC'était supposé être un été comme les autres. Un été où, à l'aube de ma rentrée à l'université, je me serais libérée de mes chaînes, et je me serais enfin permis de commettre le plus grand des impairs. Un été où j'aurais oublié mes souvenirs brûmeux...