Chapitre 33

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Je sortis de la maisonnée et me tins au bord de la route. Je ressentis fortunément cette dernière vibrer sous mes pieds.

Grâce à mes capacités je pus entendre, même de loin, les vibrations d'un moteur, vu leur intensité, j'étais quasiment sûre qu'il allait emprunter la rue où on se trouvait.

Je m'avançai précipitamment et me tins au beau milieu de la route, attendant le véhicule qui n'allait pas tarder à arriver.

– Kate, serais-tu devenue folle ?! s'écria Aidan.

– Cela se pourrait, murmurai-je en le regardant de biais.

L'adolescent fulminait.

– Que vas-tu encore aller chercher ?! Ta blessure ne t'a donc pas suffi ? Tu veux encore t'attirer des problèmes ? Nous attirer des problèmes ?!

Je pris une grande inspiration, avant de répondre d'une voix détachée :

– Si tu fuis autant les problèmes, Aidan, alors pourquoi rester avec moi ? Tu sais aussi bien que moi que tous ceux qui m'approchent de près ou de loin s'y voient exposés. Si cela te contrarie, tu aurais pu rester loin de moi depuis le début. Et j'aurais dû faire de même, cela nous aurait évité à tous deux des souffrances inutiles.

– Alors c'est donc moi le fautif dans l'histoire, répondit Aidan d'une voix amère.

– Je crois que la seule personne à blâmer, ici, c'est moi. Je te présente mes excuses, si tu n'avais pas fait ma rencontre, tu serais surement entrain de couler des jours heureux à l'heure qu'il est, aux côtés d'une autre. Peut-être même serais-tu resté avec Lydia, elle aurait eu tellement plus à te donner, alors que moi je ne peux même pas te garantir la vie et la sureté.

Il se tut. Il ne pouvait pas me contredire, il savait qu'il ne gagnerait pas. Personne ne pouvait changer l'opinion que j'avais de moi-même à part moi. Et je ma haine envers moi-même était tellement grande que j'étais sûre qu'un jour, elle dépasserait ma raison.

Une moto finit par arriver en face de moi. Elle roulait à vive allure, et fonçait droit sur moi. Son conducteur me vit au tout dernier moment. Il freina si brusquement que les pneus crissèrent horriblement fort sur le bitume.

Quelques ridicules millimètres me séparaient de l'engin. Il en aurait fallu de peu, mais étonnamment, j'avais gardé mon calme.

Le pilote descendit, furieux, puis enleva son casque, tandis que je regardais ce qui était alors devenu l'objet de ma convoitise.

– Mais vous n'allez pas bien ?! hurla l'homme, qu'est ce qui vous a pris ?!

Ignorant royalement ses déblatérations, je me dirigeai vers ce que je considérais alors comme étant devenu mon moyen de transport.

Avec agilité, je pris place sur la motocyclette, puis ordonnai d'une voix sévère :

– Asher, monte.

Le conducteur semblait incrédule.

– Vous allez tout de suite descendre de ma moto, ou vous allez le regretter ! Vous ne savez pas à qui vous avez affaire !

Mes lèvres s'étirèrent en un sourire mesquin :

– Oh, vraiment ?

L'homme vit rouge. Il leva le bras, mais le mien l'intercepta avec une rapidité inégalable. Je le maintins au dessus de ma tête avec une facilité déconcertante. Le conducteur semblait profondément choqué par ma force.

– Asher, fis-je, je n'aime pas me répéter. Monte immédiatement.

Il ne se le fit pas redire une troisième fois, et pris place derrière moi. Je poussai loin de moi l'homme que j'avais maintenu immobile dans une lutte ridiculement facile. Il tomba en arrière.

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