Je courais. Et j'ignorais pourquoi.
Tout ce que je savais, c'était que j'avais peur. Ils me poursuivaient.Alors je courais, je tombais, je saignais, mais je me relevais et je courais. Encore et encore...
– Katy...
Cette voix était fantomatique, avec un timbre cristallin, et je savais parfaitement à qui elle appartenait.
– Délia Iger... Trouve-la.
Délia Iger...
Je me réveillai en sursaut une énième fois, l'esprit brûmeux, et une peur violente me nouant les entrailles. Faire toujours le même rêve n'était pas normal, et s'en rappeler chaque détail l'était encore moins. Surtout si cela faisait une semaine que cela durait.
Et à chaque fois, c'était la même voix, les mêmes mots.
Délia Iger.
J'ignorais qui elle était, où elle était, et ce qu'elle était censée représenter à mes yeux. Mais elle avait sans doutes sa propre importance, puisque ma mère ne m'en aurait jamais parlé durant mon sommeil si ça ne l'était pas.
Le processus de communication entre nous était à sens unique. Je n'arrivais jamais à lui faire parvenir le moindre mot, au royaume des morts.
Ainsi éveillée, je passai des heures allongée sur mon dos, à attendre le crépuscule, luttant péniblement contre l'ennui.
Depuis ma dispute avec Athéna, mon esprit n'avait su trouver la sérenité. Le sommeil me fuyait incessamment et les cauchemars se succédaient pendant mes brefs moments de répit.
La vie au camp ne me seyait pas aussi bien qu'elle en avait l'air. Je m'était surpris cette indomptable volonté, et ces voeux intarissables de rentrer au manoir. Là où tout a commencé.
Pour revenir aux origines de tout cela. Aux sources.
Pour commencer une nouvelle page.Ce qui s'avérait, en outre, être indubitablement logique, était de commencer les recherches par trouver cette fameuse Délia.
Mais avant, je devais prendre la direction du manoir, et je comptais rentrer le plus tôt possible. Cependant, il n'était pas facile de faire le trajet du retour sans attirer l'attention de tous les campeurs. Alors, j'allais disparaitre. Je devais le faire pour la sécurité de chacun, et aussi pour éviter de m'attirer des ennuis. Je trouvais cela égoiste, mais nécessaire.
Ce fut donc toute parée que je pris à pas de loup la direction de la chambre d'Aidan. J'entrouvris la porte, et à la lumière de ma baguette, éclairai mon chemin vers le lit de ce dernier.
Le dortoir masculin contenait une centaine de chambres. À notre arrivée, chacune avait déjà reçu ses trois occupants. Puis, quand l'aide a commencé à affluer des régions alentours pour nous préparer à combattre Haley, dormir dans un lit devint vite un privilège réservé aux plus costauds. On se tassait à deux sur un seul matelas, on dromait par terre ou alors carrément à la belle étoile.
Je secouai doucement le blond par l'épaule, tout en lui chuchotant prestement de se réveiller. Il grogna de mécontentement, tel un petit enfant qu'on arrachait à ses rêves. Cette pensée me fit sourire tandis qu'ils ouvrait lentement les yeux. Il soupira en m'apercevant, puis souffla en me tournant le dos.
– Aidan, on doit partir.
– Je sais, marmonna-t-il, à moitié endormi.
Il se redressa péniblement, puis tira sur son T-shirt complètement froissé. Je ne pus m'abstenir de passer une main dans ses cheveux encore ébouriffés par le sommeil, il me décocha un sourire en retour.

VOUS LISEZ
MILLENIUM
FantasyC'était supposé être un été comme les autres. Un été où, à l'aube de ma rentrée à l'université, je me serais libérée de mes chaînes, et je me serais enfin permis de commettre le plus grand des impairs. Un été où j'aurais oublié mes souvenirs brûmeux...