Deux semaines passèrent dans le même entrain, à jongler tantôt avec l'entrainement physique, tantôt avec celui magique. Profitant du calme avant la tempête qui approchait à grands pas. Ce jour-là, je m'étais levée quelques heures avant l'aube, comme l'était devenue mon habitude depuis mon arrivée à la Société. Je m'habillai chaudement et sortis. L'air soufflait à plein poumons et la lune brillait encore haut dans le ciel. Je retrouvai comme toujours Aidan entrain de m'attendre, appuyé contre un tronc d'arbre. Il y avait quelques jours à peine, nous avions établi l'habitude de nous retrouver ici à la même heure, et comme à l'accoutumée, c'était lui qui m'attendait. On avait dit que faire cela nous permettrait peut-être de « rattraper le temps perdu », pourtant nous savions tous les deux effrontément que ce n'était qu'un énorme mensonge, une douce illusion qui nous berçait de contes de fées à chaque fois que nous nous retrouvions.
Il sourit en m'apercevant et se mit en marche, je le suivis de près, bien que je n'avais nul besoin de le faire. Je savais parfaitement ou nous allions ; j'avais emprunté ce chemin tant de fois en sa présence que je pouvais m'y rendre les yeux fermés. Mais voir sa silhouette élancée devant moi me rassurai en quelques sortes, et je m'abstenais de faire quelconque commentaire. Nous marchâmes en silence encore quelques mètres, avant d'arriver à la lisière d'une forêt. Là, nous nous arrêtâmes et il se mit devant moi. Dans la douce lumière du soleil, ses cheveux brillaient de magnifiques reflets dorés.
Depuis deux semaines, Aidan répétait toujours les mêmes mots, et j'avais toujours la même réaction, à son plus grand désespoir.
– Bien, frappe-moi.
Je reculai à ces mots, les mains devant moi et une expression incrédule sur le visage.
Pourtant, Aidan était très sérieux lui. Je me mis alors en position de combat et nous commençâmes. Je n'avais aucun problème à éviter les coups qu'il donnait, mais quand il s'agissait de frapper, j'étais bonne dernière. Soudain, il me fit tomber et j'atterris sur le dos.
Ma tête heurta brutalement le sol et je poussai un juron étouffé en me relevant. Lui me regardait en secouant la tête avec lassitude. On recommença encore et encore, et à chaque fois je mettais un peu plus de temps avant de me retrouver par terre.
On s'arrêta un moment et je bus goulument l'eau que j'avais apportée avec moi plus tôt. Je posai la bouteille à l'ombre d'un arbre. J'étais tout en sueur et l'eau glacée m'avait considérablement rafraichie.
Mon débardeur et le reste de mes habits me collaient à la peau, et je regrettais le luxe d'un bon bain chaud.
Nous reprîmes l'entrainement et continuâmes trois heures durant, pendant lesquelles je m'étais retrouvée à terre à plusieurs reprises ; cependant, j'avais tout de même réussi à le mettre à terre lui aussi, même si le nombre de fois où j'avais pu accomplir un tel exploit était beaucoup plus restreint que celui des fois ou je m'étais retrouvée au sol.
Aidan m'aida une énième fois à me relever, puis nous nous mimes en chemin pour rentrer au camp. Malgré la fatigue qui me terrassait, je me sentais heureuse et je souhaitais que cette journée ne finisse jamais.
L'atmosphère au réfectoire lors de mon arrivée était bruyante mais accueillante. Beaucoup de personnes étaient déjà attablées, et l'endroit ressemblait à une cantine géante. Nous nous mimes à table, et cette fois-ci le diner contrastait réellement avec celui auquel je m'étais habituée au manoir. Pas de manières, ni de conversations basses, on relâchait enfin la pression et les rires entre deux bouchées étaient les bienvenus.
La pièce était éclairée par la chaleureuse lumière de centaines de bougies accrochées à des lustres en fer au plafond, sur les longues tables en bois terni étaient posés plusieurs plats, et une odeur délicieuse flottait en l'air.
Je me sentais prête ; et quoi qu'il advienne, j'étais au moins sure de ma force et de celle des gens qui m'accompagnaient dans ce périple.
Entre deux gorgées d'eau, les portes du réfectoire s'ouvrirent avec un grand fracas. Au seuil de celles-ci se tenait une des sentinelles qui avait pour mission de patrouiller aux limites du campement.
L'expression inquiète et contrariée de celle-ci ne présageait rien de bon.
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MILLENIUM
FantasyC'était supposé être un été comme les autres. Un été où, à l'aube de ma rentrée à l'université, je me serais libérée de mes chaînes, et je me serais enfin permis de commettre le plus grand des impairs. Un été où j'aurais oublié mes souvenirs brûmeux...