Je rebroussai chemin en prenant la direction du salon, quand je percutai quelque chose.
Je relevai la tête: j'avais foncé droit sur Asher, et il était fort probable qu'il m'ait surprise en flagrant délit d'espionnage.Reprenant du poil de la bête, et voulant à tout prix éviter de me laisser impressionner, je pris les devants en attaquant la première :
– Tu sais que ce n'est pas bien de faire peur aux gens de cette manière ?
Il sourit avant de répondre :
– Et toi es-tu consciente que ce n'est pas bien d'espionner les conversations lorsqu'elles sont sensées être privées ?
Je roulai des yeux.
– Je n'ai aucun remord si tu tiens à le savoir. D'ailleurs je suis même fière de l'avoir fait, sans quoi j'aurais peut-être fini par faire confiance à la fille qui avait tenté de m'empoisonner. Et puis, quel culot vous avez eu d'avoir recours à l'ancienne amante d'Aidan ! J'aurais mille fois préféré dormir à la belle étoile que lui demander son aide.
– Ce qu'elle a fait était une regrettable erreur, cela ne se reproduira plus, promit-il.
– Je l'espère, car j'ai placé ma confiance en toi, et en Aidan. Ne me le faites pas regretter.
Ce fut après ces paroles acides que je quittai le couloir en trombe.
Si ce qui me restait de mes proches en venait à me trahir, je n'aurais plus qu'à rendre les armes face au mal.J'arrivai au salon, et me tins au centre, bouillonnante. J'étais manifestement de mauvaise humeur, et j'avais le sentiment qu'à la moindre provocation de Lydia, je n'hésiterais pas à lui cracher toute ma haine à la figure.
Les trois autres occupants de la petite maison ne tardèrent pas à me rejoindre. La réaction de Lydia face à l'air que me conférait le manque de sommeil fut tout à fait prévisible.
– Ma pauvre, tu as une mine affreuse, fit-elle avec un sourire mauvais, c'est triste que ton sommeil ne soit pas aussi paisible que le mien. Qui sait quelles sombres raisons se cachent derrière ton manque de quiétude... Par pur hasard, n'aurais-tu pas quelque lourd passé à trainer ? Oh, toutes mes excuses, tu ne t'en rappelles surement pas.. C'est tout de même regrettable que...
– Tais-toi, la coupai-je, à bout de patience, tu veux bien? Je ne suis pas d'humeur à écouter tes remarques placides et blessantes. Essaie au moins de ne pas compliquer les choses plus qu'elles ne le sont déjà en nous épargnant tes prises de paroles inutiles.
J'avais dit cela en tentant de rester calme, mais ma voix au timbre tremblant et instable trahissait mon irritabilité.
Elle me regarda, abordant une mine choquée, alors qu'un silence lourd suivait mes paroles. Je la vis échanger un regard avec Aidan, un de ces regards qui me tordit le cœur.
– Qu'est-ce qui te prend, Kathleen ? fit Aidan, je ne te pensais pas ainsi. J'avoue m'être attendu à ce que tu me fasses sincèrement part de ce qui te tracassait la dernière fois. Cela ne sert à rien de déverser ta colère sur quelqu'un d'autre !
Incrédule, je le regardai en silence dans un premier temps. Puis, reprenant contenance, et animant ma colère contre lui qui avait tout à coup ressurgit, je lui lançai :
– Parlons-en, de la sincérité, tiens. Qu'en est-il de la tienne ? Tu ne peux pas me reprocher de ne pas te faire part de choses aussi futiles que mes opinions, qui, avouons-le, ne comptent pas à vos yeux, alors que toi tu me caches bien des choses beaucoup plus importantes. C'est drôle que tu te permettes de me reprocher la même faute que tu as commise sans remords.

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MILLENIUM
FantasíaC'était supposé être un été comme les autres. Un été où, à l'aube de ma rentrée à l'université, je me serais libérée de mes chaînes, et je me serais enfin permis de commettre le plus grand des impairs. Un été où j'aurais oublié mes souvenirs brûmeux...