Dans la semi obscurité de ma chambre, je contemplai le reflet d'une fille au regard perdu, qui n'avait aucune idée dans quelle aventure elle se lançait à nouveau, et qui surtout, ne savait rien des coutumes des mondanités à Libra Sincera.
Le temps avait filé à la vitesse de l'éclair, et le lendemain se tenait le fameux bal auquel j'étais conviée.
Sur mon lit, une dizaine de robes que j'avais choisies pour y assister potentiellement, sauf que j'avais fini par trouver un défaut imaginaire à chacune d'elles, une tache, une déchirure ou alors la mauvaise longueur, trop longue, trop courte, pas assez habillée, trop habillée... Je me trouvais dans l'incapacité de faire un choix intelligent.
Un coup fut frappé à la porte et Elena Willows entra. Depuis que j'étais ici, Elena était ma femme de chambre, et, de temps en temps, on parlait quelques minutes des commérages qui s'ébruitaient entre les domestiques, et on en riait beaucoup. Elle était d'agréable compagnie, et comme moi, trouvait l'attitude de Grace quelque peu inhabituelle.
– Bonsoir mademoiselle, fit-elle.
– Bonsoir Elena.
Malgré le fait que nous passions une heure par jour à dénigrer les petites manies du personnel, elle ne s'était toujours pas résignée à m'appeler par mon prénom.
– Fermez la porte je vous prie, lui intimai-je.
Elle s'exécuta et vint déposer un plateau sur lequel se trouvait une tasse fumante sur la petite table du côté de la fenêtre.
– Elena, je voudrais ton avis, si ce n'est trop te demander, sur quelque chose.
– Ce serait un honneur pour moi de vous aider mademoiselle.
Je lui expliquai la situation en sautant les détails, car comme me l'avait dit Aidan plus tôt, les domestiques ne savaient que le strict minimum sur notre soirée, et il fallait que cela reste ainsi pour éviter que cela ne soit dévoilé.
– Mais voyons, c'est tout à fait naturel pour moi de vous venir en aide dans ces cas-là ! Vous allez voir, vous serez magnifique pour demain soir, même Cendrillon vous jalouserait !
L'allusion à ce conte enfantin m'arracha un sourire, alors que je m'abstenais de préciser que cela serait bien plus qu'une simple soirée de divertissement.
Quand elle fut partie, je me mis dans la tête d'inspecter la chambre sous les moindres recoins pour trouver une potentielle cachette à mon journal, en but d'éviter qu'il ne tombe entre de mauvaises mains. C'est alors en fouillant entre les planches de l'armoire que je remarquai une imperfection au niveau du sol.
J'essayai de soulever la planche à l'aide de mes ongles, en vain, je me résolus à utiliser le couteau à beurre posé sur le plateau. La planche bougea de son emplacement avant de littéralement sauter et aller se frapper contre le mur du fond, pour enfin révéler une boite en argent ternit enterrée depuis des années.
Je la sortis et recouvrai le trou avec la planche pour ne laisser aucune trace d'une quelconque activité, car j'estimais qu'un minimum de discrétion ne serait pas de trop en de pareils temps. Je posai la boite sur mes genoux et défis le loquet en deux temps trois mouvements.
La boite contenait un fouillis de papiers de soie noire qui cachaient son contenu. J'enlevai un à un les feuilles de soie, c'est alors que se révéla à moi une pierre d'un vert émeraude à peine plus profond que celui de mes yeux.
La pierre, pendant au bout d'une chaine en argent, formait un magnifique pendentif, que j'attachai autour de mon cou. Immédiatement, une chaleur irradiante se répandit sur toute ma poitrine, formant ce semblait être un halo de puissance qui décuplait des dizaines de fois la mienne. Une lueur étrange brillait dans mes yeux.

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MILLENIUM
FantasiC'était supposé être un été comme les autres. Un été où, à l'aube de ma rentrée à l'université, je me serais libérée de mes chaînes, et je me serais enfin permis de commettre le plus grand des impairs. Un été où j'aurais oublié mes souvenirs brûmeux...