MILLENIUM

Athéna

La peur.
Viscérale, impitoyable et destructrice. Le seul sentiment qui m'avait habitée pendant mon séjour parmi les Ombres.

Ce séjour si particulier, qui a ouvert mes yeux sur tant de choses. Tant de vérités qui étaient restées cachées, mais que le Seigneur m'avait apprises de la plus belle des manière.

Tout le monde se méprenait à ses propos. Il n'était pas mauvais. Il n'était ni blanc, ni noir. Il était juste fait d'une teinte excessivement sombre de gris, plongé dans un amour aveugle qu'alimentait sa haine depuis des décennies.

Et cela était malsain.

Et il était beau. Oh, qu'il était beau...

Des yeux d'un gris étincelant, dépourvus de pupilles. À la lumière blafarde de la lune, elles semblaient faites d'argent pur mouvant avec expressivité.

Il était mélancolique, oh qu'il semblait triste...

Vivant dans un abattement qu'accentuait sa solitude éternelle. Maudite soit cette prophétie qui l'y a condamné.

Et malgré sa beauté légendaire, il repoussait tout le monde.
Autour de lui flottait une aura d'une noirceur que peu de gens peuvent se vanter avoir connue, et encore, avoir réussi à s'en débarrasser.

Son esprit était corrompu par cette noirceur, sa raison étouffée par une passion illicite qui le dévorait de l'intérieur. Il avait plongé dans un kaleidoscope de la douleur qui le conduisait lentement vers l'agonie.

Et assistant à un tel spectacle, on ne pouvait qu'espérer pouvoir l'atteindre afin de ne soit-ce que le comprendre.

Il n'était pas le Soleil, non loin de là.
Il était la face cachée de la lune. Celle habitée par la froideur, dont la plupart des habitants ici-bas oubliaent même l'existence, car elle était éternellement baignée d'Ombre.

Avait-elle choisi d'être ainsi? D'être celle que tout le monde oublie, celle qui est présente sans illuminer notre nuit?

Surement pas. Mais le destin en avait décidé ainsi.

Le Destin avait-il seulement prévu que l'Ombre désirerait la Lumière plus fort que de raison?

Il était corrompu jusqu'à la moindre de ses cellules, enfouis dans un gouffre sans fin. Tel une rose, il s'était fané de la plus belle des manières qui soit, exposé aux yeux de tous, mais délaissé dans les méandres des esprits.

Et son seul pilier, son seul lien avec la réalité, la seule personne qui l'aidait à ne pas entièrement sombrer, à ne pas céder au doux murmure des voix illusionnistes, avait décidé de fuir une évidence, portant en elle le fruit d'une passion défendue.

Et ce jour-là, le jour où il avait appris le déclenchement d'un enchainement de faits plus destructeurs les uns que les autres, il avait tenté d'empêcher ce qui avait été prédit par les Dieux il y a de cela des millénaires.

Elle ne devait pas exister. Elle ne connaitrait pas le Chaos qu'elle sèmerait en tentant de l'empêcher de s'unir avec sa bien-aimée. Tout l'équilibre de l'univers serait bouleversé.

Elle était puissante et instable. A travers elle, les dieux voulaient seulement s'amuser.

C'est ce que Kathleen ignorait.