Chapitre 29

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Nous tournâmes à l'angle d'une ruelle, alors qu'un mauvais pressentiment prit possession de mon être.

Je nous sentais suivis et j'avais l'intime conviction que quelque chose n'allait pas tarder à se passer.

Nous marchâmes encore, moi étant la seule à rester sur le-qui-vive, les poils hérissés, les yeux tournant à droite et à gauche. Un calme agonisant avait soudain pris place. J'étais l'unique personne à m'en sentir oppressée.

Puis soudain, tout se passa très vite.
Je le savais, et malgré le fait que j'aie pu sentir et entendre la flèche fendre l'air derrière moi, malgré le fait que j'aie réussi à percevoir la corde de l'arc se tendre, je ne pus l'éviter.

La flèche parcourut la distance qui la séparait de moi à une vitesse fulgurante. Je me retournai. J'eus le temps de l'observer tournoyer sur elle même, d'un geste d'une lenteur viscérale, presque agonisante, avant que je ne sente sa pointe transpercer la chair tendre de mon abdomen.

Je poussai un cri de surprise, avant même que la douleur ne se fasse sentir.
Je tombai à genoux, et enfin celle-ci jaillit, irradiant avec puissance de ma blessure où était fiché le corps frêle de la flèche.

Cette fois-ci, mon cri fut celui d'une pure agonie.
Aidan et Asher se précipitèrent vers moi, tandis que j'apercevais une rafalle d'autres flèches toutes aussi pointues les une que les autres se diriger vers nous.

Un bouclier d'Ether les empêcha de nous atteindre. Les garçons m'aidèrent à me relever, ce que je réussis à faire avec grand peine. La flèche pendouillait mollement de mon abdomen, me causant une abominable algie à chacun de mes mouvements.

– Lève-toi, allez ! M'encouragea Aidan.

Nous fîmes quelques pas pour nous cacher à l'ombre d'une batisse. Des larmes perlaient aux coins de mes yeux. Je m'adossai au mur, respirant avec une difficulté considérable. Mon souffle était erratique, saccadé, entrecoupé de divers étouffements.

La douleur, paralysante, s'était propagée dans tout mon corps, coupant court au flot de mes pensées, qui furent bien vite remplacées par un interminable kaléidoscope de douleur.

– Courage, murmura Aidan, je vais devoir enlever celle flèche tout de suite.

Je fis un non de la tête, en prise à une confusion qui essayait de se faire une place parmi un mélange de peur, de douleur et d'appréhension qui se battaient d'ores et déjà afin de savoir lequel réussira à s'accaparer mon esprit.

– Je suis désolé mon cœur, fit-il du bout des lèvres.

Aussitôt, il plaqua une main contre ma bouche. Son autre main vint de saisir de l'extrémité apparente de la flèche, il prit une grande inspiration, puis, d'un geste sec, tira.

Je hurlai plus fort que jamais. Sa paume contre mes lèvres étouffa mon cri. La douleur fut tellement insupportable que je ne pus empêcher mes larmes de couler. Je ne retins plus mes sanglots, je n'en avais plus la force.

Aidan passa une main derrière mon dos, il me souleva de terre, me reposa sur pieds.

– Allez, dit-il, il ne faut pas trainer, te sens-tu capable de marcher ?

J'eus un faible oui de la tête, alors que je sentais que l'algie n'allait pas tarder à me faire perdre la tête.

Il me soutint, me recommandant fermement d'appuyer ma main sur la plaie profonde qui avait tailladé la peau laiteuse de mon abdomen.

– Dépêchons, nous pressa Asher.

– Elle ne va pas tenir, s'exaspéra Aidan.

Toutefois, je perçus un soupçon d'inquiétude dans sa voix.

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