Chapitre 16

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C'est silencieusement que sous la tente que Michael fixait le visage de la petite Sackina endormie dans ses bras.

« Donc elle a décidé de sauter de tes bras pour venir chez moi, Nafi je crois qu'elle t'a oublié, elle va prendre ta place, s'exprima Michael sur un ton taquin. Pour toute réponse Nafissatou sourit et roula des yeux en même temps.

- Cette petite ne reste jamais sur place, il faut tout le temps qu'elle bouge.

- J'ai vu ça, lui répondit Michael en souriant. Pour cette histoire d'excision, j'en avais déjà entendu parler, mais je me suis en fait jamais vraiment penché la dessus, enfin, je ne sais pas grand-chose.

- Dis-toi que c'est une horrible pratique qui n'aurait jamais dû exister, ça fait souffrir beaucoup de jeunes filles.

- Mais pourquoi ils l'a font, je ne vois pas l'utilité ?

- Pour une question de "pureté", si une fille n'est pas excisée, elle n'est pas pure, c'est à présent maintenant que beaucoup prenne conscience du mal que ça cause. Je me souviens que faire pipi était réellement difficile, je ne passais aux toilettes en ressentant sans cesse une douleur horrible. Mon premier rapport a été le pire de ce que j'ai pu vivre, chacun de mes rapports étaient tous douloureux des uns et des autres, j'ai à vrai dire toujours détesté cela, que j'en ai ressenti du dégoût ».

Les explications très explicites de Nafissatou laissa Michael un instant silencieux, gêné ainsi peiné du sort qu'elle ait dû subir.

« Pourquoi tu as dû supporter tout ça et tu n'as jamais pris la décision de fuir, enfin de partir de ce mariage ?

- Je crois que je suis restée uniquement le jour où j'ai vu le visage de mon fils », lui répondit Nafissatou d'un air triste.

Année 2006.

Lorsque j'ai appris que j'étais enceinte, cette nouvelle fut tout comme un nouveau coup de massue pour moi. J'ai été horrifiée, je détestais cet enfant que je portais en moi. Je voulais tout faire pour qu'il disparaisse. Je ne pouvais pas supporter de porter l'enfant d'un homme que je détestais au plus profond de mon âme. Je ne me nourrissais plus, je passais mon temps à me lamenter et pleurer. Fodé et sa mère étaient quant à eux très heureux de cette nouvelle, mais moi dégoûtée. Il m'avait offert des tonnes de cadeaux que je n'ai jamais utilisé. Je ne supportais pas de voir le bonheur sur leurs visages tandis que je souffrais, non devrais-je dire je brûlais de l'intérieur à petit feu. Ma mère a tenté plusieurs fois de me raisonner, mais cela était en vain.

« Nafi, tu ne peux pas agir ainsi et négliger de la sorte ta santé, tu es enceinte, tu vas devenir mère, pense à ton enfant ?

- Quelqu'un a pensé à moi le jour où on m'a forcé à entrer dans les griffes de ce monstre ? Lui ai-je demandé en pleure.

- Mais n'oublie pas que cet enfant fait partie de toi Nafi, il est aussi de ton sang.

- Si tu veux l'avoir je te le donnerais, mais moi je n'en veux pas maman, je ne veux pas de cet enfant, je veux pas l'avoir avec moi », lui ai-je dit en pleure.

Ce jour-là, je me retrouvais chez mes parents, je les avais imploré de me reprendre, mais ils m'ont obligé de retourner chez mon mari. J'y retournais sans cesse abattue et déprimée. Je me comportais tout comme un décor au sein du foyer.

Je me souviens d'un soir où Fodé est venu à moi. Il m'avait fixé de longues secondes avant de parler.

« Nafissatou, pourquoi tu ne manges pas ?

MascaradeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant