Chapitre 26

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Évidemment, rien n'avait jamais été simple.

Je me retournai pour apercevoir Dimitri qui me regardait, un sourire carnassier étirant ses lèvres, et je déglutis, comme la proie que j'étais.

Pas d'issue.

Il s'avança vers moi. Lentement, comme s'il savourait le fait de me voir ainsi, prise au piège.

– Sais-tu ce qu'il m'a promis ?

Samaël baignait toujours ses alliés dans l'illusion de voir un jour leurs attentes se réaliser.
Mais leurs rêves ne dépassaient jamais le stade d'illusion.

Le Seigneur des Ténèbres était un illusionniste de talent.

– Il m'a promis l'éternité et le pouvoir, dit Dimitri.

Tiens donc, je me demande pourquoi je ne trouve point cela surprenant...

En réalité, c'était pathétique. Tous ces hommes qui concouraient, se battaient et se démenaient dans une course ridicule dont le dessein déterminerait celui qui aurait à gérer le plus de bétail.

J'attendis qu'il fût assez près pour pouvoir l'hypnotiser en fixant ses yeux. Il ne fit preuve d'aucune opposition, et sans le moindre effort, je pénétrai son esprit.

C'était curieux, comme les plus faibles constituaient toujours ceux qui aspiraient le plus au pouvoir.

– Retourne t'asseoir, Dimitri, lui ordonnai-je, oublie ce que tu as vu, oublie notre conversation, et oublie qui je suis.

Il cligna des yeux, recula, puis revint vers sa place dans un automatisme calculé.

Tout cela était presque trop facile. Nous revînmes à la table, nous nous assîmes alors qu'on servait le dîner. Je fis signe à Aidan et à Asher.

Tout est réglé.

– Navrée mon cher Dimitri, mais mes amis et moi allons devoir partir.

– Déjà?

– Nous avons à faire. Je suis sûr que nous aurons d'autres occasions de nous retrouver.

– Je l'espère, confessa-t-il à l'intention d'Aidan.

Nous nous levâmes dans une synchronisation quasi-parfaite, je fis une révérence, puis nous nous éclipsâmes de l'endroit.

Nos pas pressés nous guidèrent vers la porte d'entrée. Nous sortîmes du château, trois spectres fendant la pénombre. Et alors que nous nous dirigions vers notre voiture, je l'aperçus.

Tapie dans l'ombre, en pantalon noir et bustier de la même couleur, une cape pourpre flottant autour d'elle, se tenait Athéna.

Athéna, que j'avais vue pour la dernière fois bataillant dans l'eau houleuse du lac.

Et le souvenir de mon lamentable échec à la retenir remonta à la surface.

Le choc que me provoqua le fait de la revoir me fit m'arrêter en plein chemin. Je tournai la tête, les sens anesthésiés et l'esprit en ébulition, et la fixai.

Elle était impassible. Me regardait avec une froideur tétanisante. Il ne restait plus rien de celle que j'avais connue.

Je me demandais ce qu'avait bien pu lui raconter Samaël, cet être innommable, qui avait mérité une ode dans les textes des anciens, ceux qui avaient prédit la prophétie.

"Une grâce scélérate, une langueur perfide. Il charmait à la façon du serpent qui fascine l'oiseau. C'était un maitre chanteur"

Un Maitre Chanteur au cœur corrompu par la noirceur. Qu'avait-il bien pu lui montrer pour qu'elle se rallie à sa cause?

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